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Moutde Djim Hymgar sur les massacres de 1985: ‘’L’espérance de vie était de 24h renouvelables’’
Publié le vendredi 30 octobre 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




A la suite des victimes, la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires a recueilli hier le témoignage d’un des témoins supposé de massacres des populations du Sud du Tchad en 1985, sous le régime de Hissein Habré.



En 1985, Moutede Djim Hymgar avait 19 ans et habitait le village de Moundou, une localité du Sud du Tchad qui était à l’époque le bastion des rebelles ‘’Codos’’ opposés au pouvoir de Hissein Habré. Photographe à ses heures perdues, celui qui est devenu un fiscaliste, notait tout ce qu’il voyait dans un carnet. ‘’C’était par devoir de mémoire et j’attendais l’opportunité d’en faire part à un juge’’, a expliqué hier Moutede Djim Hymgar, suite à une interpellation de l’un des adjoints du procureur général Mbacké, Anta Diop Ndiaye. Cette opportunité tant attendue est arrivée, puisqu’il est cité comme témoin, dans le cadre du procès de Hissein Habré. Tel un expert, M. Hymgar a appuyé son témoignage par une carte mise sous une clé USB remise au greffe. Au cours de sa déposition, il a tenu à préciser que ce qu’il a vu, c’est ‘’une goutte d'eau par rapport à ce qui s'est passé’’.

Néanmoins, le fiscaliste se dit témoin de plusieurs massacres et ‘’chanceux’’, car beaucoup de ses camarades n’ont pas survécu dans ce qu’il appelle le chaos. Ainsi, il a fait état du massacre des villages de Mayibo, Bengamien, Békoy, Bodo. ‘’Entre février et mars 1984, c’était le chaos. L’espérance de vie était de 24 heures renouvelables’’, a soutenu le témoin, pour expliquer l’ampleur des massacres.

Selon ses explications, les éléments de la Brigade spéciale d’intervention rapide (BSIR) avaient campé, durant deux mois, au Centre de formation professionnelle agricole de Mounda et ont procédé à six massacres durant leur séjour. Leur stratégie était de convoquer les populations qui s’étaient réfugiées dans la brousse pour leur demander de rejoindre les cases. ‘’De cette manière, on les trompait pour les massacrer’’, a indiqué le témoin. Il a ajouté que les hommes de Hissein Habré avaient également pour modus operandi de convoquer les populations sudistes sur la place publique, pour leur délivrer un message du Président. ‘’Lorsque les populations sortaient, le chef lançait à la foule : « Qui sont Codos dans la masse ? Où se cachent-ils ? » D’après le témoin, quand les populations répondaient qu’il n’y en avait pas et que les rebelles étaient mobiles, c’étaient des rafales de balles qu’elles recevaient.

La même scène s’est répétée à Mayibo où il était arrivé 45 minutes après le massacre. ‘’J’étais parti remettre des photos, mais j’ai trouvé une situation de chaos. Des gens gisaient dans leur sang. Les femmes, qui avaient fui, sont revenues pour porter les cadavres devant les cases’’, a raconté le témoin. Il a ajouté que les victimes, décédées d’une mort violente, n’étaient pas enterrées dans les cimetières pour ne pas qu'elles dérangent la quiétude de ceux qui y étaient enterrés.
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