Qu’on le veuille ou pas, le chef de l’Etat Macky Sall est à la fois surpris et outré par toute cette polémique qu’a suscité les conclusions du rapport de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri). Un débat de politiciens qu’il assimile d’ailleurs à « une polémique inutile » qui l’oblige, en tant que président de la République, à recentrer le débat autour de l’essentiel. Depuis Beijing, la capitale chinoise où il séjourne depuis quelques jours, avec le privilège d’être le premier chef d’Etat africain à être reçu par la nouvelle équipe gouvernementale de Xi Jinping, il a choisi de se prononcer sur la question. L’essentiel pour lui reste la restauration de la crédibilité des institutions de la République, le développement de la citoyenneté et du civisme, la mise en marche de l’économie du pays, le maintien de la cohésion sociale et l’esprit de paix, en somme la mise sur pied d’un Sénégal émergent et prospère. Le projet est certes ambitieux, mais il reste possible et faisable. Et le rendez-vous avec le Groupe consultatif à Paris demeure une étape importante dans cette recherche de l’émergence.
Mais cette ambition requiert de chacun d’entre nous un certain comportement et une discipline pour se hisser au sommet. Car, il reste encore bien du chemin à faire, beaucoup de corrections à apporter et des réformes à mettre en œuvre. Même si le Sénégal a toujours été un exemple de démocratie en Afrique, un statut qui suscite respect et admiration de la communauté internationale, nous restons encore un pays pauvre. Un pays qui dépend encore de l’Investissement direct étranger (Ide), parce que manquant de pétrole, de minerais rares ou encore de matières premières de qualité. Une réalité tangible qui nous appelle tous à travailler davantage dans la discipline, la rigueur tout en ayant foi à notre patrie.
Aujourd’hui, si un pays comme la Chine a atteint ce degré de prospérité, devenant la deuxième économie mondiale, derrière les Etats-Unis, c’est parce que les Chinois ont fait preuve de rigueur dans le travail et d’un patriotisme exemplaire. Ce qui n’était pas évident pour ce pays qui a connu la colonisation, l’occupation japonaise, l’éclatement de son territoire, la guerre civile, etc. Il a fallu qu’un grand homme comme Deng Xiaoping, digne successeur de Mao, mette le pays sur l’émergence économique. A la place du grand bond en avant désuet, il osa le grand bond vers le capitalisme. Aujourd’hui, la Chine moderne ne regrette guère la voie que Deng Xiaoping avait choisi de placer son pays. Car, il connaissait le génie chinois, son abnégation dans le travail et son sens du patriotisme. Macky Sall ne se réclame guère du dirigeant chinois, mais les différentes réformes qu’il a engagées, notamment sur la décentralisation, le foncier et la Constitution ne visent que l’émergence.
Faut-il le rappeler, après la défaite des libéraux en mars 2012, la majorité des Sénégalais ont eu le sentiment que notre Loi fondamentale était à parfaire, suite au débat (à la polémique) que le troisième mandat de Abdoulaye Wade avait soulevé. Il fallait alors redonner à la Constitution, plusieurs fois retouchée, toutes ses lettres de noblesse. Une tâche que le président Sall avait confiée à la commission dirigée par Amadou Mahtar Mbow. Mais voilà qu’une grande partie de la classe politique rue dans les brancards après avoir eu connaissance des propositions faites par la Cnri. Or, il appartient au chef de l’Etat, et à lui seul, d’arrêter une décision. Inutile de jeter l’opprobre sur Mbow ou de nourrir un quelconque soupçon de sa part. Il ne faut d’ailleurs guère douter de sa bonne foi. Tout comme des bonnes intentions du chef de l’Etat. Lui qui a préféré réduire son mandat à cinq ans, au lieu des sept, sur la base desquels il a été élu. Certes beaucoup de propositions faites par Mbow et Cie ne sont guère approuvées par la majorité, mais le chef de l’Etat fera preuve d’une grande sagesse à l’heure du choix. Seul l’intérêt du Sénégal devra primer et non la prise en compte des commentaires partisans. Ceux qui le soutiennent ou qui se réclament de lui doivent prendre cette leçon de Confucius, le sage chinois, qui disait : « Servir le prince, c’est comme dormir avec un tigre ».