Un montant de 678 millions de francs Cfa recouvrés, deux terrains situés à Dakar et qui ont été mutés au nom de l’Etat, tels sont les premiers fruits de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) et des autres acteurs de la Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbcft) au cours de ces douze derniers mois.
Pour la première fois, des avoirs criminels ont été confisqués sur des personnes condamnées pour des faits de blanchiment de capitaux sur la base de dossiers que la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) avait transmis au procureur de la République. Grâce aux efforts de cet organe et les autres acteurs de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbcft), une somme globale de 678 millions de francs Cfa a été recouvrée au cours de ces douze derniers mois. Un montant versé, selon le président de la Centif, dans le compte du trésorier général et de deux terrains situés à Dakar et qui ont été mutés au nom de l’Etat. «Ces actifs en aient été préalablement confisqués sur des personnes condamnées pour des faits de blanchiment de capitaux sur la base de dossiers que la Centif avait transmis au Parquet», a affirmé hier, Waly Ndour, lors de la cérémonie d’ouverture de la 24éme réunion plénière de la Commission technique du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba).
En ce qui concerne la communication d’information à la Centif, par les entités déclarant, le correspondant national du Giaba informe que le nombre cumulé de déclaration d’opérations suspectes reçu par la Centif, évolue de manière régulière à la faveur des actions de formation et de sensibilisation des assujettis. Sur la période de janvier à octobre 2015, dit-il, le volume des déclarations d’opérations suspectes s’est accru de 25 unités entre 2014 et 2015, en passant de 107 à 132 déclarations.
Sur les initiatives de la Cellule relatives aux contrôles et à la supervision, M. Ndour assure que le processus de désignation des autorités chargées de veiller au respect par tous les assujettis du secteur non financier de leurs obligations en matière de Lbcft a été lancé et devra s’achever au début de l’année 2016. Il souligne aussi que le cadre juridique a été renforcé par la signature d’un décret qui instaure un contrôle plus efficace de l’origine et de la destination des ressources financières des Organisations non gouvernementales (Ong).
Toutes ces actions, précise le président de la Centif, «ont pour objectif principal de créer les meilleures conditions de préparation de l’exercice d’évaluation du dispositif national de Lbcft qui doit avoir lieu en 2017».
Et si l’on en croît le Secrétaire général du ministère de l’Economie, des finances et du plan, Cheikh Tidiane Diop, qui présidait l’ouverture de cette 24éme réunion plénière, le Sénégal, conformément à son engagement, sera le 1er pays à se soumettre à cet exercice d’évaluation mutuelle des dispositifs de Lbcft et a pris les mesures nécessaires pour respecter le délai requis pour l’adoption du texte y afférant et son application de manière effective.
Mais pour Waly Ndour, «les avancés notées ne doivent pas occulter les défis importants auxquels notre pays doit faire face. Ces défis concernent l’évaluation des risques, l’accroissement du rythme de traitement des dossiers transmis au procureur de la République pour empêcher les personnes reconnues coupables de crime financier, de profiter du produit de leurs actes, la création d’un organisme et la définition de modalité de recouvrement et de gestion des avoirs…». Malgré tout, le Directeur général du Giaba, Cnl Adama Coulibaly, a jugé les résultats de la Centif satisfaisants. «Au Sénégal, non seulement la Centif est opérationnelle, mais aussi, nous avons des résultats. Les chiffres peuvent paraître faibles par rapport aux menaces. Mais ce qui est important, c’est les structures de prévention qui sont mises en place et la manière dont ces structures sont animées. C’est une lutte collective, solidaire et il y a une bonne coordination au Sénégal», se félicite M. Coulibaly.
Renforcement financier des Cellules de renseignement : Une attente du Giaba
Le Giaba vient de boucler le premier cycle d’évaluations mutuelles des Etats membres et envisage en collaboration avec les partenaires et les Etats membres de démarrer le deuxième cycle à partir de 2016. Il entend également mettre en œuvre un autre plan stratégique 2016-2020. Mais d’après le Directeur général, «la disponibilité de ressources financières adéquate se dégage être le facteur déterminant pour mener avec succès la mise en œuvre» de ses initiatives. C’est pourquoi, Adama Coulibaly lance «un appel solennel à l’endroit des autorités et des Etats membres pour qu’elles donnent désormais aux Cellule de renseignement financiers (Crf) la place qu’elles méritent dans l’architecture budgétaire nationale en leur qualité d’institution de sécurisation du système financier, de stabilité économique, de promotion de la bonne gouvernance et de renforcement de système sécuritaire national pour un environnement plus propice aux affaires».
A l’endroit des Partenaires techniques et financiers (Ptf), le Dg les exhorte «à multiplier davantage et à diversifier les initiatives de financement, afin de permettre aux Etats de ne pas être le maillon faible de cette alliance internationale contre le crime financier et le crime transnational organisé».
Le nouveau plan stratégique 2016-2020 sera soumis à la plénière pour observation et contribution pour sa finalisation. «Faire du Giaba une institution modèle en matière de Lbcft pour contribuer de manière significative à l’émergence des Etats membres à l’horizon 2020, tel est l’objectif que ce nouveau plan se propose d’atteindre», soutient le Colonel Coulibaly.