La première édition du Future Film Festival – festival du film écologique et de la protection de la nature – s’est ouverte lundi matin au Goethe Institut par une table ronde au cours de laquelle l’impact négatif de la dégradation des écosystèmes sur la qualité de vie a été mis e exergue par des spécialistes, a constaté l’APS.
Dans une première communication sur ‘’environnement, cadre de vie et responsabilité citoyenne’’, le directeur de l’Institut des sciences de l’environnement (ISE), Bienvenue Sambou, a dressé un état des lieux ‘’sombre’’ de l’environnement et insisté sur la nécessité de d’en adopter une gestion ‘’plus responsable’’.
‘’Nous sommes malades de notre environnement dont l’état impacte sur notre vie de tous les jours. Les médecins sont aujourd’hui confrontés de plus en plus à des infections qu’ils ne comprennent pas. Nous sommes malades de ce que nous mangeons, de ce que nous buvons’’, a-t-il dit, relevant, à titre d’exemple, les déchets rejetés à la mer et la mauvaise qualité de l’eau.
M. Sambou a ajouté : ‘’Nos écosystèmes sont complètement dégradés pour les besoins de la satisfaction des populations en énergie et en mobilier. Et ce processus va se poursuivre jusqu’à son terme. Le peu qui nous reste encore (à Tambacounda et en Casamance) est en train de disparaitre. C’est quand on va arriver à terme, qu’on va s’arrêter pour réfléchir’’.
Au-delà de l’exploitation sous toutes ses formes, ‘’nous avons l’exploitation minière, dont il faut travailler à minimiser l’impact négatif, mais on se rend compte qu’il y a une superposition entre ces ressources minières et les écosystèmes’’, a souligné le directeur de l’ISE, qui a rappelé les mesures prises par les autorités étatiques et non étatiques.
Mais ces efforts, a-t-il déploré, ne sont pas encore suffisants pour faire face à l’ampleur du problème. ‘’Le secteur privé, l’industrie extractive notamment, qui, pour une part, est responsable de la dégradation de notre cadre de vie, n’est pas encore suffisamment sensible à la question de la responsabilité sociétale et environnementale’’.
Pour sa part, la directrice générale de l’Agence de la recherche scientifique appliquée, Sophie Gladima Siby, a signalé qu’il y a ‘’beaucoup de difficultés dans la gestion et le recyclage des déchets, à la fois aux niveaux administratif et environnemental’’.
‘’Il y a un problème dans la collecte dans les zones urbaines. Et dans le monde rural, où le problème est aussi crucial, nous n’avons pas encore trouvé la formule adéquate’’, a-t-elle affirmé.
Elle a relevé l’intérêt d’avoir un site d’enfouissement, ‘’parce qu’on peut créer avec cela une véritable économie à travers le recyclage et la création d’unités de transformation’’, à travers la production de biogaz, d’électricité et de carburant, tout en luttant contre la pollution, la prolifération des sachets.
Sophie Gladima Siby a salué l’initiative d’organiser ce festival, estimant qu’il est important de ‘’sensibiliser les populations à travers ce qu’il voit dans des films’’.
La troisième communication de la table ronde, faite par Latyr Diouf, aménagiste et enseignant à l’Ecole supérieure d’économie appliquée, a porté sur la dégradation de l’environnement en milieu rural.
M. Diouf a fait part de son expérience de l’évolution des écosystèmes, la dégradation du système de production, de l’habitat, de l’école, entre autres.
Il a dit que la dégradation de l’environnement est ‘’à l’origine de toutes les crises, écologiques, économique et sociales, mettant en exergue trois défis : le pillage des ressources halieutiques et forestières, la question de l’accaparement des terres et celle de l’exploitation minière.
Pour lui, le cinéma peut être ‘’un grand vecteur de sensibilisation’’ sur ces questions. ‘’Il y a lieu de prendre en charge de manière plus sérieuse la dégradation des terres qui est un vrai désastre, celle de l’accaparement des terres qui met les paysans dans la situation de les vendre, la question de la résilience des communautés de base face aux changements climatiques’’, a dit Latyr Diouf, qui a plaidé pour une ‘’rencontre’’ entre les savoirs scientifiques et locaux pour faire face aux défis.
L’idée d’organiser cette édition dakaroise du festival de l’environnement et de la protection de la nature de la région de Brandenburg-Berlin en Allemagne est venue de l’attribution en 2013 du prix du public au film ‘’La Pirogue’’ du réalisateur sénégalais Moussa Touré, indique le directeur de la manifestation, le professeur Maguèye Kassé, dans une note de présentation.
Une quinzaine de films abordant des problématiques environnementales seront projetés jusqu’au 1 novembre, au Goethe Institut, à l’UCAD 2, à Grand-Yoff, au Centre culturel Blaise Senghor, au Badaciné.
Dans son organisation, le festival implique les ministères sénégalais de la Culture et de l’Environnement, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’association ‘’Image et Vie’’, la Goethe Institut à Dakar,