Les adolescents et les jeunes sont souvent ignorés dans les programmes d’information, d’offre de services et de produits contraceptifs. Pourtant, chaque année, des millions d’adolescentes, âgées de moins de 18 ans, tombent enceintes dans le monde. Il est donc urgent de trouver les voies et moyens pour leur permettre d’accéder aux services si elles le désirent.
ADDIS-ABEBA (Ethiopie) - Trois cent cinquante jeunes prennent part à la troisième Conférence internationale sur la planification familiale (Addis-Abeba, 12-15 novembre 2015). Une première depuis le démarrage, en 2009, à Kampala (Ouganda), de la biennale dédiée à la promotion de la santé de la mère et de l’enfant par l’espacement des naissances. Cette année, si la décision d’intégrer les jeunes dans l’agenda de cette importante rencontre est prise, c’est parce que leurs besoins, notamment dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, ne sont pas toujours pris en compte dans les programmes de santé. Surtout que, renseigne le rapport 2013 sur la population mondiale publié en octobre dernier, chaque année, 7,3 millions d’adolescentes tombent enceintes dans le monde. Ainsi, tous les jours, 20.000 filles deviennent mères. « Il faut arrêter cela ! » déclare Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa). Et cela passe par l’information et l’offre de services de santé appropriés aux jeunes et aux adolescents, particulièrement dans le domaine de la contraception. C’est dans ce sens qu’intervient l’Association sénégalaise pour le bien-être familial (Asbef) pour faciliter à cette couche de la population du Sénégal, représentant 54,6 %, l’accès aux services et produits contraceptifs. Dans ce cadre, Pape Momar Mbaye, volontaire de l’Asbef et président du Mouvement d’action des jeunes (Maj), a présenté, lors de la session « Améliorer l’accès mondial à la planification familiale », une présentation sur l’« Offre de services de planification familiale aux adolescents/jeunes avec le projet « Choix des jeunes ». Ce dernier est en train d’être exécuté par l’Asbef pour la période 2011-2014 dans 5 sites du pays (Dakar, Guédiawaye, Kolda, Fatick et Richard-Toll) où la prévalence contraceptive dans la cible concernée est seulement de l’ordre de 5 %.
Selon M. Mbaye, cette expérience a permis de se rendre à l’évidence que quand on met en place des installations adéquates au profit des adolescents et des jeunes et un personnel qualifié, ces derniers vont fréquenter les cliniques d’offre de services et de produits contraceptifs. C’est ainsi que ces structures ont permis de favoriser un large accès des adolescents et des jeunes aux services et produits.
Entre janvier et décembre 2012, la distribution des préservatifs a représenté 87 % des services. Des injectables et des pilules ont aussi été offertes. « Mais aucune méthode de longue durée de planification familiale n’a été demandée par les adolescentes et les jeunes », reconnaît Pape Momar Mbaye qui fait également savoir que la contraception d’urgence n’a pas été réclamée dans les cliniques concernées durant la période de recueil des données fournies dans le cadre de l’exécution du projet « Choix des jeunes ».
Pour Dr Bocar Daff, patron de la Direction de la santé de la reproduction et de la Survie de l’enfant (Dsr/Se) au ministère de la Santé du Sénégal, la santé des adolescents était négligée. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’un changement est intervenu au niveau de la structure qu’il dirige avec le Bureau des adolescents qui est devenu une Division. En effet, il a été constaté que les enfants n’étaient pas pris en compte dans aucun programme entre 5 ans et 10 ans. « Aujourd’hui, la santé des adolescents reprend donc de l’élan, et il est question de mettre l’accent sur cette cible pour qu’elle puisse reconnaître certains actes pouvant être dénoncés », indique Dr Daff.
