Dans le programme scolaire et universitaire au Sénégal, aucune œuvre de Cheikh Anta Diop, historien, anthropologue et homme politique Sénégalais, n'est enseignée. Une volonté politique que les Cheikh « Antallistes » dénoncent avec la dernière énergie, non sans faire circuler une pétition pour la vulgarisation de la vie et l'œuvre du parrain de l'Université de Dakar. La table-ronde, initiée par les Editions Jimsaan, le samedi 22 février, à la Librairie Athéna, a vu la participation de conférenciers tel que Fatou Kiné Camara, juriste et Dialo Diop, Secrétaire Général du Rassemblement Nationale Démocratique (Rnd), la formation politique de Feu Cheikh Anta Diop.
Un vrai paradoxe, que l’Université de Dakar ait comme parrain Cheikh Anta Diop, historien de renommée internationale, anthropologue, et homme politique sénégalais, et qu’il n’y soit enseigné aucune de ses œuvres. C’est du moins le sentiment partagé samedi dernier, lors de la table-ronde, organisée par les Editions Jimsaan, à la Librairie Athéna. Les Cheikh « Antaillistes », dénonçant une volonté politique contre Cheikh Anta Diop, un farouche opposant de Léopold Sédar Senghor, font circuler une pétition pour l’introduction de la vie et de l’œuvre de Cheikh Anta Diop dans les programmes scolaire et universitaire du Sénégal.
La dite pétition circule un peu partout dans le monde, comme au Canada, a fait savoir Dialo Diop, le Secrétaire général du Rnd. Selon lui, ce sont les expatriés qui sont encore beaucoup plus dynamiques dans ce combat. Une occasion aussi pour les conférenciers, qui sont, Fatou Kiné Camara, juriste et Dialo Diop, Secrétaire Général du Rnd, le leader du parti politique de Cheikh Anta Diop, de revisiter la vie et l’œuvre de Cheikh Anta Diop.
Le Secrétaire générale du Rnd, formation politique du Professeur Cheikh Anta Diop, Dialo Diop, reste convaincu que l’absence des œuvres de son leader politique dans le système scolaire sénégalais, «est une volonté politique savamment orchestrée». De l’avis de Dialo Diop, cette mise à l’écart de Cheikh Anta Diop, dans le cursus scolaire du pays, a un lien avec l’antagonisme qui existait entre Senghor et Anta. Revisitant l’histoire, il rappelle que lors que Cheikh Anta Diop a crée le Rnd, le 3 février 1976, dont l'organe de presse est Siggi puis Taxaw, la loi dite "loi des trois courants" — socialiste, libéral et marxiste-léniniste — est promulguée le 19 mars 1976 et appliquée de manière rétroactive dans le but de rendre illégal le Rnd.
Cette loi impose à l'opposition de se référer explicitement aux trois courants précités qui devaient désormais réglementer la vie politique au Sénégal. Le parti au pouvoir s'attribue l'étiquette socialiste, le Parti Démocratique Sénégalais (Pds) prend l'étiquette de parti libéral. Le Rnd de Cheikh Anta Diop refuse de se plier à cette exigence et s'engage alors un bras de fer politico-judiciaire entre le gouvernement de Senghor et le Rnd, qui n'aura de cesse de lutter pour sa reconnaissance, pour la défense des acquis démocratiques et le progrès de la démocratie au Sénégal. Une petite parenthèse de l’histoire politique du Sénégal qui a influencé sur la mise à l’écart de la vie et l’œuvre de Cheikh Anta à l’école sénégalais, selon Dialo Diop.
Il faut cependant noter qu’ailleurs dans le monde, la vie et l’œuvre du Professeur, historien, anthropologue et non moins homme politique, est magnifiée. En effet, lors de la conférence débat, tenue dans les locaux de la librairie Athéna, Eddy José Cordova Corcega, ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela au Sénégal, en Guinée, en Guinée Bissau a déclaré qu’une Chaire ‘’Cheikh Anta Diop’’ a été crée à l’Université UNEFA de Juan Griego. Ainsi, a-t-il demandé aux Cheikh Antaillistes du Sénégal, de créer une plate forme d’échange entre les deux pays pour mieux vulgariser les œuvres de Cheikh Anta Diop. Dans le même registre, il a été noté que l’enseignement de son œuvre se fait dans les Universités aux Etats Unis, dans les rubriques ‘’African Studies’’, et dans les Institutions en France.
Cependant, peu de thèses le concernant sont produites à l’Université de Dakar, dont il est le parrain. Pire, aucune de ses œuvres n’est enseignée dans ce temple du savoir qui porte son nom. Une situation incompréhensible pour les Cheikh Antaillistes qui ont jugé nécessaire de batailler pour que ses écrits soient connus du peuple sénégalais.
Il faut rappeler toutefois que Cheikh Anta Diop a intervenu sur des questions de philosophie, physique, chimie, politique, histoire, linguistique, sociologie ainsi que sur l’égyptologie. Il a réfuté le concept de race au sens de l'idéologie occidentale dominante, qui stipulait que le Nègre n’a jamais créé de civilisation, ou bien n’a jamais été l’auteur d’une quelconque découverte ou innovation.
Pour lui, la notion de hiérarchie raciale est scientifiquement un non-sens. Les données actuelles de la science mettent en relief la justesse et la précocité de l'analyse de Cheikh Anta Diop. Il a par ailleurs initié une méthodologie novatrice, pour étudier le passé des Africains, en exigeant la rigueur par des preuves scientifiques. Il a toute sa vie durant, été à l’avant-garde du panafricanisme et pour le développement du continent. Lors de la table-ronde, il est ressorti des propos des panélistes que Cheikh Anta Diop, cet homme multidimensionnel, a légué à la postérité une pensée qui colle parfaitement à l’actualité, notamment sur l’énergie, le genre, l’unité africaine, l’idéologie politique, etc.