Le président de la République, Macky Sall, n’acceptera pas les prêches et autres attitudes pouvant déboucher sur le terrorisme. Parlant de l’arrestation des imams hier, lundi 9 novembre, il a indiqué qu’aucune conduite contraire aux valeurs culturelles du Sénégal ne sera acceptée. Il s’exprimait à la deuxième édition du Forum sur la paix et la sécurité ouvert à Dakar.
Le président de la République, Macky Sall, est décidé à lutter contre la présence de terroristes au Sénégal. Hier, lundi 9 novembre, parlant des imams mis aux arrêts pour apologie du terrorisme, le chef de l’Etat a affirmé que «nous ne devons pas accepter les idées contraires à un Islam tolérant. L’Islam pratiqué dans la sous région est une religion de tolérance. Nous ne saurions accepter qu’on vienne nous imposer une autre forme de religion qu’on n’a pas connu jusque-là».
Le Président de la République qui s’exprimait à la deuxième édition du Forum sur la paix et la sécurité ouvert hier, lundi 9 novembre à Dakar, a aussi mis en garde les politiques qui tenteraient de lier les arrestations d’imams à des motivations autres qu’une volonté de maintien de la paix. «Nous venons d’arrêter des imams au Sénégal, j’ai entendu des hommes politiques essayer d’en déduire un quelconque lien. Je les invite à faire très attention. Je peux dire, dès à présent, que dans la lutte contre le terrorisme aucun écart ne sera toléré. Il s’agit de la sécurité nationale et de la sécurisation des personnes et des biens. Nous ne saurions tolérer un certain type de discours contraire à nos valeurs, et cela tout le monde va le comprendre», prévient-il.
Ainsi, dans la croisade contre les terroristes, le président de la République engage tous les segments de la société. «C’est une question de la société toute entière, ce n’est pas seulement l’affaire des Etats. Lorsqu’on voit des formes nouvelles, par exemple de port de voile intégral dans nos sociétés alors que ça ne correspond ni à notre vécu, ni à notre tradition, encore moins à notre conception de l’Islam, nous devons avoir le courage de le combattre. Toute forme excessive de nous imposer une nouvelle manière de faire et d’être sera combattue».
Se voulant plus catégorique, le président de la République d’affirmer: «nous ne pouvons pas accepter que des modèles qui viennent d’autres parts soient imposés en Afrique parce que simplement les africains sont pauvres. Ils financent des mosquées ou des écoles et pensent donc qu’ils doivent nous imposer une nouvelle culture, une nouvelle tradition, nous devons le refuser en tant qu’africains».
LA PREVENTION EST PRIMORDIALE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Le terrorisme ne peut être combattu sans une anticipation sur les attaques armées. «Il importe de privilégier l’approche préventive, d’anticiper sur les menaces à la paix et à la sécurité en lieu et place d’une démarche curative». La prévention est nécessaire car, laisse entendre le chef de l’Etat, «les crises, lorsqu’elles éclatent, sont plus difficiles à résoudre». Par ailleurs, le président de la République a aussi souhaité une réforme dans le système de maintien de la paix. «Les formes traditionnelles de maintien de la paix sont peu opérationnelles, pour ne pas dire, inefficaces». Ainsi Macky Sall préconise-t-il «des réponses rigoureuses et des équipements adéquats pour protéger les pays contre les bandes armées». Mieux, il souhaite une approche régionale qui allie ouverture des frontières et guerre contre le terrorisme. Le partage de renseignements et d’expériences entre les armées doit être aussi promu.
Dans la stratégie de défense contre le terrorisme, le président de la République milite, d’ailleurs, pour une grande coopération entre les pays. Car, dit-il, «aucun pays à lui seul ne peut contrecarrer le terrorisme». Toujours de l’avis de Macky Sall, il importe de lutter contre toutes les causes d’instabilité. Dès lors, les efforts des Etats africains doivent être tournés vers la promotion de l’Etat de droit. L’éducation et l’emploi des jeunes doivent être valorisés, affirme le président Macky Sall. Le chef de l’Etat trouve, en outre, qu’il faut un engagement sans faille des armées. «Il faut que les armées soient des armées nationales au lieu des armées tribales. Elles doivent être au service de la nation».
Selon le président de la République il est aussi nécessaire de s’atteler à la formation des élites. Sur ce, il plaide pour une collaboration entre les académies des pays qui partagent avec les Etats africains la même vision de la pratique de l’Islam. Macky Sall trouve aussi que les pays occidentaux doivent essayer de trouver un appui différent de la présence sur le terrain. Le soutien financier et la formation doivent être promus.
PROLIFERATION DES BANDES ARMEES : La porosité des frontières, un atout pour les terroristes
Les bandes armées profitent de la porosité des frontières ouest africaines pour mieux assoir leurs pratiques. L’avis est du Conseiller à la sécurité du Nigéria, le général Mohammed Babagana et du Chef d’Etat major des Armées de la France, Pierre de Villiers. Hier, lundi 9 novembre, ils ont pris part à la deuxième édition du Forum sur la paix et la sécurité ouvert à Dakar.
La porosité des frontières ouest africaines est un atout pour les groupes terroristes. La remarque est du Conseiller sécuritaire du Nigeria, le général Mohammed Babagana Monguno. Prenant exemple sur son pays où le groupe Boko Haram sème la terreur, le nigérian pense que la situation qui sévit dans son pays guette presque tous les autres pays de la région sahélienne du fait de la mobilité des bandes armées. Mohammed Babagana affirme ainsi que les groupes terroristes se livrent à un partage de pratiques rebelles. Mieux, du fait de la facilité dans la traversée entre les pays, ils s’activent dans le trafic de drogues, des êtres humains et des armes.
L’avantage que prennent les groupes terroristes de la porosité des frontières est aussi mis en relief par le Chef d’Etat major de l’armée française, Pierre de Villiers. A son avis, les terroristes s’activent dans les frontières souvent très difficiles à pénétrer. Parlant toujours des faits qui donnent de la force aux bandes rebelles, le Chef d’Etat major des Armées de la France indexe la mondialisation
. Pour lui, Internet et les nouvelles technologies de l’information et de la communication augmentent la faculté de recrutement des groupes terroristes qui profitent aussi de ces technologies pour véhiculer des messages de haine. Ainsi, pour venir à bout du terrorisme, le officier supérieur français trouve nécessaire d’analyser les modes d’action des terroristes car, dit-il, ils sont de plus en plus faciles pour les faiseurs de troubles. Le Chef d’Etat major des Armées de la France d’ajouter, en outre, que la lutte contre le terrorisme doit aussi être inscrite dans la durée. Pour sa part, la Secrétaire au département de la Défense des Etats Unis, relève que bien qu’une coopération soit nécessaire dans la lutte contre la prolifération des groupes terroristes, les approches ne doivent pas être identiques du fait de la spécificité des pays. Le Conseiller à la sécurité du Nigéria, quant à lui, trouve qu’il faut que les Etats africains instaurent des politiques qui prennent en charge la demande sociale de toutes les couches de la société.
LES TERRORISTES FAVORISENT L’EMERGENCE DE GROUPES LOCAUX
L’installation d’ Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Nord du Mali est à l’origine de l’émergence de groupes de protestation locaux. C’est la conviction du ministre de la Défense du Mali, Tieman Hubert Coulibaly. Hier, lundi, à l’ouverture du Forum sur la paix et la sécurité, il a déploré l’émergence de ces mouvements de contestation qui nuisent, dit-il, aux démocraties faibles et tentent d’entacher les modes de vie dans les sociétés africaines. La lutte contre le terrorisme est nécessaire du fait de sa transversalité, a jugé le ministre malien de la Défense, Tieman Hubert Coulibaly.
JEAN YVES LE DRIAN, MINISTRE FRANÇAIS DE LA DEFENSE : «Il faut une synergie médiatique pour changer l’image véhiculée par les groupes terroristes»
Le ministre français de la défense, Jean Yves le Drian trouve qu’il faut une campagne médiatique et théologique à long terme pour changer la perception de l’Islam véhiculée par les groupes armés. Mieux, ajoute-t-il, il faut que les Etats se concertent pour mettre en œuvre cette synergie de médiatisation théologique pour répondre à l’offense caricaturale hautement technologique menée par les terroristes qui n’ont d’intérêt que d’enrôler des jeunes. Toujours de l’avis de Jean Yves Le Drian, il faut des armées engagées dans la prise en charge de l’intérêt des populations pour venir à bout du terrorisme.
ECHOS DU FORUM SUR LA PAIX ET LA SECURITE
1000 participants présents à Dakar
Ouvert à Dakar hier, lundi 9 novembre, la deuxième édition du Forum international sur la paix et de la sécurité a réuni prés de 1000 participants venus de plusieurs pays. Une affluence qui témoigne, selon le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mankeur Ndiaye, de la volonté des participants à relever les défis communs qui compromettent la paix et la sécurité dans le continent. Saluant la tenue du forum qui, affirme Mankeur Ndiaye, s’engage dans une logique de continuité du Sommet de l’Elysée tenu en territoire français en décembre 2013, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur révèle que la rencontre se veut un cadre de dialogue et d’échange sur les nombreux défis qui interpellent le continent. Le forum de Dakar est aussi un cadre pour les différentes autorités de l’Afrique pour évaluer, analyser les moyens dont elles disposent pour faire face aux nombreux défis sécuritaires.
La faiblesse des institutions, facteur de violence
La faiblesse des institutions en Afrique favorise non seulement la pauvreté mais aussi la violence. L’analyse est du spécialiste en chef pour les questions de fragilité, de conflit et de violence, à la Banque mondiale, Alexandre Marc. L’expert en chef pour les questions de fragilité de penser ainsi que les politiques de stabilisation ne sont pas suffisamment menées en Afrique. Parlant toujours de «défis sécuritaires et croissance économique», Alexandre Marc pense aussi que l’immigration devra aussi être mieux gérée pour éviter les tensions internes. Mieux, ajoute-t-il, l’accès à la terre devra également être amélioré. Pour une paix durable dans la sous région, l’approche régionale doit être privilégiée, juge-t-il.
Le forcing de la Mauritanienne
Tous les participants à l’ouverture du Forum sur la paix et la sécurité hier, lundi 9 novembre, ont remarqué la forte volonté d’une ministre mauritanienne à faire passer son discours. En effet, même si la liste des orateurs a été réduite au strict minimum, la représentante de la Mauritanie a réussi à faire passer son discours. Ayant demandé la parole pour intervenir sur les défis du terrorisme, elle a pris plusieurs minutes pour délivrer son message. Les acclamations du public, les rappels à l’ordre du modérateur n’y feront rien, elle a achevé la lecture de son message.