L’Etat a l’obligation de décentraliser les moyens financiers et ses mécanismes de recouvrement, s’il veut que l’Acte 3 de la décentralisation réussisse. C’est l’avis de beaucoup d’acteurs interrogés par les étudiants du Cesti, dans le cadre de la 18e édition des «Cahiers de l’alternance».
Des acteurs situés à tous les niveaux de la gouvernance locale plaident pour la décentralisation économique et financière. C’est ce que révèle l’édition d’août 2015 des «Cahiers de l’alternance» qui a été présentée hier au siège de la fondation Konrad Adenauer. Interrogé par les étudiants de troisième année de presse écrite du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), le directeur de l’Agence de développement communal de Saint-Louis, Demba Niang, prévient : «Nous irons droit vers un échec si l’on reproduit le même mécanisme de financement» (Page 17). Dans ce document intitulé «Acte 3 de la décentralisation : une réforme, des questions», l’un des adjoints au maire de la première capitale du Sénégal a partagé un regret. «La commune de Saint-Louis n’aurait rien à envier à celle de Dakar aujourd’hui, si elle avait été financée par l’Etat», affirme Ousseynou Seck, à la page 117. Ce dernier estime que les fonds de dotation et d’équipement alloués aux collectivités sont faibles. Ils ne peuvent même pas couvrir les charges liées aux huit compétences transférées. Toujours dans le chapitre consacré à la fiscalité locale, l’adjointe au maire de Dagana abonde dans le même sens. «Que l’Etat accepte de mettre à notre disposition les moyens financiers dont nous avons besoin car dans l’entendement des populations, c’est l’Etat qui finance toutes les activités de développement», explique Aminata Diop Guèye.
Saluant le projet de création des pôles territoriaux viables, le directeur de l’Agence régionale de développement de Ziguinchor pense aussi que l’Etat doit accompagner les collectivités locales. A la page 167, Boubacar Sonko constate que les fonds transférés aux collectivités sont faibles. A la place des 5% de la Taxe sur la valeur ajoutée, le fonctionnaire propose un transfert à hauteur de 20 à 25%, «si on veut réellement booster le développement des collectivités locales. Sinon on risque de faire des réformes qui ne vont pas se concrétiser sur le terrain».
Communication territoriale
Toutefois, l’ex-Secrétaire général de la région de Saint-Louis, Ahmat Dia trouve légitime la disparition des Régions en tant que collectivité territoriale car, ces dernières n’ont «jamais assumé les missions qui étaient les leurs». En attendant la phase 2 de l’Acte 3 de la décentralisation axée sur les questions économiques et fiscales, le représentant résident de la Fondation Adenauer a rappelé hier que les «Cahiers de l’alternance» «constituent une chronique de la vie politique économique et sociale de la démocratie sénégalaise». Pour Andrea Kolb, ils permettent aux élèves journalistes de séjourner dans certaines régions pour rendre compte parfois des conditions de vie difficiles des populations. Un phénomène qui est souvent lié à une politique de développement. Représentée par l’enseignant-chercheur Moumina Camara, la direction du Cesti a invité les initiateurs de la réforme à développer une «politique de communication territoriale» de qualité. Sans quoi, les changements voulus seront difficilement appropriés par la population.