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Procès Habré - Audition de Bichara Béchir Saboun par visioconférence : «J’ai vu beaucoup de morts en prison»
Publié le jeudi 10 decembre 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




C’est le premier témoin qui a déposé par visioconférence. Retenu à Ndjamena, Bichara Béchir Saboun, commerçant à l’époque, a été arrêté le 11 octobre 1989 à Iriba, quelques mois après l’entrée en rébellion de Idriss Deby, Brahim Itno et Hassan Djamous. Bichara est revenu sur les détails de son séjour carcéral qui a duré un mois 19 jours.

Les Chambres africaines extraordinaires (Cae) ont mis à contribution la nouvelle technologie pour faire auditionner de Ndjamena des témoins qui ne pouvaient pas faire le déplacement de Dakar. Par visioconférence, la cour a recueilli le témoignage de Bichara Béchir Saboun cloué à Ndjamena. Mais, le président Gberdao Gustave Kam a jugé nécessaire de faire une petite mise au point avant l’audition : Il a demandé aux personnes présentes dans la salle à Ndjamena où se trouvait le témoin de se présenter et s’assurer ainsi que ce sont bien les membres des Cae qui assistent à l’audition. Une fois la vérification faite, Bichara Béchir Saboun, qui apparaît sur le grand écran de la salle, tête recouverte d’un turban blanc, commence alors son récit : Il dit avoir été arrêté le 11 octobre 1989 chez lui à Iriba dans la préfecture de Wadifira dans la région de Bitkine par les agents de la Dds. Après un bref passage à la gendarmerie d’Iriba, il a été transféré à Ndjamena à bord d’un avion puis emprisonné dans une petite cellule dans la prison de la Piscine. «Ce sont Abakar Torbo, Mahamat Saker dit Bidon et Abba Moussa qui sont venus m’interroger», soutient-il. Les agents de la Dds l’accusaient de soutenir la rébellion. «Vos parents Zagawa Idriss Deby, Hassan Djamous et les autres se sont rebellés. Est-ce que vous les connaissez ?», interrogeaient les agents de la Dds. «Je ne suis pas un homme politique. Je suis un simple civile. Je ne connais rien de cette rébellion», s’était défendu la présumée victime.
Après ce bref interrogatoire, il est envoyé vers un lieu où il subit des tortures. Ligoté, il reçoit des décharges électriques sans répit pendant 41 jours. Revenant sur les conditions de sa détention, la présumée victime appuie le témoignage de plusieurs de ses collègues qui ont déposé devant la Cour d’Assise extraordinaire. «Les gens avaient faim. Un peu de riz et de la sauce gombo étaient servis tous les jours une seule fois à 13 heures. Les gens mourraient de faim. J’ai vu beaucoup de morts en prison», indique-t-il. Il en cite quatre. Les autres codétenus morts, il précise ne pas les connaître. Il soutient, par ailleurs, que Abba Moussa venait chaque matin ramasser les cadavres pour les enterrer. «Ils nous disaient que ces gens étaient libérés alors qu’ils étaient morts», relève le témoin qui dit avoir recouvré la liberté le 1er décembre 1990 à la suite de la prise de Ndjamena par le Mouvement populaire du salut (Mps).
Bichara Béchir Saboun évoque des exécutions qui ont eu lieu vers la route qui mène vers Iriba et près de l’aéroport de la dite ville. Saboun révèle l’existence d’une première exécution de 6 personnes et une autre exécution de 12 personnes enterrées dans deux fosses différentes. «Je me suis rendu dans les lieux du massacre pour voir les cadavres avant qu’on les enterre», répond t-il à une question du juge.
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