Le docteur Alioune Badara Ly, coordonnateur du Programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN), a annoncé le démarrage, en mai prochain, de la troisième campagne de distribution de médicaments de masse contre ces maladies, dans l’ensemble des zones touchées pour limiter leur transmission dans les communautés.
‘’Cette campagne est extrêmement importante parce que c’est cette stratégie associée à d’autres qui permettra d’arrêter la transmission des MTN à chimiothérapie préventive de masse’’, a-t-il dit, mardi à Dakar.
Dr Ly intervenait en marge de l’atelier de sensibilisation des journalistes en santé tenue au Service national de l'Education et de l'Information pour la Santé (SNEIPS), en prélude de cette campagne.
Le Sénégal s’est doté depuis 2011 d’un Plan directeur contre les maladies tropicales négligées et une des stratégies de ce plan c’est l’organisation de campagne annuelle de distribution de médicaments de masse (DMM).
A cet effet, le programme a organisé deux campagnes et s’achemine cette année au mois de mai à la tenue de la 3ème campagne nationale de DMM pour lutter contre les MTN à chimiothérapie préventive de masse.
Il s’agit de cinq MTN qui sont ciblées, à savoir la filariose lymphatique (éléphantiasis), de l’onchocercose, du trachome, de la bilharziose et des géo helminthiases.
‘’L’opération va consister à aller au niveau des populations exposées et de leur administrer une ou plusieurs médicaments en fonction de l’endémicité de la maladie au niveau local pour prévenir la survenue de ces maladies au sein de ces communautés’’, a expliqué Dr Ly.
Les médicaments sont ainsi donnés en masse à l’ensemble de la population exposée.
En ce qui concerne les bilharzioses ou géoelminthiases, la cible est essentiellement d’âge scolaire (5-14ans), pour la filariose lymphatique la cible est beaucoup plus importante à savoir l’ensemble de la population âgée de plus de cinq ans.
‘’Les moyens dont nous disposons sont très limités, ce qui explique le choix de ces campagnes de masse intégrées pour un rapport coût/efficacité moindre et diminuer de manière importante les coûts opérationnels des interventions liées à ces maladies’’, selon le coordonnateur du programme de lutte contre les MTN.
Dans ce sens, il bénéficie de l'appui du ministère de la Santé, de l’USAID à travers son Programme santé communautaire et par des financements directs et des firmes pharmaceutiques dans la mise en œuvre des campagnes de masse au niveau des populations.
Cependant, les moyens sont insuffisants par rapport aux objectifs ciblés, selon Dr Ly. ‘’Les maladies tropicales négligées, comme le nom l’indique, ne font pas l’objet de communication, ni de campagne de sensibilisation encore moins de moyens pour la prévention et la prise en charge, alors qu’elles touchent le milieu rural, les populations les plus pauvres et les couches défavorisées.’’
Le Centre hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) de Dakar, qui s’occupe principalement de la lèpre et de l’orthopédie réparatrice due à cette maladie, met à profit cette campagne pour distribuer des médicaments, des chaussures, mais également pour dépister les nouveaux malades de la lèpre, selon son directeur Richard Pau, dans une présentation sur la lèpre.
‘’Dans la distribution des médicaments de masse, le CHOM n’est pas concerné directement, mais c’est surtout un rôle de soins des malades atteints de lèpre avec une équipe qui fabrique en permanence des chaussures pour les lépreux’’, a-t-il ajouté.
Pour le directeur du CHOM, le Sénégal avait fait de gros efforts dans la lutte contre la lèpre, mais il a l’impression que depuis quelques années ces efforts ont diminué du fait de l’intérêt accordé à d’autres maladies comme le Sida. Les estimations donnent 220 à 230 nouveaux cas par an.
Au total, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a identifié 17 maladies tropicales négligées (MTN), mais le Sénégal en a répertorié 10 qui sont divisées en deux grands groupes.
Le premier groupe comporte cinq maladies qui bénéficient de la stratégie de chimiothérapie de masse. Ces maladies sont les parasitoses intestinales, les bilharzioses intestinales et urinaires, filariose lymphatique (éléphantiasis), l’onchocercose ou la cécité des rivières et le trachome.
Il y aussi le second groupe de maladies nécessitant un renforcement de la surveillance. Il s’agit de la rage, la dingue, la lèpre, la leishmaniose et du ver de Guinée (aucun cas n’a été signalé depuis plusieurs années). Pour ce groupe, un traitement cas par cas est préconisé.