Une grève de la faim a été entamée, depuis hier, par la plupart des 2 975 pensionnaires de la Maison d’arrêt de Rebeuss. Ils protestent, entre autres, contre les longues détentions avant jugement.
Pour protester contre les longues détentions, des pensionnaires de la Maison d’arrêt de Rebeuss ont entamé une grève de la faim, depuis hier. Ces derniers s’insurgent contre leurs «détentions provisoires anormalement longues», selon une source proche des grévistes. Ils s’offusquent aussi du fait que le dossier Bassirou Faye connaît une «accélération» au point que l’ouverture du procès est annoncée, en octobre, alors que d’autres affaires précédentes sont toujours dans les tiroirs de la Justice, sans diligence.
Les renvois systématiques de certaines affaires, une des causes des longues détentions, est le deuxième motif de grève. Cette situation fait que des personnes en détention restent en prison plus longtemps que prévu. Selon une source judiciaire, ces nombreux renvois qui dépassent la limite fixée par la loi s’expliquent par le fait que «certaines personnes portent plainte contre des plaignants et refusent de comparaître pour que le mis en cause restent le plus longtemps possible en détention, surtout lorsque ce dernier a des chances de recouvrer la liberté». L’autre raison, c’est le «manque de diligence des convocations lancées par la Justice». Un dysfonctionnement imputable, selon nos interlocuteurs, au Parquet. Parmi les détenus grévistes figurent des personnes victimes d’erreurs judiciaires...
Les promesses non encore tenues du ministère de la Justice sont évoquées par les prisonniers en question pour justifier leur mouvement de protestation. L’on se rappelle que la Chancellerie avait promis l’application, sans délai, des nouvelles réformes judiciaires. Il devrait en être ainsi pour «la durée maximale de la détention provisoire en matière criminelle qui ne devait plus dépasser trois ans». Mais également, «la tenue régulière d’une session de la Chambre criminelle», etc. En effet, la précédente grève de la faim a été interrompue sur la base de ces promesses, à l’issue de la visite d’une délégation composée de dignitaires de la Justice.
Le surpeuplement est aussi source de protestation de la part de ces détenus. S’y ajoutent «les problèmes liés à l’infirmerie, la cuisine, l’hygiène, la vétusté de certaines cellules», entre autres. En l’état, il n’y a pas encore une réaction officielle de la Direction de l’Administration pénitentiaire, au sujet de la grève de la faim entamée par les pensionnaires de Rebeuss. De même que l’Observateur national des lieux de privation de liberté.
Ces problèmes récurrents notés dans les établissements pénitentiaires sont, en partie, dus à l’insuffisance des ressources allouées, par l’Etat du Sénégal, à l’Administration pénitentiaire. Cela est caractérisé par la «faible dotation journalière des détenus» qui se chiffre seulement à 721 frs par jour ainsi que le budget prévu pour l’alimentation des détenus. Reste à savoir si la promesse de la porter à 1 000 frs sera tenue par l’autorité. Une situation durement ressentie dans les 20 prisons ayant dépassé leur capacité d’accueil car, selon une source, «le budget est calqué en fonction de l’existant (c’est-à-dire la capacité d’accueil de la prison) et non par rapport à l’effectif réel». Parmi ces prisons surpeuplées, l’on note : Rebeuss, Thiès, Camp pénal de Liberté 6, Kaolack, Diourbel, Tambacounda, Saint-Louis, Louga, entre autres. Seules 17 échappent à cette règle. De cette manière, «la prison est obligée de combler ce vide laissé par l’Etat», soutient-on.