L’Ivoirien Yaya Touré, seul footballeur africain parmi les 23 nominés du Ballon d’or Fifa 2015, dit avoir l’impression que les joueurs originaires d’Afrique dérangent l’ordre établi du football mondial lorsqu’ils réussissent.
"Je dis juste qu’un Africain tout en haut, ce n’est pas dans la norme. Et un noir insulté sur un terrain par des supporters, ça n’a pas l’air de déranger grand monde", a dit le champion d’Afrique 2015, dans un entretien publié mardi par l’hebdomadaire France Football.
L’ancien pensionnaire de l’académie de l’ASEC d’Abidjan estime que "rien n’est fait pour faciliter le chemin" aux footballeurs africains.
"Si j’étais un Brésilien, je crois que tout aurait été plus facile pour moi", a estimé le joueur de Manchester City (élite anglaise), qui a été victime d’insultes racistes à Porto (Portugal), en février 2012, et à Moscou (Russie), en octobre 2013.
Yaya Touré, qui refuse de revenir dans sa sélection nationale depuis la victoire à la CAN 2015, en février dernier, estime qu’un Africain qui réussit gêne "un peu tout le monde : l’ordre établi, les observateurs, les entraîneurs, les décideurs". "Quand un Africain arrive tout haut, ce n’est pas toujours bien ressenti", a-t-il affirmé.
Il a plaidé pour davantage de solidarité entre les Africains.
Touré rappelle avoir constaté été privé du soutien de la communauté africaine, lorsqu’il a été l’objet d’insultes racistes.
"Je me souviens de Pape [Kouly] Diop (Levante), qui avait été chahuté de manière raciste par des supporters de l’Atletico Madrid (mai 2014). Dans la foulée, j’avais lancé un message sur Twitter pour tenter d’organiser une réaction. Aucun Africain ne s’est manifesté… C’est assez décourageant", s’est-il désolé.
Yaya Touré appelle les joueurs africains à se serrer les coudes, comme le font les footballeurs sud-américains.