Après avoir célébré ses 25 ans de carrière, Coumba Gawlo était hier face à la presse pour un bilan de son parcours et par la même occasion donner son point de vue sur l’actualité aussi bien nationale qu’internationale. La diva estime qu’elle doit tout au Sénégal et qu’elle essaie aujourd’hui tant bien que mal, de lui rendre la monnaie.
On peut compter du bout des doigts les artistes ayant reçu un compliment de Nelson Mandela. «Tu es une belle et talentueuse africaine», lui avait de son vivant le père de la Nation arc-en-ciel. On peut aussi dénombrer les artistes qui ont pu faire esquiver des pas de danse aux rebelles à Bouaké (Cote d’Ivoire) en pleine crise politique. Mais quand l’on s’appelle Coumba Gawlo et qu’on a pu réaliser tout ça, des évènements de ce genre ne comptent plus dans une carrière. L’artiste a, fait-elle remarquer, passé 25 ans à unir, fédérer et à prêcher la paix dans le monde. C’est pourquoi pendant plus de 6 mois, la diva de la musique sénégalaise a sillonné le monde pour, dit-elle, «remercier ses fans et fêter avec eux, ce quart de siècle de compagnonnage». Mais hier, l’heure n’était pas à la fête. «Attristée et choquée» par le traitement du dossier des agents qui s’occupent du nettoiement, Gawlo a revêtu les habits de combattante des droits de l’Homme pour dénoncer l’injustice. Elle a enfilé sa robe d’avocate pour la défense des travailleurs du nettoiement. «Ils nous débarrassent des choses que nous ne voulons pas, le minimum serait qu’ils perçoivent leurs salaires. Ce sont des pères de famille qui n’ont pas eu le choix de travailler dans le ramassage. Ce sont les conditions de vie qui les ont forcés à le faire. Ils sont dignes. On met de l’argent sur d’autres secteurs. Pourquoi ne pas en faire autant pour ces travailleurs ?», tance-t-elle.
Pour Coumba Gawlo, «l’image du pays n’est pas digne d’un Sénégal émergent». C’est pourquoi elle invite les autorités à trouver une solution pour régler de manière définitive, l’insalubrité qui règne dans Dakar. Toutefois, selon la diva, la population n’est pas exempte de reproches car, fait-elle savoir, «la conscience citoyenne fait défaut». Elle ne manque pas à ce propos, de faire appel à l’Etat pour une solution urgente et définitive à l’emploi des jeunes, afin de freiner l’immigration qui, selon elle, «est dans tous les pays, un problème». «Je suis triste de constater que nous sommes parmi les 25 pays les plus pauvres au classement du Fmi. C’est comme si nous ne travaillons pas alors qu’on se démène tous les jours, surtout les femmes…», a encore dit l’auteur de femme-objet qui souhaite que les mentalités évoluent. L’artiste appelle également la jeunesse à se tourner vers l’agriculture. Se disant par ailleurs meurtrie par la situation des artistes qui, arrivés au soir de leur carrière, sont obligés de quémander, de demander une aide, Coumba Gawlo indexe «l’illettrisme, le manque d’encadrement et de politique culturelle». «Ce sont ces maux qui sont à l’origine de ce problème», croit-elle savoir. Car, «la musique est un métier comme les autres. Elle a des exigences», mentionne la diva. Elle exhorte par la même occasion, les artistes à faire de leur musique un métier et non un évènement.
Interpellée sur le bilan de ses 25 ans de carrière, Coumba Gawlo a estimé qu’ «il n’est pas donné à tout le monde de faire un quart de siècle de carrière». «Je remercie Dieu», a dit la diva avant de poursuivre «j’ai été double disque d’or et disque de platine. Je suis consciente que je dois tout à mon pays. C’est pourquoi j’ai investi dans mon pays». «Dans quelque temps vous verrez les fruits de mon investissement», annonce-telle.