Paris a connu hier une série d’attentats meurtriersqui a fait plus de 100 morts , dix mois après la tuerie de Charlie Hebdo. François Hollande a décrété l’état d’urgence en France.
Les Français n’ont pas dormi hier. Ils ont dû passer la nuit à compter les morts après les attentats terroristes qui ont frappé Paris hier. Le bilan officieux fait état de plus de 100 morts et une centaine de blessés. Et des dizaines d’otages. Il va probablement évoluer, car les «fous de Dieu» sont armés d’une volonté manifeste de tirer à vue sur les personnes qu’ils vont croiser dans les rues de la capitale française. Des tireurs ont ouvert le feu dans le bar «Le Carillon», puis près du Bataclan et dans cinq autres lieux. Des témoins évoquent cinq à six tireurs, non cagoulés, qui détenaient des fusils d’assaut et des kalachnikovs. La police a donné l’assaut au Bataclan où avait lieu un concert du groupe californien Eagles of Death Metal ; ce qui subodore une attaque terroriste planifiée.
Touchée en plein cœur dix mois après la tuerie de Charlie Hebdo, la France a fait appel à une mesure exceptionnelle. Dans une allocution télévisée hier à 23h 50, le Président François Hollande a décrété l’Etat d’urgence en France et la fermeture des frontières après une «attaque terroriste». «J’ai demandé des renforts militaires. J’ai également convoqué le Conseil des ministres. Deux décisions seront prises : l’état d’urgence sera décrété, ce qui veut dire que plusieurs lieux seront fermés, la circulation sera interdite dans certains endroits», annonce Hollande sur un ton martial. Il poursuit : «La deuxième décision que j’ai prise, c’est la fermeture des frontières afin que les personnes qui ont commis ces crimes puissent être appréhendées. Nous savons d’où vient cette attaque. Nous devons faire preuve de compassion et de solidarité, mais nous devons également faire preuve d’unité.»
Etat d’urgence décrété
Bien sûr, il faudra beaucoup d’énergie pour se relever de cette attaque qui met à nu la vulnérabilité de Paris. Il faut admettre aussi que la guerre contre le terrorisme sera de longue haleine à cause des méthodes non conventionnelles utilisées par les «fous de Dieu». Les attaques sont tellement coordonnées que le bilan ne pouvait être qu’aussi lourd.
Les premières détonations ont eu lieu aux alentours du Stade de France où se déroulait le match amical France-Allemagne (0-1). On a dû évacuer le Président français qui suivait la rencontre dont l’issue est devenue anecdotique. Sur le sujet de l’attaque du Carillon, Libération évoque deux tireurs, au moins, qui auraient commencé à tirer dans le bar, avant de prendre la fuite. Celle-ci aurait eu lieu vers 21h 20, quand un homme a tiré à l’arme automatique deux salves, l’autre visant «le Petit Cambodge», en face. «Cela a duré terriblement longtemps», raconte un témoin. «Il a levé sa kalachnikov et tiré dans le Carillon. On entendait que les gens crier, on n’entendait pas le tireur, il y a une dizaine de corps à terre», explique un témoin au journal français.
Au Bataclan, la salle de concert, où jouaient les Eagles of Death Metal, une «grosse détonation» ainsi qu’une vingtaine de coups de feu ont été entendus par des témoins sur place, rapporte Libé. Il y a eu une prise d’otages. Un témoin raconte : «J’étais dans la fosse devant, c’était un concert où la musique était forte, j’ai entendu des pétarades, je me suis retourné, et j’ai vu une silhouette avec une casquette qui se détachait vers la porte du fond, il tirait dans ma direction. Les gens ont commencé à tomber et se jeter au sol. Je pensais que le mec à côté de moi était mort. Je pense que c’est le cas. J’ai couru, j’ai sauté la barrière et je suis sorti dans le premier mouvement de foule près de la scène.» Hier, c’était Vendredi 13 à Paris. Ce jour a pour particularité d’être associé à une superstition présente dans certaines cultures qui en fait un jour de malheur pour certains. Et Paris a vécu un véritable carnage hier.