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Atelier du CNRA sur les sketches de ramadan: Fausses notes et fautes de jeu
Publié le vendredi 6 novembre 2015  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
Le CNRA présente son nouveau système de monitoring
Dakar, le 29 Avril 2014- Le Conseil national de régulation et de l’audiovisuel (CNRA) a présenté mardi son nouveau système de monitoring qui va lui permettre d’assurer le suivi quantitatif et qualitatif des programmes diffusés dans les services télévisuels et radiophoniques opérant sur le territoire national. Photo: Babacar Touré, président du CNRA




Animé par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), l’atelier de ces 4 et 5 novembre s’intéresse à nos séries télévisées, et de façon plus particulière à ces sketches qui passent à la télé les soirs de Ramadan. Entre le «défi de la qualité» et «la tentation de la quantité», ce n’est pas toujours très simple. Trop de pub, des propos pas toujours très appropriés, des gamins plus ou moins exposés et un peu-beaucoup d’amateurisme parfois. Et si cette séance ne se tient que maintenant, précision du président du Cnra, Babacar Touré, c’est surtout pour éviter quelque «réaction épidermique» que ce soit.

Si vous êtes restés plus ou moins scotchés à vos téléviseurs les soirs de Ramadan, cette scène vous a peut-être marqués, choqués, intrigués, écœurés...Le pied de Tann Bombé piétinant un plat de nourriture, c’est assez indigeste comme situation, et certains avouent en avoir encore le haut-le-cœur, même si, on a bien compris, l’humoriste est dans son rôle à lui : celui d’un enfant gâté qui s’amuse à tourner en bourrique papa et maman. C’est à des cas comme celui-là que s’intéresse en ce moment l’atelier animé par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), où l’on s’amuse, depuis hier, mercredi 4 novembre, à débusquer toutes les petites et grandes maladresses que l’on peut retrouver dans nos séries télévisées. Et surtout dans ces sketches qui viennent se greffer, en période de Ramadan, à la grille habituelle des programmes audiovisuels.

Dans la compilation qui reprend quelques-uns de ces passages incriminés, on retrouve évidemment le pied de Tann Bombé, mais il n’y a pas que cela. Entre la publicité intempestive autrement dit toutes les mille et une «références à une marque ou à un service», que ce soit pour…du beurre, du lait, des remèdes traditionnels ou ces fameux bouillons qui finissent par se glisser dans les dialogues comme dirait le comédien Ibrahima Mbaye Sopé, on s’y perd parfois. Pour le président du Cnra, Babacar Touré, on a comme l’impression que c’est la publicité qui régule la série, et pas autre chose. Et quand on fait le calcul, sur une émission d’une trentaine de minutes, on décomptera quelque chose comme 34 minutes de publicité.

Pour le juriste Matar Sall, membre du Cnra, on a tout simplement droit à des «sketches publicitaires» qui n’hésitent même pas à «jouer avec la religion» : une prière que l’on interrompt volontairement ou «des versets coraniques que l’on tourne en dérision»…

Pendant ce temps, comme dirait Joséphine Mboup, responsable de la production à la Télévision Futurs Médias (Tfm), «tout le monde regarde», dans la mesure où ces séries sont «diffusées à des heures de grande écoute», et ce sont les plus jeunes que l’on finit par exposer, selon Matar Sall, à «un langage insultant ou offensant». Pendant ce temps toujours, on traîne un peu les pieds pour ce qui est de la signalétique jeunesse, qui permettrait d’attirer l’attention sur tous les contenus inappropriés à un public peu ou pas averti. Chez les 10-13 ans, dit d’ailleurs Babacar Touré, «le caractère violent et choquant de certaines images» serait susceptible de créer une certaine confusion, avec des gamins qui seraient plus ou moins tentés de reproduire certaines scènes à la maison, sans parler des risques d’insomnies ou de cauchemars.

Dans le rapport d’analyse établi par Ibrahima Mbaye Sopé, qui est aussi membre du Cnra, on se rend compte que la mode du sketch de Ramadan doit bien remonter à une dizaine d’années, avec des pionniers comme le réalisateur et scénariste Mohamadou Bitèye. Aujourd’hui, on en est à 18 séries réparties entre une dizaine de chaînes, sur les 17 télévisions qu’il y a au total.

SKETCHES DE RAMADAN : Entre amateurisme et questions de sous

«Ce n’est pas de la comédie, c’est de la fanfaronnade». Ils sont assez durs les mots de Cheikh Ngaido Ba, président de l’association des cinéastes sénégalais et associés, et chez le comédien Lamine Ndiaye, le ton est plus ou moins le même : «C’est de la rigolade, il n’y a pas de formation dans le métier».

Le rapport d’analyse du comédien et membre du Cnra, Ibrahima Mbaye Sopé, dit à peu près la même chose, quand on sait que selon lui, on est entre «l’absence de créativité dans la plupart des productions (…), la pauvreté de l’écriture» et une sorte de «mimétisme persistant» dans la mise en scène. Et pour le conteur Massamba Guèye, ce n’est ni plus moins que de la «fainéantise intellectuelle». Ou on se laisse aller à un «rire facile», ou on fait dans le «cliché» : «des femmes cupides», des parents pas très futés ou un Imam pas très honnête…

Pas de formation, un peu-beaucoup d’amateurisme et pas assez de moyens, et pour quelqu’un comme Joséphine Mboup de la Tfm, c’est dommage que l’on ne fasse de sketches qu’ «en fonction des sponsors» ou bien parce que derrière, il y a toute une équipe qui attend d’être rémunérée. L’éternelle question du diktat des annonceurs, voilà qui laisse Babacar Touré assez sceptique, lui qui a l’air de penser que c’est un peu trop facile de se réfugier derrière un argument comme celui-là : «Pourquoi subir le diktat des annonceurs ? Quand on n’a pas les moyens de faire de la télé, on n’en fait pas ».

Interpellé au sujet de ces sketches de Ramadan qui ne sont pas toujours de très haute facture, le comédien Ibrahima Mbodj, Lamarana à l’écran, répondra sans détour : «C’est n’importe quoi». Le comédien explique d’ailleurs que la plupart des chaînes de télévision ne font pas vraiment les difficiles quand on leur apporte la bande-annonce d’une série. La seule à prendre la peine de faire le tri selon lui, ce serait la Rts.
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