Publié aux éditions Njelbeen sous le titre La diplomatie sénégalaise de Senghor à nos jours : Entre Rationalité et Errances, l’ouvrage du journaliste de la Rts René Massiga Diouf a été présenté ce vendredi 23 octobre au Centre de recherche ouest-africain (Warc). Si MackySall incarne selon l’auteur le retour à une certaine «orthodoxie diplomatique», on se souviendra aussi des errances et autres écarts de langage plus ou moins fréquents sous le régime d’Abdoulaye Wade.
Voilà que pour la troisième fois de son histoire le Sénégal se retrouve au Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (Onu), et voilà aussi que l’on consacre une centaine de pages, 119 pour être précis, à la manière dont le Sénégal se comporte ou s’est comporté jusque-là à l’international. Intitulé La diplomatie sénégalaise de Senghor à nos jours : Entre Rationalité et Errances, l’ouvrage du journaliste René Massiga Diouf de la Rts, la télévision publique, a été présenté ce vendredi 23 octobre au Centre de recherche ouest-africain (Warc) ; et on n’y fait pas «que» de l’histoire.
Le texte reste même assez critique par endroits, même si l’auteur commence par dire que la façon dont le Sénégal contribue à «la préservation de la paix et à la sécurité internationale (échappe) à l’usure du temps», ne serait-ce que parce que l’armée sénégalaise est «depuis plusieurs années parmi les plus importantes pourvoyeuses de troupes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU» : 14ème sur 117 pays. En termes d’acquis toujours, il y a, depuis le 8 mai 2014, la médaille Capitaine Mbaye Diagne, du nom de ce soldat pour ne pas dire ce héros sénégalais qui trouvera la mort en pleine tragédie rwandaise, alors qu’il tentait de «sauver des tutsis de la furie des génocidaires».
On cite encore la médiation, même assez controversée, de Macky Sall au Burkina Faso. Mais moins le président de la République du Sénégal que le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).
Pour l’ancien ambassadeur Seydina Oumar Sy, c’est comme qui dirait dans l’ordre des choses, quand on sait que la «diplomatie sénégalaise s’est engagée dans la voie de la paix». Mais si un mot a plus ou moins retenu son attention, c’est sans doute celui d’ «errances» autrement dit toutes ces «erreurs grossières» et autres «propos discourtois proférés par nos gouvernants au plus haut sommet de l’Etat, et jugés polémiques ou blessants», selon la définition qu’en donne René Massiga Diouf à la page 86 du livre, qui refuse pourtant de les réduire à leur côté péjoratif pour n’en faire finalement «que» des «périodes de flottement», des périodes où «l’on se lâche» comme il dit.
Des «dérives verbales», on en trouve surtout sous le régime de l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade, avec des «situations où il a fallu sauver les meubles». On se souviendra par exemple de cette déclaration très polémique de Wade en 2001, qui n’hésitera pas à dire qu’un Africain en France était mieux traité qu’un Burkinabé en Côte d’Ivoire. Alors premier ministre, Moustapha Niasse sera «dépêché à Abidjan», histoire de rattraper le coup. Il y a aussi cette fameuse phrase de Wade ou «l’une de ses premières sorties en tant que nouveau chef de l’Etat en sommet africain» : «Autour de cette table, je suis le seul chef d’Etat élu démocratiquement. Dites-moi qui est mieux élu que moi ici». Mais si Wade s’est plus ou moins distingué dira-t-on, ces errances, précision de René Massiga Diouf, «ne sont l’apanage d’aucun régime». Et pour le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, qui est aussi le préfacier du livre, «Wade était de bonne foi», mais se trompait souvent.
Par contre avec Macky Sall, on retourne selon l’auteur à une certaine «orthodoxie diplomatique (…) parfaitement salutaire», avec entre autres «un diplomate de carrière», MankeurNdiaye, à la tête du ministère des Affaires étrangères.
Le très «didactique» ouvrage de René Massiga Diouf, dit aussi Moustapha Niasse, est tout simplement «excellent», mais encore faudrait-il pouvoir lui trouver une suite, avec un texte qui parlerait pourquoi pas de la «diplomatie comme moyen de développement économique et social». Et pour quelqu’un comme l’expérimenté journaliste Mame Less Camara, son «jeune confrère» René Massiga Diouf a eu le mérite d’aller au-delà du traitement, parfois «sous l’angle du spectacle», que la presse a pu faire d’un certain nombre d’événements, avec le courage d’aller bien «au-delà de l’émission» ou de l’article de presse quotidienne.