Le port du voile intégral, qui a été au cœur de débats passionnés, ne doit pas prospérer sous nos cieux, selon des religieux réfractaires à cette forme d’expression contraire à nos valeurs. Pour Cheikh Oumar Kouta, le président de l’association pour la promotion des valeurs islamiques, ce combat doit être soutenu par tous les fragments de la société, car des femmes perçoivent 60 000 F Cfa par mois pour le faire.
Le chef de l’État sénégalais Macky Sall est très clair sur le port du voile intégral : il n’en veut pas. Cette interdiction rencontre l’assentiment de religieux qui mettent en exergue la légitimité de cette posture. Si certains estiment que l’islam ne peut cautionner que des êtres humains entretiennent le mystère sur leur identité, pour d’autres, ce port vestimentaire, qui reflète la culture afghane, est contraire à notre identité culturelle. L’Imam Cheikh Oumar Kouta, le président de l’association pour la promotion des valeurs islamiques, va plus loin et demande au gouvernement sénégalais de faire preuve de plus de vigilance et de barrer la route aux promoteurs de cette pratique importée.
Et pour cause, elle peut servir de bases solides pour des forces obscures. Il s’explique : ‘’Des éléments tapis dans l’ombre en profitent pour instrumentaliser des femmes. Ils leur donnent 60 000 F Cfa par mois pour les encourager à porter le voile intégral. Ils disposent d’une forte capacité de persuasion. Grâce à leur message de propagande, ils parviennent à en endoctriner plusieurs. Je n’en revenais pas quand je l’ai appris d’une femme rencontrée en Gambie. Des recherches poussées que j’ai menées lui ont donné raison’’. Pour le religieux, l’intérêt national commun l’empêche de taire cette information. Il exprime le courage de ses idées. Il tient à rappeler que les plus grands réseaux terroristes ont l’habitude de manipuler les vulnérables. Dans cette optique, il souligne que ‘’la plupart de ces femmes ont un niveau d’instruction très faible, sont sans emploi ou leurs maris ont des revenus très modestes’’.
Une explication qui cadre avec des études menées sur le terrorisme et qui mettent en relief l’existence de mouvements politiques islamistes qui ont tendance à recruter des ‘’personnes fragiles dans leur identité, parfois jeunes, parfois pauvres et sensibles à un discours qui permet d’habiller les frustrations personnelles ou du groupe d’appartenance’’.
‘’Ceux qui pilotent ces réseaux n’avancent pas à visage découvert’’
Le président de l’association pour la promotion des valeurs de l’islam et de la préservation du cadre de vie, qui existe depuis 1993, est d’avis que ‘’l’intérêt collectif doit prendre le dessus sur toute autre considération. Le port du voile intégral est une pratique culturelle. Si des femmes se couvrent le visage, dans les pays arabes, c’est pour se protéger de la poussière du désert et de la chaleur ardente. Dans un État de droit, une personne qui s’offre la latitude de regarder le visage de l’autre est tenue par l’obligation de se faire identifier. L’Islam n’a jamais exhorté les femmes à se couvrir la face. ‘’Il urge pour lui que des solutions consensuelles soient prises, en raison de la complexité de cette question qui intègre une dimension sécuritaire. ‘’Ceux qui pilotent ces réseaux n’avancent pas à visage découvert. Il faut veiller à ce que les fondements de notre société ne soient pas mis en péril. Nos gouvernants doivent faire preuve de courage.’’
Pour donner plus de poids à ses arguments, il cite l’exemple du mouvement Boko Haram qui cherchait, à l’origine, à lutter contre l’impérialisme occidental mais qui a fini par être dévoyé, au fil des ans, par des groupuscules qui n’ont rien de musulmans. ‘’Boko Haram a perdu son caractère religieux. Il s’est retrouvé en un moment entre les mains de criminels et de trafiquants. Des études ont démontré qu’en 2002, ils ont reçu un financement de 40 millions de dollars qu’ils ont retiré au niveau de la Banque centrale du Nigeria. Ils servaient à l’époque les intérêts d’un régime qui cherchait à ternir l’image de l’islam pour conquérir des voix. L’actuel chef de l’Etat a remis de l’ordre dans ce pays.’’ Pour notre interlocuteur, il y a lieu de relever le niveau d’instruction des populations sénégalaises pour les empêcher de sombrer dans les ténèbres, à l’origine de tous les dangers.
Mame Makhtar Guèye : ‘’Il faut boycotter la burqa’’
Si des religieux n’ont pas voulu s’épancher sur cette question, faute d’éléments probants, pour Mame Makhtar Guèye de l’Ong Jamra, il faut savoir raison garder. ‘’Le voile islamique n’est pas une fantaisie vestimentaire. C’est un commandement divin qui protège la femme, lui évite des regards offensants et permet aux musulmans de pouvoir se reconnaître. Quand l’islam donne des commandements, il n’entre pas dans les détails, il donne des principes généraux. Pour le voile, il appartient à chaque culture de l’adapter à ses réalités culturelles. La burqa a des origines afghanes, le port du voile varie, à travers les pays, il ne faut pas s’attaquer à des différences culturelles, mais aussi à des symboles vestimentaires de l’islam.’’
Mame Makhtar Guèye encourage le boycott de la burqa dans la mesure où, dit-il, des ennemis de l’islam l’utilisent à des fins malsaines voire criminelles. ‘’Le port de la burqa a été détourné par des individus malintentionnés. Nous vivons une époque particulière où des criminels se dissimulent derrière la burqa pour poser des actes terroristes. C’est pourquoi nous disons que la meilleure stratégie, c’est de boycotter la burqa.’’