Quel est le budget alloué à l’éducation ?
L’année dernière, nous avons reçu 67 millions 200 F CFA pour la rubrique éducation. On est en train d’arrêter un budget pour cette année, ce n’est pas encore fait. Les commissions sont en train de se préparer pour donner le montant de cette année-ci.
Les directeurs d’école affirment que les problèmes de matériels didactiques ont démarré avec l’avènement de l’acte 3 de la décentralisation. Qu’en est-il des fonds de dotation ?
Absolument ! Il faut revenir à l’Acte 3 qui est une bonne révolution, mais dans son exécution, il y a des problèmes. Les établissements, par exemple. Dans la commune, j’ai 13 écoles élémentaires pour 6000 et quelques élèves. Les 13 établissements en question étaient pris en charge par la ville de Dakar. Avant l’Acte 3, la ville donnait des tenues aux élèves, du lait le matin, des fournitures également et s’occupait des écoles, des tables-bancs, plus le personnel à payer, etc. Tout ça nous a été reversé un matin. Nous sommes responsables des écoles qui sont dans notre commune. Donc, c’est à nous de changer les tables-bancs, de peindre les écoles. L’électricité, l’eau, les personnes qui travaillent, c’est aussi nous. Idem pour les équipements de l’école, les fournitures, cahiers et uniformes pour les enfants...
La ville de Dakar avait commencé à habituer les enfants de Dakar à des tenues. Il faut continuer l’action. De même, elle avait habitué les enfants à du lait, le matin. Il faut se bagarrer pour continuer l’action. C’est très, très dur et nous n’avons pas les moyens. Donc, nous avons entamé l’année 2014 avec beaucoup de difficultés. Cette année, j’ai reçu 23 millions F CFA de fonds de dotation, alors que l’année dernière, j’avais reçu 100 et quelques millions de F CFA. Vous voyez déjà la différence. L’année dernière, quand je venais à la mairie, il y avait des salaires qui tournaient autour de 8 à 9 millions et ça a atteint quelque 30 millions aujourd’hui. Il faut trouver les moyens de payer les salaires. Le peu que l’on récolte, on l’utilise pour le paiement des salaires.
Les écoles devront donc attendre ?
On est très coincé, du point de vue des investissements, de l’accompagnement, du social… N’empêche que nous avons pu fournir des cahiers à tous les élèves, des trousseaux complets. Nous avons également donné des tenues, parce que la ville de Dakar nous en avait dotées l’année dernière. Nous avons trouvé un déficit de tables-bancs pour quelques élèves. Nous essayons d’accompagner. Si vous prenez l’exemple de l’école Ben Khatab de Fass, comparée à ce qu’elle était, il y a un an et demi, il y a énormément de différence. Nous accompagnons autant que l’on peut, mais il faut savoir que les moyens manquent. C’est difficile.
Nous sommes en train de chercher des partenaires pour nous accompagner dans ces écoles. Ce n’est pas normal que les élèves se mettent à trois et quatre par table pour suivre des cours. J’ai vu dans les salles de classe un pot d’eau mis à la disposition des élèves. Quand ils ont soif, ils viennent boire. Ce n’est pas ce qu’il faut. Je pense que l’Etat doit encore nous accompagner. On a encore les épaules très frêles. L’Acte 3, ce n’est pas encore évident. C’est une bonne révolution, mais dans la pratique, dans l’applicabilité, il y a quelques soucis. Je pense que l’Etat est en train de mettre en place des procédures pour que l’on dépasse ce stade--là. Ils sont en train de voir la phase II de l’Acte 3 pour doter les mairies de plus de moyens.