Le déficit en manuels scolaires dans les écoles primaires est en phase de devenir un mauvais souvenir. Après la première étape (CI et CP) en 2014 et la deuxième (CE1 et CE2) en 2015, le gouvernement prévoit de doter la troisième et dernière étape (CM1 et CM2) de ces précieux livres. Au total, 5 400 000 manuels seront mis gratuitement à la disposition des élèves pour un coût de 8,6 milliards FCfa, grâce à la coopération canadienne. Enseignants, directeurs et parents d’élèves expriment leur soulagement.
« Marie, Madi et le monde » est le nouveau livre destiné aux élèves de CE1 et CE2 dans les établissements scolaires. Ce manuel aux couleurs vert-jaune, tous les élèves ont la possibilité d’y avoir accès. En bas du livre, il est marqué en gros caractère « vente interdite », parce qu’étant le fruit de la coopération canadienne. Cette politique de mise à disposition de manuels scolaires est entamée par l’Etat du Sénégal depuis 2014. C’est dans le souci de se conformer au nouveau curriculum de l’éducation de base dont l’objectif est de promouvoir la qualité de l’enseignement apprentissage. Pour la première année (2014), le gouvernement du Sénégal a réceptionné et mis à la disposition des écoles élémentaires 1 947 000 manuels et guides des cours élémentaires première et deuxième année (CI et CP).
Le financement de cette première phase est de 2 352 000 000 F CFA. Lors de la cérémonie de remise de matériels, le 30 octobre dernier, le ministre de tutelle Serigne Mbaye Thiam a révélé que l’appel d’offres est lancé pour l’acquisition de 1 417 000 manuels et guides de la troisième étape (CM1 et CM2) pour un coût prévisionnel de 3 435 000 000 F CFA. Ce qui permettra de parachever en 2016 la dotation de toutes les étapes de l’élémentaire. ‘’Notre pays, depuis 2009, n’avait pas acquis de manuels scolaires pour l’élémentaire. Cette action rentre dans le cadre de la mise en œuvre et du volet qualité, équité et transparence de l’éducation, par la procédure d’évaluation des manuels et de sa gestion’’, avait indiqué le ministre de l’Education qui souhaite une préservation des manuels. Il invite d’ailleurs tous les élèves à faire du slogan « Mon livre, mon ami » une réalité.
‘’Le livre de lecture Sidi et Rama était en rupture depuis plus de trois ou quatre ans’’
Sur le terrain, les manuels sont bien arrivés dans les écoles. Les établissements Pikine 16, Doro Sy de Guédiawaye, Point E 1, entre autres, ont été approvisionnés. ‘’Nous sommes en train d’éprouver les livres. Nous venons juste de les recevoir. Nous allons voir quel impact ces manuels auront dans les salles de classe’’, renseigne la directrice de l’école HLM 4, Mme Siranding Dramé Cissé. Néanmoins, elle admet que cela va participer à l’amélioration de la qualité de l’apprentissage. ‘’Cela fait des années que nous n’avons pas de livre de lecture pour les classes de CEI. Le livre de lecture Sidi et Rama était en rupture depuis plus de trois ou quatre ans. Toutes ces années, nous n’avions pas de livre de lecture. Nous étions obligés de demander aux parents d’acheter des livres de lecture Ami et Rémi pour les CEI’’, souligne t-elle. Mme Cissé voit un pas en avant dans cette étape de dotation en manuels scolaires pour les élèves. Surtout que les parents éprouvaient des difficultés à obtenir les fournitures des élèves qui sont une nécessité. ‘’A la maison, ils peuvent lire et faire des exercices en même temps. Vraiment, nous saluons cette initiative du ministre de tutelle’’. La directrice de l’école HLM 4 promet un bon usage de ces manuels.
Dans les salles, le constat est que chaque élève a deux livres dans son sac. Les 32 élèves de la CE2 B ont tous été dotés. La maîtresse, dans sa robe multicolore et foulard rose sur la tête, a l’air épuisée. Malgré tout, elle accepte de livrer ses sentiments. ‘’Parmi les manuels, il y a le guide du maître et le livre de l’élève, en langue et communication et mathématique. Aussi, dans le guide pédagogique, tout le programme y figure : mathématique, éveil et français, cela grâce à la coopération canadienne’’, renseigne Aïda Faye, dite Mme Ly. Elle se félicite que dans le livre de l’élève se trouvent des leçons et exercices qui vont ensemble. Selon elle, la dotation vient au moment où les élèves vivent au quotidien le déficit en manuels scolaires. ‘’Nous sentions vraiment la rupture qu’il y avait en manuels scolaires avec les livres Sidi et Rama. Depuis trois ans, nous étions confrontés à des difficultés. Cette année, nous n’avons pas ce souci. En plus de cela, les livres coûtent cher et les parents n’ont pas les moyens d’acheter toutes les fournitures’’, fait-elle remarquer. Les élèves étaient obligés d’emprunter des livres à leurs camarades.
Adama Dandio, élève dans cette classe de CE2 B, éprouve un sentiment de satisfaction. ‘’Nous parvenons à faire des exercices à la maison, lire correctement les leçons suivies en classe avec l’aide des manuels que l’Etat a mis à notre disposition’’, salue cette écolière, sourire aux lèvres. Son camarade Ely Ndiaye, vêtu de jean noir, tee-shirt blanc, abonde dans le même sens. « Ce jour est inoubliable, car, c’est ici que le ministre de l’Education nationale Serigne Mbaye Thiam a procédé à la remise symbolique des manuels. Nous l’en remercions sincèrement. » En CE1 A, le constat est le même.
Les élèves sont enthousiastes. A notre entrée, Mme Diallo Ndack Guèye leur demande de sortir leurs livres. Ils s’exécutent avec précipitation. La maîtresse avoue que tout a changé. ‘’Maintenant, c’est avec un équilibre que l’on arrive à servir les leçons du jour, car chacun a devant lui son livre de lecture ou de mathématique’’, se réjouit-elle. ‘’Cela permet à l’enseignant, à la ménagère, de souffler. Aussi, les élèves peuvent consolider leur apprentissage, approfondir leur connaissance, parce qu’on leur donne des exercices à faire. Nous avons imposé aux parents de couvrir les livres pour qu’ils soient bien entretenus.’’
Attendre la fin de l’année pour évaluer les nouveaux manuels
Cependant, pour ce qui est de l’impact, la directrice Mme Cissé préfère attendre les résultats des élèves, avant de s’enthousiasmer. Cette position est partagée par le directeur de l’école Doro Sy de Guédiawaye. Bien que saluant la disponibilité des manuels, Bara Lèye réserve son jugement pour la fin de l’année. ‘’Pour l’instant, nous ne pouvons pas faire une appréciation des manuels ; peut-être, d’ici la fin de l’année, nous pourrons faire une évaluation de ces outils pédagogiques’’. Il y a cependant une fausse note. Les guides du maître ne peuvent pas couvrir tous les enseignants.