Après plusieurs renvois, le procès en diffamation opposant Dr Ahmad Lô à Cheikh Tidiane Niass s’est finalement tenu hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar.
A défaut d’un règlement à l’amiable Docteur Ahmad Lô et Cheikh Tidiane Niass ont dû solder leurs comptes à la barre du tribunal correctionnel de Dakar. L’islamologue se sent diffamé par le petit-fils de Baye Niasse. Cheikh. T. Niass l’a traité de terroriste. Selon Ismaël Ndiaye, représentant de la partie civile, le sieur Niass a porté les accusations à travers une contribution parue dans la presse avant de récidiver au cours d’une émission de télévision. Selon les termes de la citation, le prévenu a soutenu que Dr Lô est un terroriste car il a traité de ‘’mécréants’’ les défunts chefs religieux du Sénégal, à travers un de ses livres paru en 1994.
D’après toujours la citation, M. Niass a affirmé que celui qui fut le président des Oulémas d’Afrique figure parmi les sept terroristes ciblés par les services secrets américains, la CIA. Selon M. Ndiaye, au cours de la même émission, le jeune ‘’niassène’’ s’est offusqué du fait que Dr Lô ait participé, en tant que personne ressource, au colloque sur la paix, la sécurité et le terrorisme alors qu’il est ‘’le plus grand terroriste’’.
Interrogé, le prévenu a assumé l’essentiel des propos qui lui sont incriminés. C. T. Niass a affirmé que Dr Lô est bel et bien un terroriste. Lorsque le juge lui a demandé sur quoi il se fondait pour faire de telles allégations, Niass a parcouru quelques extraits du livre écrit par le plaignant. ’’Je l’ai traité de terroriste car dans son livre, il demande à ceux qui ont la capacité de détruire les tombes des religieux…’’, a argumenté le prévenu. Toutefois, il a nié avoir affirmé que Dr Lô figure sur la liste de la CIA mais il a dit qu’il doit y être intégré.
Ismaël Ndiaye a balayé d’un revers de main les allégations du prévenu et a laissé entendre que Niass a fait une mauvaise interprétation du livre écrit en arabe. Il a juré sur le Coran que Dr Lô n’a jamais traité de mécréants les religieux.
Me Bamba Cissé a abondé dans le même sens en laissant entendre que si tel était le cas, l’auteur aurait subi des représailles depuis 22 ans. Il a soutenu que le prévenu ne maîtrise pas la langue arabe. Sur sa lancée, Me Cissé s’en est pris à ceux qui taxent les barbus de terroristes. Il ajouté que les religieux comme El hadj Malick Sy, Cheikh Bamba, Baye Niass sont des patrimoines pour tous les Sénégalais et non d’un quelconque groupe.
Aussi-il a-t-invité le tribunal à décerner un mandat d’arrêt ou un mandat de dépôt au prévenu. Car, aux yeux de Me Cissé, Niass ‘’est un agitateur dangereux’’ et à cause de lui, Dr Lô craint pour sa sécurité. Parce que d’après Me Ousmane Sèye, le prévenu lui a fait dire ‘’des choses extrêmement graves sur sa personne et sur le Sénégal’’. Ainsi, Me Sèye a invité le tribunal à infliger au prévenu ‘’une décision exemplaire pour dissuader les gens qui prennent le terrorisme comme prétexte pour des règlements de comptes personnels’’. Au lieu de 500 000 F CFA réclamés initialement dans la citation, Mes Cissé et Sèye ont finalement sollicité le franc symbolique.
Mais aux yeux de Me Djiby Diallo, conseil du prévenu, il faut prendre cette affaire avec beaucoup de philosophie puisqu’il s’agit d’un débat intellectuel. Par ailleurs, il a demandé au tribunal de déclarer la procédure nulle, vu que dans le procès-verbal de constat, les propos incriminés sont écrits en wolof avec l’alphabet français. Donc à défaut d’être écarté, l’avocat de Ch. T. Niass a plaidé la relaxe en soutenant qu’il y a aucune intention malicieuse ou une volonté de nuire.
Délibéré le 8 décembre prochain.