La sous-région ouest africaine est le théâtre d’activités terroristes, ces dernières années. Si au Mali, cela a engendré des dysfonctionnements au plus haut sommet de l’Etat, dans les pays environnants, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou la Mauritanie etc., les réseaux terroristes grouillent discrètement. Chez nous, la menace est bien réelle, comme l’illustre l’interpellation de quatre présumés terroristes, ces dernières 48 heures.
Ils sont depuis hier dans les locaux de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale, à Colobane où la sécurité a été renforcée pour la circonstance. Au nombre de quatre, les personnes qui y sont placées en garde-à-vue, soupçonnées de préparer des actions subversives, ne sont pas ordinaires.
Il s’agit d’un imam, A.B.N, habitant au quartier Ngane de Kaolack, qui est soupçonné d’appartenir à des réseaux jihadistes. Le film de son arrestation renseigne sur l’intérêt accordé à l’homme dont le discours virulent avait été constaté, comme du reste ses liens supposés avec des mouvements radicaux islamistes. C’est une vingtaine de gendarmes, de la section de recherches de la gendarmerie qui ont procédé à son arrestation, dans la nuit du lundi au mardi, vers 4 heures du matin, défonçant au passage des portes et laissant sur place les traces d’une intervention bien musclée. Des sources dignes de foi affirment du reste que les gendarmes ont mis la main sur une voiture et de l’argent. L’imam A.B.N est très introduit au sein de la Ligue des imams de Kaolack.
Deux autres arrestations ont eu lieu, presque au même moment. Là encore, la Section de recherches de la Gendarmerie a arrêté deux femmes à Guédiawaye dans la banlieue dakaroise et une quatrième personne à Khar Yalla. Bien que moins spectaculaires, ces interventions ont été coordonnées avec la Police nationale, surtout sa branche Renseignements.
Les forces de sécurité sur le pied de guerre
Y a-t-il un fil d’Ariane pour lier ces opérations antiterroristes qui se passent à des endroits différents ? Quel lien entre un imam à Kaolack, deux femmes à Guédiawaye et une quatrième personne à Khar Yalla ? Pour l’heure, aucune information n’a filtré de l’enquête. La Gendarmerie a visiblement décidé de ne pas communiquer sur ce dossier estampillé ‘’sensible’’. Le Commandant Issa Diack de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale, que nous avons essayé de joindre, est resté insensible à nos appels.
Ce qui est sûr, c’est que le Sénégal de 2015 n’est plus celui des années écoulées. Beaucoup d’eau a en effet coulé sous les ponts avec des guerres au Mali, en Irak et en Syrie qui ne peuvent pas laisser indifférente la société sénégalaise, du reste connue pour être d’un islam tolérant, confrérique et ouvert. Les appels à la vigilance du Président Sall et l’intérêt accordé à notre pays sur ce sujet seraient liés à la présence d’éléments déstabilisateurs qui bénéficient souvent de complicités au sein de la société ; à l’image du mode de protection dont bénéficient les trafiquants de drogue dans notre pays. Les spécialistes parlent d’une véritable lame de fond en évoquant une dynamique qui n’est ‘’pas du tout superficielle’’.
Sous le règne de Me Abdoulaye Wade, la partie nord et la Petite Côte de notre pays étaient considérées comme des zones de repli de jihadistes recherchés ou se préparant à agir.
Mais, constatent aujourd’hui nos interlocuteurs, au Sénégal, les menaces ne sont pas circonscrites aux zones habituelles. Dans la région de Kolda, des mouvements d’activistes ont bien été constatés et des actions menées. Les forces de sécurité restent très mobilisées pour combattre ce qui est considéré comme une ‘’pieuvre’’. Mieux, elles ont réussi à infiltrer les réseaux qui étaient jusque-là dormants et que les Renseignements surveillaient sans intervenir.
Les prochains jours risquent d’être très riches en révélations, surprises et rebondissements….