Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Procès habre - audition de miambaye djetoldja dakoye : l’ex-combattant du gunt retrace le film du massacre d’ambing
Publié le samedi 5 decembre 2015  |  Le Quotidien




Miambaye Djetoldja Dakoye, actuel commissaire divisionnaire, est un ex-combattant du Gouvernement d’union nationale de Goukini Weddei en rébellion contre le régime de Hissein Habré. Policier, au moment des faits, il a participé à la guerre de Faya-Largeau en juin 1983 où il s’est fait prisonnier en compagnie de 2 000 combattants environ. Devant la barre, il évoque les 150 prisonniers enlevés et exécutés dans le village d’Ambing.

C’est un ancien policier au service de l’identité juridique et civile au moment des faits qui était hier devant la barre. Miambaye Djetoldja Dakoye était également combattant du Gouvernement d’union nationale du Tchad (Gunt) de Goukini Weddei en rébellion contre le régime de Hissein Habré en 1982. L’ex-combattant a retracé Le film de la célèbre bataille de Faya-Largeau, qui a eu lieu en juin 1983 au Nord entre les Forces armées nationale du Tchad de l’ex-Président du Tchad et le Gunt de Goukini Weddei.

L’histoire a commencé le 5 février 1983 quand des hommes en treillis enturbannés ont enlevé Miambaye Dakoye et conduit manu-militari à l’Etat-major de l’abattoir de Sarh dans le Sud-est de Moundou, une localité située au Sud du pays. Il y subit un «interrogatoire musclé» et fut accusé de confectionner des cartes d’identité nationales aux rebelles du Gunt. Emprisonné dans ces lieux, il devient le cuisinier et le boy à tout faire du chef de bataillon et de ses militaires pendant 20 jours avant de s’échapper grâce une dame qui introduit de la drogue dans le thé des militaires.

Miambaye Djetoldja Dakoye prend la fuite et se réfugie à Garoua au Cameroun. Son chemin croise celui d’un gendarme tchadien en fuite du nom de Ressa. Ce dernier le met sur la piste du Gunt à Maiduguri. Dakoye embarque pour Kanon, puis Lagos et rejoint enfin à Cotonou. De là, il embarque dans un avion libyen en destination de Cheba où il subit une formation militaire de 45 jours avec d’autres combattants. Il est nommé à la suite de cette formation secrétaire à la compagnie de sécurité du Président Goukini Weddei à Bardaï. Le 30 juillet, une grande bataille dite la bataille de Faya-Largeau les oppose aux Fant. Ils sont attaqués par surprise par les Fant et se font battre.

Environ «2 000 combattants s’étaient faits prisonniers dans le hall de l’aéroport de Faya-Largeau», relate le témoin qui précise avoir reçu la visite de Hissein Habré ce jour-là dans l’après-midi. Après leur avoir regardé, il lance : «Ce sont ces bambins qui nous font chier. Faites en ce que vous voulez», recommandait-il aux Fant. Après le passage de Habré à 17 heures, ils sont transférés à la maison d’arrêt de Faya-Largeau puis à Ndjamena par vagues dans des camions. «Avant qu’on nous emprisonne à la Maison d’arrêt de Ndjamena, les Fant ont fait le tour de la ville et nous ont brandis comme trophée de guerre. Ils nous disaient voici les mercenaires sauvages à la solde de la Libye», relaie le témoin de la barre.

Furieux. Dakoye et ses codétenus sont dispersés dans les différentes cellules de la prison et la nuit les gardes, indique-t-il, sont venus extraire 4 parmi eux pour les conduire vers une destination inconnue. «On ne les a plus revus», témoigne-t-il. Ensuite, relève-t-il, c’est 150 autres personnes à la peau blanche qui sont extraits de leur cellule et exécutés dans le village d’Ambing. Une de ces 150 personnes, Bichara Hamath, a survécu au massacre. Toujours dans ses déclarations, Dakoye a également évoqué 19 autres prisonniers enlevés. «Ils ont été enlevés sous mes yeux et jusqu’à présent on ne connaît pas leur sort», souligne-t-il.

Revenant sur les conditions de sa détention, le témoin décrit une situation difficile. «La nourriture n’existait presque pas. On nous servait du sorgho rouge périmé avec des tessons de bouteille et des saletés dans une petite boîte», note-t-il. Quant aux soins, ils n’existaient pas, note-il, jusqu’à l’arrivée de la Croix-rouge. Il a eu son salut grâce aux accords entre l’Etat tchadien et l’Armée nationale de libération du Tchad.
Commentaires