Dakar - Le journaliste et ancien agent de la Radio diffusion télévision sénégalaise (RTS), Kadialy Diakité, a plaidé vendredi à Dakar pour des réformes structurelles et des réformes institutionnelles afin que l’audiovisuel public soit un service de toute la nation sénégalaise.
‘’J’appelle à des réformes structurelles, des réformes institutionnelles pour que l’audiovisuel public soit un service public au service de toute la nation sénégalaise dans sa diversité’’, a-t-il dit lors de la cérémonie de dédicace de son livre-plaidoyer intitulé : "Promesses et désespoirs d'un service public : La Radiotélévision sénégalaise".
Cet ouvrage de 320 pages divisé en 23 chapitres est paru aux Editions L'Harmattan-Sénégal. Il est préfacé par le journaliste Mame Less Camara. On y retrouve deux personnages centraux: Babacar Diagne, ancien directeur général de la RTS, actuel ambassadeur du Sénégal en Gambie, et Abdoulaye Wade, l’ancien président de la République.
L’ancien agent de la RTS avance ''beaucoup de choses'' qui l’ont inspiré pour l’écriture de ce livre. ‘’Je voulais laisser quelques choses à la prospérité parce que 39 ans de présence à la RTS m’ont permis de voir beaucoup, d’entendre beaucoup de choses, d’analyser et d’observer’’, a-t-il déclaré.
‘’Y avait tellement de choses qui défilaient dans ma tête que je me suis dit que je ne peux pas partir avec tout cela. Il faut que je laisse des choses aux jeunes qui vont venir et même à ceux qui sont là présentement pour que tout le monde sache ce que c’est la RTS depuis l’époque coloniale jusqu’à maintenant’’, a expliqué M. Diakité.
‘’Je n’ai pas beaucoup insisté sur la forme pace que la manière dont j’ai écrit le livre m’a amené à beaucoup plus parler du fond. J’ai espéré que ce que je dis sur le service public de la Radio diffusion télévision sénégalaise (RTS) n’est qu’un apport au débat qui est déjà existant sur cet outil de travail, cet instrument de développement, de fabrication de l’homme, du citoyen sénégalais’’, a-t-il indiqué.
‘’Je me suis dis que ma contribution permettra d’enrichir le débat et permettre à d’autres acteurs à faire la même chose et sur d’autres aspects que je n’ai pas pu aborder de manière approfondie’’, a soutenu l’auteur.
A propos du titre de l'ouvrage, il soutient: ‘’Promesses et désespoirs d’un service public, je crois que ça dit tout. On a promis à des moments donnés que la RTS pouvait devenir un véritable service public au service de la nation, au service de la diversité sénégalaise mais ce n’est pas encore le cas’’.
‘’Les pouvoirs publics ont intérêt à libérer un peu la Radio diffusion télévision sénégalaise (RTS) de cet accaparement dont elle est l’objet de leur part pour que cela puisse rendre service à la fois aux populations dans leur diversité mais également (au gouvernement) pour avancer concrètement dans la réalisation de son projet de société qui l’a porté au pouvoir’’.
‘’Il ya certes un problème d’homme mais c’est surtout un problème de structure. Ce que je souhaite c’est que les gens lisent le livre et qu’ils prennent conscience de ce qui se passe (à la RTS) depuis l’époque coloniale jusqu’à maintenant’’.
‘’Les nouveaux pouvoirs n’ont fait que se substituer aux pouvoirs coloniaux pour conduire les mêmes idéologies, la même philosophie, la même démarche alors qu’on devait avoir une démarche autre’’, a relevé Kadialy Diakité.
Faisant la présentation du livre, le journaliste Ibrahima Bakhoum soutient que l'auteur a jeté un regard de l’intérieur. ''Il n’est pas dit que les journalistes sont satisfaits de ce qu’ils font mais voici ce qu’on leur fait faire'', a t-il expliqué.
''Je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un de mieux placé pour parler de la famille RTS qu’il connait, mais il y a qu’un linge sale est en train d’être lavé, non pas en famille cette fois ci mais publiquement. Il nous parle de la RTS telle qu’elle est'', a souligné Bakhoum.
Pour lui, l’auteur ‘’a décrit le compagnonnage entre Babacar Diagne et Abdou Diouf et le même Babacar Diagne et Abdoulaye Wade. Il est resté le même thuriféraire en faisant de la propagande’’.
Selon lui, ‘’Abdoulaye Wade a occupé tout l’espace et Babacar Diagne l’y a aidé. Le service public a été détourné de ses objectifs pour les missions d’une seule personne. On a tué l’intérêt que le public pouvait avoir pour la RTS’’.
Dans un document de présentation, on peut lire que ‘’la Radiotélévision sénégalaise (RTS) est en retard sur l’évolution politique du peuple et de l’administration qui ont réussi deux alternances pacifiques à la tête de l’Etat’’.
''Elle reste la chasse gardée des pouvoirs successifs qui en ont toujours fait un instrument de propagande à leur dévotion. C’est la première fois que cette discordance est examinée de l’intérieur de la RTS par un journaliste qui en distingue les raisons et identifie les forces politiques, religieuses et sociales qui dominent l’audiovisuel public’’, indique le texte.
Selon la même source, ‘’les liens entre ces forces sont également établis de manière claire ainsi que les soubassements idéologiques et es projets de sociétés à l’œuvre dans ce partage’’.
‘’Grace à un travail d’archéologie qui part de l’histoire coloniale et des origines coloniales de l’audiovisuel public sénégalais, l’auteur en arrive à la situation actuelle pour démontrer, sans vraiment surprendre, la continuité d’un service docile guidé par l’obéissance aux pouvoirs dominants’’, lit-on encore dans le document.
Kadialy Diakité a passé toute sa carrière de journaliste à la RTS. Après ses débuts à la station régionale de sa ville nationale de Tambacounda, où il a servi comme chef de station, ainsi qu’à Ziguinchor, il est affecté à la radio-mère à Dakar.
Il termine sa carrière en tant que conseiller du directeur de la radio. En autodidacte, Kadialy Diakité s’est doté d’outils concepts pour passer au crible et analyser les raisons de l’immobilisme de l’audiovisuel public.
L’auteur est un homme d’ouverture. Officier de réserve, il parle six langues nationales et sous-régionales et ne conçoit pas que l’audiovisuel public refuse d’enrichir la nation sénégalaise de l’extraordinaire apport de sa diversité, de ses langues et de ses cultures, selon le document de présentation.
Des hommes de médias en particuliers des agents de la RTS ont pris part à cette cérémonie de dédicace. Etaient entre autres présents, Pathé Fall Dièye, ancien directeur général de la RTS-radio, Abdoulaye Bara Diop, l’ancien ministre Souty Touré, Annette Mbaye D’Erneville, Raphaël Ndiaye, Mame Racine SY.
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