Les travailleurs de Senegal Airlines, qui sont dans le «flou», demandent aux autorités d’appliquer les mesures prises pour remettre sur la piste la compagnie qui ploie sous le poids de plusieurs problèmes.
Senegal Airlines vole toujours dans les zones de turbulences. Désorientés par la situation de la compagnie, les travailleurs parlent d’un crash qui a eu lieu depuis plusieurs années avec la complicité des autorités gouvernementales. Ils ont décidé d’élever la voix pour éviter d’être laissés en rade par les autorités qui ont décidé de reprendre la gestion de la Suneor et de Transrail tout en «maintenant les acquis des travailleurs». Le tableau est noir de doléances : «Depuis quatre mois, 102 employés du personnel naviguant ont été mis en chômage technique par la Direction générale. Ce tri s’est fait sur la base d’un règlement de comptes à l’encontre des employés qui ont eu le courage de fustiger la gestion clientéliste de Mayoro Racine, Directeur général de Senegal Airlines», dénonce Moustapha Diakhaté, délégué du personnel, lors de l’Assemblée générale organisée hier.
Aujourd’hui, la compagnie fonctionne sans avions. Ce qui constitue une anomalie dans le monde du transport aérien. «Nous demandons à l’Etat de trouver un repreneur, dans la mesure où cette compagnie survit sous perfusion. Jamais, dans l’histoire de l’aviation, on n’a vu une compagnie aérienne qui fonctionne sans avions», regrette Moustapha Diakhaté. Selon le syndicaliste, «la compagnie aérienne passe de l’état de perfusion à l’euthanasie». En d’autres termes, la compagnie n’existe que de nom au grand dam des travailleurs qui naviguent entre précarité et impuissance. Moustapha Fall, coordonnateur adjoint du personnel, est stupéfait par cette situation qui relève de l’improbable. Il dit : «La situation est dramatique. Pour illustrer mes propos, lors du pèlerinage 2015, le personnel naviguant, qui a effectué les trajets, n’a perçu que 50 000 F Cfa pour trois voyages. Ce qui est aberrant !»
Aujourd’hui, les travailleurs s’interrogent sur l’avenir de cette compagnie et souhaitent être fixés sur leur sort. «Nous avons lancé un appel aux autorités, surtout au ministère de tutelle, pour savoir quel est l’avenir de notre compagnie. Qu’elles nous disent réellement qu’est-ce qu’elles vont faire de Senegal Airlines, vont-elles laisser la compagnie vivre ou la déclarer en faillite. Il faut que l’Etat nous édifie par rapport à ces deux questions», supplie Moustapha Diakhaté.
La réponse à ces questions dépend aussi de l’avenir des travailleurs qui ont mis la pédale douce pour assurer le pèlerinage à la Mecque. «Trouver une réponse à ces deux équations, c’est aussi régler la question du chômage technique et celle des arriérés de salaire. On a eu à faire un break à cause du pèlerinage, parce que le pèlerinage est une affaire nationale. Il y a eu beaucoup de circonstances, qui ont fait que les gens ne nous ont pas entendus. Mais rien n’a bougé, que ce soit l’histoire des arriérés de salaire, ou celle du chômage technique qui a été mal fait, l’avenir de la compagnie est actuellement incertain», a fait savoir M. Diakhaté. «Actuellement, on a un problème de management. On a eu à reprocher au personnel d’être pléthorique, d’être des chasseurs de primes à la recherche d’un treizième ou quatorzième mois», regrette l’adjoint du coordonnateur Moustapha Fall.