Le partenariat entre l’Afrique et l’Association internationale de développement (Ida), démembrement de la Banque mondiale, a atteint un niveau fort appréciable. Malgré tout, le Président Macky Sall, qui présidait la revue à mi-parcours du portefeuille de ladite association, a décliné de nouvelles attentes.
Le volume annuel des engagements de l’Association internationale de développement (Ida), démembrement de la Banque mondiale, est resté en constante augmentation atteignant les 19 milliards de dollars dont les 50% pour l’Afrique, soit neuf milliards de dollars. Cette part est cependant, jugée insuffisante par le chef de l’Etat du Sénégal. «C’est une goute d’eau dans la mer. Car l’Afrique fait 54 pays, soit 800 millions d’habitants», se désole Macky Sall. Il invite ainsi les pays donateurs et les partenaires à accompagner le développement du continent. «Tout le monde y gagne dans le développement de l’Afrique, puisque si nous arrivons à vaincre la pauvreté, ce qui est une possibilité absolue, c’est l’économie mondiale qui va gagner. Tout le monde gagne de la prospérité du continent. Mais tant qu’il y aura des injustices criardes et des inégalités aussi fortes, il n’y aura jamais de stabilité mondiale», plaide le président de la République. A son avis, le moment est venu de «s’orienter après trois décennies de partenariat appréciable, vers une plus grande flexibilité des interventions de la Banque mondiale. Ceci à travers un recours accru aux appuis budgétaires et aux programmes plutôt qu’aux projets».
«L’aide doit répondre à nos choix»
Macky Sall souhaite aussi «une utilisation plus systématique des systèmes de passation de nos marchés publics qui pourront être audités périodiquement pour être testés dans un environnement de gouvernance améliorée». Il prône en outre une meilleure coordination de l’aide au développement pour simplifier les procédures. Selon Macky Sall, l’aide des bailleurs doit répondre à nos choix et à nos priorités et non le contraire. «C’est à nous de définir nos choix et priorités, mais à vous de nous accompagner dans nos priorités.» Le président de la République appelle aussi à une meilleure visibilité du système d’allocation des ressources de l’Ida et souhaite que les réflexions sur l’Ida 18 soient axées en priorité sur trois impératifs pour les Etats africains en matière d’aide au développement. Il s’agit des financements pour favoriser l’encrage des réformes et pour accélérer l’émergence des économies africaines, de la nécessité de rendre ces financements plus prévisibles et enfin maximiser l’efficacité des financements de l’Ida.
Embouchant la même trompète, le Premier ministre béninois, Lionel Zinsou, a appelé l’Ida à trouver des solutions collectives et individuelles aux crises humaines dans le monde et au changement climatique.
En effet l’Ida, qui a pour mission d’aider les pays les plus pauvres au monde, s’est fixée comme objectif d’éradiquer la pauvreté et de stimuler les croissances en Afrique où les situations économiques sont des plus incertaines. Pour relever ces défis, bailleurs et bénéficiaires s’accordent sur la nécessité d’un partenariat afin de mobiliser des idées et des ressources. «Il faut généraliser les ressources, multiplier les projets et s’attaquer aux causes profondes des crises», a dit le vice-président de la Bm pour la région Afrique, Makhtar Diop. Les priorités de l’Ida 18 seront, d’après M. Diop, la réduction de l’extrême pauvreté et sa disparition dans des générations à venir. Par conséquent, tous les programmes visant à réduire la pauvreté extrême sont essentiels pour l’Ida. Qu’il s’agisse du développement rural, de l’accès à l’électricité, de renforcer les institutions pour qu’il y ait plus de transparence et une meilleure mobilisation des ressources intérieures. Makhtar Diop affirme aussi qu’il y a une convergence totale entre ce que fait l’Ida et ce que demande Macky Sall. «Nos interventions au sein de la Banque mondiale sont basées sur les priorités déclarées et affichées par les autorités qui représentent ces pays. La base de nos programmes sur les pays, notamment en Afrique, est basée sur la vision stratégique du pays et sur sa volonté», explique-t-il.
Réformes fiscales préconisées
Pour le chef de l’Etat, les concours de l’Ida sont nécessaires et doivent accompagner l’Afrique en matière d’investissement. Cependant, leur mobilisation doit passer par une lutte farouche contre l’évasion fiscale. «Il faut que nos Etats puissent tirer profit des richesses créées dans nos espaces», insiste Macky, qui préconise aussi des réformes administratives fiscales, mais aussi une législation internationale plus importante à même de permettre aux entreprises qui interviennent sur le continent «où la richesse est créée», de payer les taxes sur place. Macky Sall pense qu’il est important de poursuivre la mobilisation des ressources concessionnelles et non concessionnelles pour répondre aux besoins en infrastructures de la région. Pour lui, on ne peut pas parler de développement sans énergie, alors que celle-ci constitue un handicap majeur en l’Afrique. «C’est là où les concours de l’Ida ne sont pas suffisants. En plus, les ressources concessionnelles deviennent de plus en plus rares alors que ces ressources produisent un effet levier pour pouvoir permettre un mixe, une sorte de blindé pour lever des fonds capables d’accompagner les besoins de l’Afrique en matière d’investissement dans ses secteurs-clés comme l’énergie et les infrastructures, l’eau potable, le développement des programmes et des projets dans les secteurs de la santé et de l’éducation», a soutenu Macky Sall. L’intérêt de poursuivre les ressources non concessionnelles s’explique par le fait que les besoins de l’Afrique ne peuvent pas être pris en charge par les seules ressources concessionnelles, selon le Président Sall.
Revoir les paramètres du Doing Business
Le président de la République, Macky Sall, a salué hier, en marge de la réunion à mi-parcours pour le refinancement d’Ida, les efforts consentis par Doing Business pour améliorer le climat des affaires. Cependant, Macky Sall a relevé en même temps, des indices ou des paramètres de Doing Business contraires à cette volonté de mobilisation des ressources. «Si l’on magnifie la baisse de l’impôt sur les sociétés comme facteur d’incitation à l’investissement, évidemment qu’on réduit en même temps les ressources attendues par les gouvernements. Donc il y a parfois des paramètres qu’il faut revoir dans l’esprit de renforcer la mobilisation des ressources domestiques», a soutenu Macky Sall.