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Médiation du procès de Hissène Habré: une fois de plus, le Sénégal innove
Publié le samedi 16 novembre 2013   |  Le pays


Hissène
© Autre presse par DR
Hissène Habré


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On s’achemine petit à petit vers la tenue du procès de l’ex-président tchadien Hissène Habré qui, depuis plus de 20 ans, se la coulait douce au Sénégal, pays de la Téranga.Pendant que les patriciens du droit, c’est-à-dire les magistrats, mettent les petits plats dans les grands pour garantir un procès équitable à l’ex-dictateur, les officiels, eux aussi, souhaitent que tout se passe dans la transparence. « Puisqu’on dit que le procès est public, nous aurons la capacité, à travers les médias, de faire en sorte que tout le monde comprenne, de façon assez précise, ce qui se passe au niveau de Dakar », a déclaré le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba, en présence de son homologue tchadien, Jean Bernard Padaré.Il s’agit là du procès d’un ancien chef d’Etat qui se tient dans un autre pays africain ; ce qui nous éloigne de tout risque de vengeance et de règlement de comptes.En d’autres termes, Dakar et N’Djamena veulent que soit suivi en temps réel le procès de Hissène Habré, arrêté et inculpé depuis le 2 juillet dernier pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures commis durant ses huit ans de règne. Au fait, un procès radiotélévisé, cela n’a vraiment rien d’original. Au Burkina, pays des Hommes intègres, on a organisé des procès retransmis en direct à l’époque des TPR où l’on voyait notamment le regretté Saye Zerbo, la mine déconfite, qui répondait publiquement des faits qui lui étaient reprochés. La différence avec le Sénégal, c’est qu’au Burkina, on avait affaire à l’époque à des juridictions populaires où les prévenus n’avaient pas d’avocat et se présentaient aux audiences le fusil à la tempe. Mais la singularité du Sénégal tient au fait que l’on n’est pas dans un régime d’exception où habituellement, tout se fait à la manière militaire, pour ainsi dire. Il faut par ailleurs souligner qu’il s’agit là du procès d’un ancien chef d’Etat qui se tient dans un autre pays africain ; ce qui nous éloigne de tout risque de vengeance et de règlement de comptes. Et la médiatisation du procès de Hissène Habré, si elle a lieu, aura un double avantage.

Il faut saluer le courage du président tchadien Idriss Déby Itno, qui a accepté que soit retransmis en direct, sur les tubes cathodiques, le procès d’un homme avec qui il a collaboré pendant des années

D’une part, elle permettra aux Africains de s’approprier ce procès, ce d’autant que, de mémoire, c’est la première fois que sera jugé un dirigeant africain sur le continent noir. D’autre part, et cela au-delà de l’évidente transparence qu’elle garantira, la médiatisation du procès de Habré permettra in fine aux familles des victimes de porter définitivement leur deuil. En tout cas, une fois de plus, le Sénégal innove et montre la voie à suivre quand on sait qu’en règle générale, les procès se déroulent loin des caméras et autres appareils susceptibles de prendre des vues et du son. Et on ose espérer que la tenue de ce procès, tant attendu, dissuadera bien des chefs d’Etat africains qui voudraient emboîter le pas à Hissène Habré, hier tout-puissant, aujourd’hui honni. Ainsi va la vie pour tous ceux qui, parce qu’ils sont au pouvoir, s’arrogent le droit de vie et de mort sur leurs concitoyens. Sur un autre registre, il faut saluer le courage du président tchadien Idriss Déby Itno, qui a accepté que soit retransmis en direct, sur les tubes cathodiques, le procès d’un homme avec qui il a collaboré pendant des années. Car l’ex-dictateur pourrait faire des révélations qui pourraient l’éclabousser. Idriss Déby Itno n’a-t-il rien sur la conscience ? Il donne en tout cas l’impression de ne rien craindre.

Boundi OUOBA

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