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Sénégal : polémique sur le cumul des fonctions de président de la République et de chef de parti politique
Publié le samedi 22 fevrier 2014   |  Xinhua


Macky
© aDakar.com par DF
Macky Sall
président de la République du Sénégal


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DAKAR -- Un avant-projet de constitution proposant l'interdiction du cumul des fonctions de président de la République et de chef de parti politique, suscite, par presse interposée, une vive polémique au sein de la classe politique sénégalaise.

Cette proposition est contenue dans un rapport que la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI), remis le jeudi 13 février au président de la République, Macky Sall.

A son arrivée à la magistrature suprême, le président Macky Sall a manifesté son intention d'avoir des institutions fortes. Il a, à cet effet, mis sur pied la CNRI et a nommé pour la diriger Amadou Mactar Mbow, ancien directeur général de l'UNESCO. Celui-ci avait présidé de main de maître les Assises nationales, vaste concertation de partis politiques et de la société civile, sur les problèmes de gouvernance politique, économique et sociale du Sénégal, qui a préfiguré la chute du régime du président Abdoulaye Wade, en favorisant le rassemblement de l'opposition.

La controverse sur le rapport de la CNRI porte principalement sur un article interdisant le cumul des fonctions notamment celle de chef de l'Etat et chef de parti politique.

Elu à la magistrature suprême le 25 mars 2012, le président Macky Sall est toujours resté secrétaire général de son parti, Alliance pour la République (APR), tout comme ses prédécesseurs. D'où le rejet de cette proposition par les responsables de l'APR.

"Il n'y a aucun malaise à être président de la République et chef de son parti. Macky Sall est, et restera chef de notre parti", déclare Seydou Guèye, porte-parole de l'APR.

Pour le constitutionnaliste Ismaëla Madior Fall, conseiller du président de la République, l'interdiction faite au président d'être chef de son parti dans le contexte d'un régime présidentiel où le président peut solliciter un second mandat, n'est pas pertinente.

Et le Pr Fall accuse la CNRI d'avoir outrepassé ses attributions. Car, dit-il, "dans le décret portant sur la création de la CNRI, il n'est nulle part question de proposition d'une nouvelle constitution". Or le rapport de la CNRI est un projet de constitution.

Quant au Parti démocratique sénégalais (PDS), principal parti de l'opposition, il rejette pure et simplement les travaux de la commission qui, indiquent ses membres, n'est qu'une prolongation des Assises nationales que le PDS avait, en son temps, boycottées. "Il est inapproprié de reprendre via cette commission, les conclusions des Assises nationales pour essayer d'en faire le tableau de bord de la République", a dit Daouda Faye, ancien ministre d'Abdoulaye Wade.

Mais au sein de la grande coalition de la mouvance présidentielle, certains alliés du président Macky Sall demandent l'application intégrale des conclusions de la commission.

"Les attaques contre les travaux de la CNRI sont incompréhensibles dans la mesure où c'est Macky Sall lui-même qui a commandité la réforme, sur la base de termes de références clairement définis", a fait savoir Ousmane Badiane de la Ligue démocratique (LD), membre de la mouvance présidentielle.

Selon M. Badiane, la démarche de la CNRI a été participative et inclusive. Donc, "le président doit accepter les conclusions dans leur globalité parce qu'elles vont dans le sens du renforcement de l'Etat de droit".

Même réaction du côté du Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT) qui pense que "c'est une erreur de la part des alliés de l'APR, de s'attaquer aux travaux de la CNRI".

Plus critique à l'endroit de ses alliés de l'APR, la porte-parole du Parti socialiste, Aïssata Tall Sall, parle de "procès en sorcellerie qu'on est en train de faire aux membres de la CNRI" et attire l'attention sur les dégâts qu'être chef de l' Etat et en même temps chef de parti, ont occasionné sous le règne d'Abdoulaye Wade".

Face à l'ampleur des débats, Macky Sall, en visite officielle en Chine, a réagi : "C'est le président de la République qui a l'initiative des politiques mises en œuvre. Donc, attendez de voir. Cette commission (CNRI), c'est moi-même qui l'ai initiée, mais je prendrai dans le contenu de ses travaux, ce que je jugerai bon", tranche le président sénégalais.

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