Le succès de la prochaine conférence des Nations unies sur les changements climatiques, prévue en décembre à Paris, passe par "une forte mobilisation africaine" impliquant élus locaux, communauté scientifique et parlementaires du continent, a soutenu, jeudi à Dakar, le ministre sénégalais en charge de l’Environnement et du Développement durable, Abdoulaye Baldé.
"Le succès de Paris implique une forte mobilisation africaine des élus locaux, de la communauté scientifique, des parlementaires, entre autres acteurs, pour une appropriation efficace de la lutte contre les défis climatiques", a-t-il déclaré.
"La forte mobilisation de ces acteurs est attendue de la sous-région qui, j’espère, sera présente" à cette rencontre, a dit M. Baldé, en présidant une réunion des experts des Etats membres de la CEDEAO, de l’UEMOA et du CILSS.
Cette concertation se tient en prélude de la 21e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), prévue du 30 au 11 décembre prochain, à Paris.
Au regard des projections du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement climatique atteindrait, d’ici 2050, entre 3,8 et 4,7°C, voir au-delà, sans la mise en œuvre des contributions nationales prévues déterminées (CNDP), telles que soumises, a-t-il indiqué.
"Les CNDP permettront de limiter la hausse des émissions mondiales à 56,7 milliards de tonnes de CO2 par an d’ici 2030, soit 4 milliards de tonnes, sur l’impact global des contributions", selon le ministre de l’Environnement et du Développement durable, citant un rapport des Nations unies.
Pourtant, "les scientifiques du GIEC estiment qu’au-delà de 30 à 50 gigatonnes d’équivalents CO2 émis d’ici à 2030, la planète franchirait la barre des 2°C de hausse de la température terrestre", a-t-il indiqué.
Il a souligné la nécessité de revoir à la hausse les ambitions de réduction de CO2, afin de rester sous les 2°C de hausse de températures, compte tenu de "l’insuffisance" des contributions attendues.
"Il faudra donc que l’accord qui sera signé à Paris, établisse un mécanisme qui pourrait pousser les pays développés à être plus ambitieux dans leurs engagements", a suggéré Abdoulaye Baldé.
D’après le ministre Baldé, il est nécessaire d’inclure une clause de révision de cet accord, tous les cinq ans. "L’Afrique a montré son engagement à transformer son économie pour être résiliente au climat à travers ces CNDP malgré sa faible contribution mondiale aux émissions de gaz à effet de serre", a-t-il fait valoir.
Selon lui, l’accord de Paris devrait "être ambitieux, équitable et juridiquement contraignant" et "fondé sur les principes de la responsabilité commune, mais différenciée (...)’’, pour qu’il puisse répondre aux "enjeux de l’Afrique".
"Avec son potentiel économique croissant et sa population, l’Afrique doit examiner les opportunités" de ce nouvel accord, a poursuivi le ministre de l’Environnement et du Développement durable, avant de plaider pour "un accord équilibré entre l’adaptation net l’atténuation".
"L’Afrique est exposée aux effets climatiques, car la plupart des pays sont côtiers. Nous ne sommes pas de gros pollueurs mais nous sommes des Etats responsables et nous avons élaboré nos contributions nationales pour dire que nous nous engageons à réduire nos émissions", a-t-il expliqué.
"Nos préoccupations sont liées à l’adaptation. Nous voulons être soutenus en transfert de technologies", a-t-il conclu, estimant les questions liées aux pertes et dommages doivent être incluses dans le nouvel accord.