Au Forum sur la paix et la sécurité de Dakar, le Président Macky Sall a enfilé le treillis du général prêt à aller au front avec ses troupes. Toute une posture radicale pour se dresser contre des ennemis nouveaux, dans un contexte de lutte contre le terrorisme. Ce nouveau front ouvert par le général Sall est constitué par le port du voile intégral, une bonne formation des imams en vue d’asseoir un islam tolérant et modéré au Sénégal et, enfin, un certain type de discours des hommes politiques liés aux dernières arrestations opérées chez des imams et ayant des soubassements politiciens.
«On n’acceptera pas qu’on vienne nous imposer un modèle d’islam différent de celui qu’on a connu jusque-là comme étant modéré et tolérant.» C’est la déclaration faite hier par le Président Macky Sall lors du panel de haut niveau organisé dans le cadre du Forum international sur la paix et la sécurité. Le chef de l’Etat estime qu’il «faut développer une politique théologique et philosophique avec une formation des imams dans le sens d’un islam tolérant, le modèle adopté dans la sous-région ouest-africaine». D’après le Président Sall, il faudrait même travailler avec les pays qui ont le même modèle de l’islam pour des académies et des écoles de formation de l’islam qui s’adaptent à notre culture. «Cette religion doit s’adapter à ce que nous sommes, à notre culture. Il faut que les gens acceptent, il y a un volet sur la formation des imams et des élites pour ne pas faire l’objet de harcèlement.» De l’avis de M. Sall, notre pratique de l’islam ne peut pas être la même qu’en Afghanistan, au Moyen-Orient et même au Maghreb.
Poursuivant sa réflexion sur la pratique de la religion musulmane en Afrique de l’Ouest, le Président Sall soutient que c’est une question qui concerne la société tout entière. «Ce n’est pas seulement l’affaire des Etats. Lorsqu’on voit par exemple une nouvelle forme de port de voile intégral dans notre société alors que cela ne correspond ni à notre culture ni à notre tradition encore moins à notre conception de l’islam, nous devons avoir le courage de combattre cette forme excessive de nous imposer une manière d’être», a-t-il alerté.
«On ne saurait tolérer pour des raisons politiciennes un certain type de discours»
Pour lui, les organisations de la société civile et les hommes politiques doivent être à la pointe de ce combat. Parlant de ces derniers, il soutient qu’ils «doivent assumer pleinement et à la lumière du jour la lutte contre le terrorisme». Profitant de cette occasion, le président de la République a mis en garde les hommes politiques qui essayeraient de tenir certains discours sur la lutte contre le terrorisme, dans lequel le Sénégal s’est engagé avec notamment l’arrestation d’imams. «Nous venons d’arrêter des imams, j’ai entendu des hommes politiques faire le lien. Je les invite à faire très attention, la lutte contre le terrorisme ne saura tolérer ce genre d’écarts lorsqu’il s’agit de la sécurité nationale. On ne saurait tolérer pour des raisons politiciennes un certain type de discours et cela, tout le monde doit le comprendre», a-t-il prévenu.