Mettre fin au VIH/Sida, d’ici 2030, c’est l’objectif de tous les pays qui luttent contre cette pandémie. Pour y arriver, le Sénégal va lancer une nouvelle initiative qui consiste en une prise en charge immédiate et précoce des malades.
Dorénavant, toute personne testée positive au VIH/Sida suivra immédiatement un traitement antirétroviral. Il n’est plus question d’attendre un peu. L’annonce a été faite hier par le chef de la division Sida au ministère de la Santé, Docteur Abdoulaye Wade, au cours d’une conférence de presse en prélude à la journée mondiale de lutte contre cette pandémie. L’objectif est d’éliminer la maladie, d’ici 2030.
Selon le chef de la division Sida, sur 44 000 personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Sénégal, plus de la moitié connaît son statut sérologique. ‘’Cela veut dire que nous devons faire de sorte que 20 000 Sénégalais puissent connaître leur statut sérologique positif, d’ici 2030. Pour cela, les statistiques nous montrent qu’il faut dépister 1 million à 1 million 200 mille personnes par année. La stratégie que le Sénégal va utiliser, c’est de faire une analyse de la situation, en allant là où on espère avoir plus de chance pour trouver des personnes infectées. C’est ça une sorte de démarche de rupture’’, a expliqué Dr Wade.
L’autre élément à prendre en compte, c’est la prise en charge. ‘’Avant, on faisait le dépistage et on attendait un peu pour surveiller les charges virales et faire le traitement. A partir de maintenant, on initiera ‘’test and treat’’. On teste et on traite’’. Le Dr Wade est d’avis qu’il n’y a aucune raison qui justifie qu’on dépiste quelqu’un et qu’on ne puisse pas démarrer immédiatement et précocement le traitement antirétroviral. Car, poursuit-il, ‘’les évidences ont montré qu’on a beaucoup plus de bénéfice à traiter immédiatement la personne que d’attendre. Une personne qu’on traite immédiatement, rapidement, a une charge virale presque indétectable. Le Sénégal va prendre cette option qui sera lancée avec le CNLS bientôt. L’initiative consiste à dire : on dépiste, si c’est positif, on traite’’.
Cette option va augmenter le nombre de personnes qui vont bénéficier de traitement antirétroviral. ‘’Je confirme également le gap important qui nous reste, en termes de personnes à traiter. La cible est devenue beaucoup plus importante. On ne nous demande plus d’attendre. Il nous reste à toucher, d’ici 2020, 16 mille nouvelles personnes qui sont déjà dépistées qu’on doit mettre sous traitement antirétroviral’’.
‘’Il nous reste juste à être pragmatiques’’
Pour ce faire, dit Docteur Abdoulaye Wade, il faut une démarche de rupture, sortir des chantiers battus et changer d’approche. Avant, la prise en charge se limitait au niveau des centres de santé, cette fois-ci, elle sera décentralisée dans un certain nombre de postes de santé. Certaines personnes infectées, dépistées dans le poste de santé, pourront bénéficier de traitement antirétroviral au niveau même du poste de santé. ‘’Cela va réduire les perdus de vue, les manques d’observance, et améliorer la qualité de vie de ces personnes.’’
L’autre nouveauté, c’est la délégation de tâche. ‘’On ne peut pas avoir des médecins et des pharmaciens partout. Nous allons déléguer un certain nombre de tâches qui initialement étaient dévolues au médecin et au pharmacien, à l’infirmier, la sage femme ou l’assistant social. Ils auront la possibilité d’initier un traitement antirétroviral. Cela donne une couverture plus large et cela va améliorer le traitement. Les appareils charge virale seront disponibles et fonctionnels dans 9 autres régions’’, renseigne-t-il.
En outre, Docteur Wade invite à plus de pragmatisme dans la façon de faire. ‘’Nous avons les ressources humaines qu’il faut. Nous avons l’ingéniosité. Tout ce qui est pensé au Sénégal sert de modèle à d’autres pays. II nous reste juste à être pragmatiques, rationnels dans le choix de nos stratégies et rationnels dans notre façon de faire. L’environnement international est tel que les financements s’amenuisent au fur et à mesure.’’
VIVIANE DIATTA