Après quatre jours passés à la maison d’arrêt des femmes de Liberté 6 pour détention de chanvre indien en vue de l’usage, l’animatrice Aïda Patra et sa copine Marie Siriane Valéra ont recouvré la liberté, hier. Elles sont relaxées au bénéfice du doute.
‘’Le doute profite au prévenu ou à l’accusé.’’ Cette vérité juridique a sauvé hier l’animatrice Aïda Patra et sa copine Maria Valéra d’un emprisonnement ferme. Une peine de trois mois ferme avait été requise par le représentant du parquet pour qui, les prévenues méritent des circonstances atténuantes, du fait qu’elles sont des délinquantes primaires. Mais pour le tribunal, un doute subsiste sur leur culpabilité. Il les a relaxées. Les deux prévenues ont été arrêtées dans la nuit du mardi au mercredi, dans une maison sise au quartier Gouy Gui de Ouakam.
Les agents de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) affirment que les deux amies tiraient sur un joint de chanvre indien. Ces dernières l’ont catégoriquement nié. ‘’J’étais partie vendre deux robes en soie à une de mes fans. Il y avait du monde. Je faisais rire l’assistance. Nous étions là depuis une trentaine de minutes, lorsque quelqu’un a crié «Police». Tout le monde s’est enfui, sauf nous, car nous n’avions rien à nous reprocher’’, a déclaré une Aïda Patra aux traits tirés.
Hier, la reine de ‘’Patra Show’’ était méconnaissable dans son accoutrement très sobre. Sans paillettes, ni strass, ni maquillage, elle était vêtue d’une tunique jaune, le corps recouvert d’un grand voile assorti de la même couleur. Sa voix était à peine audible, au point de se faire prier de répéter ses propos. Dès qu’elle a réitéré sa déclaration, le président lui a lancé : ‘’Ce que vous venez de dire est contradictoire par rapport à ce que vous avez dit dans le procès-verbal !’’ ‘’ J’ai signé le PV sans savoir le contenu. Lorsque je l’ai contesté, après lecture, les policiers m’ont dit que j’étais ivre lorsqu’ils m’interrogeaient’’, s’est défendue l’animatrice.
« RAS, mais Aïda Patra est là »
Sa coprévenue également a laissé entendre que ses aveux ont été extorqués, car elle n’a jamais déclaré que la maison où elles ont été appréhendées était un fumoir de drogue. Elle a réfuté avoir dit aux policiers que le fumoir de crack et le papier destiné au conditionnement de la drogue appartenaient à Aïda Patra. La ligne de défense de Maria a consisté à dire que les policiers se sont acharnés sur elle, car ils voulaient qu’elle leur dise où se trouvait le propriétaire de la maison, Banda dit Ndiaga Sèye. Selon elle, rien n’a été trouvé par devers elles.
‘’Les policiers ont fouillé et n’ont rien trouvé. L’un d’eux a appelé le Commissaire en lui disant « RAS, mais Aïda Patra est là. » Alors, il lui a dit: « Embarquez-là », a soutenu Maria. Et d’ajouter que Patra ne fumait pas, mais elle avait ‘’un peu bu’’. La restauratrice a également déclaré qu’elle ne fumait pas car elle a arrêté après avoir contracté la tuberculose. ‘’Aïda Patra était venue pour vendre des robes et cheveux naturels. Moi, j’y étais pour discuter. Je fréquente cette maison depuis un mois. Chaque fois, on se met sur la terrasse pour fumer des Marlboro’’, a conclu Maria.
Mais, le représentant du parquet a fait savoir qu’il ne croit pas un mot de la version servie par les prévenues. Ceci, a expliqué le parquetier, pour la simple raison que du résidu de chanvre indien ainsi que des objets ont été trouvés sur place. Il s’y ajoute que la police scientifique a conclu que les traces trouvées dans le fumoir sont de la drogue. N’empêche que Me Abdou Abdoul Daff a considéré que cela ne constituait pas une preuve. L’avocat a relevé que les empreintes des prévenues ne figurent pas sur le fumoir et les mégots.
Selon lui, il s’agit d’un dossier ‘’gonflé’’. Son confrère Me Aboubakryne Barro reste persuadé que Aïda Patra est victime ‘’d’acharnement’’. Ou plutôt du ‘’délit de présence’’, selon Me Alioune Sow. Ce qui a fait dire à Me Abdou Dialy Kane que l’animatrice n’a pas à justifier sa présence sur les lieux, fût-il un milieu interlope. Pour Me Bruce Benoît, Aïda Patra est tout simplement victime du ‘’délit de notoriété’’ et que les policiers n’ont pas digéré le fait qu’elle ait été relâchée, lors de sa première interpellation. Au regard de tous ces éléments, Me Ousseynou Gaye doute même de l’existence de la drogue.