Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Procès de l’ex-Président tchadien : Habré décroche un soutien
Publié le mardi 17 novembre 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Après son témoignage devant la Cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires, Clément Abaifouta, président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissein Habré (Avcrh), évoque le différend qui oppose sa structure à celle du Dr Zakaria Fadul. Clément Abaifouta réitère son souhait de voir l’ex-Président tchadien rompre le silence.

Vous avez rêvé de ce moment. A plusieurs reprises, vous avez fait des va-et-vient entre Ndjamena et Dakar pour réclamer le procès de Hissein Habré. Aujour­d’hui, après avoir témoi­gné devant la Cour, qu’est-ce que vous avez ressenti ?
D’abord, il faut dire que c’est beaucoup d’émotions. C’est de profondes émotions, parce qu’après 25 ans d’attente et de patience, ce fut le moment, j’allais dire, crucial de ma vie. D’ailleurs à la veille, je n’ai pas pu fermer l’œil, parce qu’il fallait que je puisse avoir le temps d’arranger tout dans ma tête. Pendant que je déposais mon regard était fixé sur Habré, il a fallu que je fasse un effort pour me concentrer, pour que je ne craque pas. Il faut dire que c’est en même temps un ouf, un soulagement, une satisfaction. Mais, il faut dire que c’est le couronnement de plusieurs années de sacrifices et de patience. Je me dis aussi que c’est pour moi un pansement, un pansement de tout ce que j’ai accumulé. C’est comme une femme qui a une grossesse et qui, arrivée au moment de son accouchement, est délivrée parce qu’elle est arrivée au bout de sa peine.

Est-ce que vous aimeriez voir Habré parler pour que vous soyez confronté ?
C’est bien dommage. J’ai toujours rêvé de croiser le regard de Habré pour qu’il me dise pourquoi il m’a fait arrêter. La lecture que je fais par rapport au silence de Habré, c’est le mépris à la mémoire de toutes les victimes. C’est même une injure. On ne peut pas comprendre que Hissein Habré qui était comme un Dieu, un puissant, perdre aujourd’hui la parole. Je suis révolté face à son attitude. Il ne peut pas se comporter comme cela face à toutes ces accusations.

Est-ce qu’il va continuer à garder le silence ?
On voit que vous êtes trois associations de victimes et d’après ce nous voyons, on ne peut pas dire que le courant passe entre vous…
La Constitution tchadienne permet à tout le monde de créer une association, un parti politique. Le nombre d’associations ne pose pas de problème. La difficulté, c’est l’attitude et le comportement de certains responsables d’associations. Certains font preuve de concurrence et veulent faire dans la récupération. Car jusqu’à preuve du contraire, l’association qui s’est le plus investie dans la lutte pour que le procès se tienne, c’est l’Association défendue par Jacqueline Moudeina. Il faut être humble et reconnaître que si nous en sommes à ce point, c’est grâce aux avocats de l’Association des victimes du régime de Hissein Habré et des organisations de défense des droits humains qui nous accompagnent.

Qu’est-ce que vous appelez récupération ? Vous faites allusion à qui ?
Je fais allusion au responsable de l’Avrcp (Ndlr : Zakaria Fadul, président de cette association) qui pense que Me Jacqueline et autres sont en train de récupérer. Mais qu’est-ce qui se passe au niveau de Ndjamena ? Pendant que nous étions dans le procès, il a dit très clairement aux membres de son association : «Allez vous faire assister par Me Jacqueline Moudeina ; moi j’ai choisi un avocat pour ma famille.» Les membres de son association se sentant abandonnés sont venus auprès du cabinet de Me Moudeina. A sa grande surprise, il découvre que les victimes membres de son association sont défendues par Me Jacqueline et son collectif et non par ses avocats qui n’ont jamais fait le déplacement sur Ndjamena.

Il vous a fait comprendre qu’il n’était pas content de cette démarche ?
C’est la lecture que nous avons faite de ses gesticulations et agitations.

Qu’est-ce qu’il a fait ?
Il est venu se plaindre auprès de nos avocats pour dire : «Non, ces gens-là font partie de mon association.» Je pense que cette attitude ne l’honore pas et ne nous honore pas. Car nous défendons les mêmes intérêts dans un même dossier.

Maintenant vous avez dépassé le problème ?
Je pense que certains ont dû lui parler et il est revenu à de meilleurs sentiments. J’ose croire qu’il s’est ressaisi.

Vous avez fait la paix ?
Il n’y a pas de problème. C’est juste un excès de zèle mais au fond il n’y a pas de problème. Je vous rappelle qu’au début c’était une seule et unique association. Ce sont la mauvaise gestion et certains comportements qui ont été à l’origine de notre séparation.

Dans vos propos, on vous entend toujours prôner la réconciliation des fils de Tchad. Après le procès, on peut dire que cet objectif n’est pas encore atteint, si l’on sait que les responsables des associations ont du mal à parler le même langage ?
Me Jacqueline a toujours dit qu’elle ne défend pas une association mais toutes les victimes de tous bords. Elle ne se cantonne pas à une seule association. Mais des gens font tout pour faire croire à l’opinion qu’elle travaille pour une association. L’objectif du procès, c’est de donner de la matière au gouvernement tchadien pour mettre en place un mécanisme vers la réconciliation nationale. Car Hissein Habré a utilisé le tissu social pour diviser les Tchadiens et que tout de monde sait que le Tchad revient de très loin. Nous avons intérêt, après le procès, à réconcilier les cœurs et les esprits.
Commentaires