Le commerce illicite du tabac étant un phénomène transnational, une réponse efficace, coordonnée aux niveaux régionaux et internationaux s’impose. Et il serait bon que tous les pays concernés adhérent au Protocole et le ratifient. Ces mots ont été livrés hier par la représentante résidente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Sénégal, lors de l’ouverture de l’atelier régional de sensibilisation au Protocole visant à éliminer le commerce illicite des produits du tabac.
Huit pays africains, dont le Sénégal, sont en conclave depuis hier, mercredi 18 novembre à Dakar pour se pencher sur la ratification et la mise en œuvre du Protocole d’élimination du commerce illicite des produits du tabac. Organisée par le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Sénégal, en partenariat avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale, la rencontre vise à sensibiliser les différents secteurs gouvernementaux (douanes, commerce…) et à proposer des plans d’action adaptés en vue d’accélérer le processus de ratification dans ces pays. Car comme l’a souligné Dr Françoise Bigirimana, la Représentante résidente de l’OMS au Sénégal dans son discours d’ouverture, le commerce illicite des produits du tabac constitue une grande préoccupation à l’échelle internationale et une véritable menace pour la santé publique dans le monde.
Pis, il occasionne, toujours selon la Représentante de l’OMS, des pertes fiscales importantes et contribue en même temps à financer des activités criminelles internationales. Des répercussions qui ont poussé à l’adoption d’un Protocole le 12 novembre 2012 à Séoul par la Convention cadre de l’OMS. Ce texte propose ainsi aux pays d’éliminer toutes les formes de commerce illicite des produits du tabac. Mais ce qui est inquiétant, depuis cette date, c’est que parmi les 11 pays ayant ratifié le protocole dans le monde, seul quatre sont dans la région africaine, à savoir le Gabon, la République Démocratique du Congo, le Burkina Faso et le Mali.
Suffisant pour que le bureau régional de l’OMS organise une rencontre à Dakar en vue de sensibiliser les pays restants sur cette urgence. Car face au commerce illicite du tabac en tant que phénomène transnational, le protocole devra permettre aux pays qui l’auront ratifié de trouver un cadre d’échange d’informations et de renseignements, mais aussi de mener des actions conjointes. De l’avis toujours de la représentante de l’OMS, ces pays signataires pourront également contrôler efficacement la chaine d’approvisionnement des produits du tabac et coopérer dans cette lutte.
Pour sa part la représentante du ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait savoir que l’enjeu de ce Protocole est de taille car il s’agit de sauver des millions de vie dans le monde. «Seule une réponse internationale forte et déterminée va mettre fin au trafic des produits du tabac», a-t-elle conclu. Quant aux organisations de la société civile, elles ont, à leur niveau, poussé des interrogations sur l’attitude du Sénégal qui, de par sa tradition, était toujours le premier pays africain à ratifier les Protocoles, mais aujourd’hui, il est devancé. Sera-t-il le cinquième pays à ratifier ce Protocole comme il l’avait fait avec la Convention cadre de l’OMS ? En attendant d’en arriver là, pour l’instant, la représentante du ministre de la Santé reste optimiste en constatant que les choses sont en train de bouger pour que notre pays rejoigne le groupe de ceux qui ont déjà ratifié ce Protocole.