BAMAKO, Le discours prononcé par le président chinois Xi Jinping à l'ouverture du sommet Chine-Afrique de Johannesburg "est rassurant", a estimé le Dr Etienne Fakaba Sissoko, économiste, directeur du Centre de recherche d'analyses politiques, économiques et sociales du Mali.
Il "est rassurant dans la mesure où il ouvre la voie notamment à une nouvelle forme de coopération qui, on l'espère, sera gagnante des deux côtés", a-t-il précisé.
De son côté, Ali Daou, employé d'une institution internationale à Bamako, pense également que "c'est un discours rassurant, plein d'émotions". "J'ai l'impression que le président chinois maîtrise parfaitement les préoccupations des Africains", a-t-il ajouté.
"J'ai toujours dit qu'en Afrique, il faut créer de la richesse pour maintenir la croissance économique et créer de l'emploi pour les jeunes. Le montant annoncé (par le chef de l'Erat chinois : 60 milliards de dollars d'aide) est significatif, mais pas suffisant à mon avis. La Chine vient de faire de gros efforts, malgré sa situation actuelle", a-t-il poursuivi.
"La Chine est à féliciter et encourager. Les gouvernements africains doivent faire des efforts pour la lutte contre la corruption afin que ces fonds soient gérés avec sérieux et rigueur. Il faut continuer cette dynamique de la coopération sino-africaine et en profiter pour renforcer les capacités des Africains à travers le transfert de technologies", a conclu Ali Daou.
Pour le Dr Sissoko, la Chine peut être un levier sur lequel les pays africains peuvent s'appuyer pour accélérer leur processus d'industrialisation et diversifier leur coopération.
A son avis, "aujourd'hui, l'Afrique a la possibilité de diversifier ses partenaires commerciaux. Parce que pendant longtemps, ses relations commerciales ont été dominées par une main basse de la France et de ces puissances (occidentales) sur nos ressources. On espère donc qu'avec cette nouvelle coopération qu'on va changer cette tendance".
L'économiste a souligné que beaucoup de pays africains doivent régler des dettes contractées auprès de la Chine. "Comme signe de bonne volonté, on espère qu'il va y avoir, même si ce n'est pas une annulation de dette, une réduction du poids de cette aide sur les Etats africains", a-t-il ajouté.
Cette attente a été satisfaite à l'ouverture du sommet puisque le président Xi Jinping a annoncé que la Chine allait effacer les dettes gouvernementales sans intérêt échues fin 2015 des pays africains les moins avancés, soulignent les observateurs.
M. Sissoko a souhaité un transfert de technologie et la mise en place d'un mécanisme de coopération entre les entreprises chinoises et africaines, ainsi que l'octroi de bourse d'études dans les domaines de la construction des infrastructures, de la technique, de l'informatique, dans le domaine minier, où il y a énormément de lacunes en termes de technicité.
Cette suggestion a été prise à compte dans le discours du président chinois à Johannesburg. Il a en effet annoncé la formation en Afrique de 200.000 techniciens et en Chine de 40.000 Africains, dans le cadre d'un programme de partenariat industriel.
Yaya Alpha Diallo, un acteur de la société civile malienne, a indiqué que "sans démagogie, la Chine a un atout sur les plans économique, culturel, politique et social inestimables" sur lequel l'Afrique peut beaucoup compter.
"Si nos politiques (africains) arrivent à jouer le jeu, c'est bien parce que la Chine est un atout pour les pays en développement, principalement le Mali", a souligné M. Diallo selon qui la construction des infrastructures par la Chine en Afrique "est une bonne chose". "Cependant, il faut un accompagnement pédagogique de la Chine afin que nous soyons indépendants économiquement dans l'avenir", a conclu Yaya Alpha Diallo.