Dougué - Cent quatre-vingt neuf communautés des départements de Goudiry et Bakel, dans la région de Tambacounda (est), ont déclaré solennellement dimanche avoir renoncé à la pratique de l’excision, tout en s’engageant à promouvoir les droits humains et le respect du genre.
Au total, 152 communautés d’ethnie pular, 28 d’ethnie mandingue et 9 villages soninkés, ont pris cet engagement, au cours d’une cérémonie solennelle tenue dans la commune de Dougué.
Cela fait suite à un processus de sensibilisation, inscrit dans le cadre d’un projet de l’ONG Tostan, dénommé ‘’Ndimaagu’’ (dignité en langue pular), qui a démarré en janvier 2013, pour prendre fin en novembre dernier.
A travers cette déclaration lue en français et déclamée dans les trois langues des ethnies concernées, ces communautés s’ajoutent aux 6.176 villages ayant renoncé à l’excision et à certaines patiques comme les mariages précoces et forcés, depuis le mouvement initié le 31 juillet 1997 à Malicounda Bambara (département de Mbour), note le texte.
Le préfet du département de Goudiry Ibra Fall qui présidait cette cérémonie dans une école de la commune de Dougué, a salué le travail de sensibilisation abattu par le projet et dont cette déclaration était l’aboutissement.
‘’J’ai pu mesurer moi-même la somme d’efforts qu’il met en œuvre’’, a dit M. Fall, avant de souligner ‘’l’ampleur du défi ’’ qui attendait le projet Ndimaagu qui ‘’d’emblée semblait insurmontable’’, étant donné le caractère ‘’bien ancré’’ de cette pratique ancestrale dans la société, dans la région de Tambacounda et dans le département de Goudiry en particulier.
Toutes ces actions sont en droite ligne des activités du comité départemental de protection de l’enfance (CDPE), a dit Ibra Fall, se félicitant de ce que Tostan ‘’n’a ménagé aucun effort’’ pour la promotion des droits humains et du respect du genre.
Selon M. Fall, l’ONG a ‘’très souvent influencé les politiques gouvernementales en matière lutte contre les violences basées sur le genre’’. ‘’Si en 1999, le gouvernement du Sénégal a légiféré contre l’excision, des ONG comme Tostan y ont joué un rôle décisif’’, a-t-il estimé.
Invitant Tostan à ‘’poursuivre l’aventure’’ aux côtés des autorités, il a ajouté : "Vous pouvez être rassurés que les engagements qui sont pris ici, en faveur de la promotion des droits humains et contre les pratiques néfastes seront respectés’’.
Le défi réside désormais dans la pérennisation des acquis engrangés grâce au projet Ndimaagu, a dit M. Fall, qui a invité chaque individu à être une ‘’sentinelle contre toute forme de violence contre les enfants ou les femmes’’.
Le maire de Dougué, Baba Ndiaye, a lui fait observer que l’excision est "une pratique qui a duré des siècles’’, de sorte que l’abandonner "à travers une simple déclaration ne sera pas facile’’.
Concernant les grossesses précoces, il a invité ses collègues maires à songer à la création de centres de conseil ado, afin de ‘’conscientiser tôt et en tout temps’’ les adolescents.
Le projet Ndimaagu est une démultiplication du projet de renforcement des capacités communautaires (PRC), dont 55 villages des départements de Goudiry et Bakel étaient les bénéficiaires directs.
Ce projet visait à lutter contre les violences sexistes et conjugales, indique un document de Tostan. Il s’est appuyé sur un pool d’imams et autres agents de mobilisation sociale qui ont sillonné les villages pour sensibiliser les populations et élargir le cercle des bénéficiaires.
ADI/BK