La crise relative à la constitution du groupe parlementaire de l’opposition aurait pu être solutionnée si le dialogue entre protagonistes avait commencé plus tôt. Voilà le sentiment de Modou Diagne Fada, président du dit pôle parlementaire qui a vivement déploré « l’absence totale de mécanisme interne » au sein de son parti pour régler les conflits. Le député libéral s’est dit par ailleurs serein, quant à la menace de saisine de la justice pour faux et usage de faux brandie par ses camarades libéraux d’autant qu’il a jugé qu’ils sont les seuls fautifs dans cette affaire.
Le bureau de l’Assemblée nationale a finalement tranché en votre faveur dans le différend qui vous opposait à une partie des responsables du Pds. Comment appréciez-vous cette décision ?
Nous considérons qu’il n’y a pas de vainqueur, ni de vaincu. Nous sommes tous des responsables du Pds, tous des militants du parti. Ce qu’il faut peut-être regretter, c’est que n’ayons pas pu régler nos différends. Qu’il y ait une absence totale de mécanisme interne au sein du parti pour régler les conflits. Puisqu’on aurait pu trouver à notre niveau, des solutions avant que l’Assemblée nationale ne soit obligée de nous départager. Je crois que nous tous, responsables du Pds, allons en tirer de cette situation-là des enseignements ou des leçons pour l’avenir.
Pour moi, la seule leçon, c’est de renforcer le dialogue, la concertation, la discussion dans le parti, entre les militants et entre les responsables. Ce que nous avions commencé à faire, Oumar Sarr et moi, le jour même de la session unique ordinaire de l’Assemblée nationale, si nous l’avions fait deux jours ou trois jours avant, on aurait pu peut-être trouver une solution. Et le soir, ce que nous avions fait chez Mamadou Diop Decroix, si nous l’avions fait, il y a de cela une semaine, on allait peut-être abouti à une solution. Malheureusement, nous avons commencé le dialogue très tard.
Ensuite, pour nous encore une fois, nous nous sommes appuyés sur l’article 22 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale pour déposer une liste de députés de groupe déjà existant…Comme nous avions procédé en 2013 et en 2014, nous avons fait exactement la même chose parce que cette année, il y a de nouveaux députés qui ont respecté les formalités d’adhésion à notre groupe, qui se sont donc inscrits dans notre groupe et qui sont devenus membres du groupe des Libéraux et démocrates.
Pourtant vos camarades vous accusent de faux et usage de faux. Ils disent que vous les avez intégrés dans votre groupe sans leur aval et ils comptent même saisir la justice.
Je crois que c’est de leur faute. Quand on n’appartient plus à un groupe parlementaire, on prend le soin de démissionner, d’écrire une lettre de démission au président du groupe parlementaire comme Me Ousmane Ngom l’a fait. Ils ne l’ont pas fait jusqu’au moment où nous parlons. Comme il s’agissait de reconfirmer le groupe parlementaire, je n’avais aucune raison de ne pas les laisser sur la liste. Il ne s’agit pas de les inscrire sur une liste mais plutôt de les laisser sur la liste qui existait parce que je n’ai pas reçu une lettre de démission. C’est tout ! C’est ça que le groupe Benno Bokk Yaakaar a fait. Il n’a pas collectionné de signatures parce que le groupe existe déjà et les signatures sont avec l’administration depuis 2012. On n’avait pas donc besoin de faire résigner les gens d’autant plus qu’ils avaient déjà signé depuis 2012. Maintenant, ceux qui souhaitaient ne plus faire partie du groupe des Libéraux et démocrates avaient la latitude comme Ousmane Ngom l’a fait d’écrire et de démissionner. Ils ne l’ont pas fait. Donc, je ne suis responsable de rien du tout, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes.
La plupart de vos camarades récusent votre légitimité à la tête de ce groupe parlementaire Comment compterez-vous faire pour bien mener votre mandat ?
Ne dites pas la plupart d’entre eux. Si la plupart d’entre eux me récusaient, je ne pourrais pas redevenir président du groupe parlementaire. Ce qu’il faut dire, c’est que nous étions douze députés initialement membres du groupe parlementaire. L’autre camp n’a pu compter que sur six (06) députés. Nous aussi, jusqu’au moment où Ousmane Ngom démissionnait, donc bien après le dépôt de la liste parce que nous avons déposé la liste dans l’après-midi du jour de la session. En ce moment-là, nous n’avions pas reçu la lettre de démission de Me Ousmane Ngom. Donc, jusqu’à ce moment-là, nous pouvions compter sur les six autres députés du groupe des Libéraux et démocrates dont Ousmane Ngom, Iba der Thiam, Modou Diagne Fada, Fatou Thiam, Mamadou Cissé et Awa Diop. Voilà les noms qui étaient favorables mais mieux, à midi, lors de la réunion du groupe, les nouvelles adhésions qui avaient respecté les formalités et qui nous avaient rejoints avant midi étaient d’accord pour que je sois le président du groupe.
Eux, ils pouvaient toujours compter sur six, alors que moi, je pouvais compter sur six et plus au moins deux autres nouvelles adhésions, ce qui fait huit députés. J’étais donc majoritaire dans ce groupe contrairement à ce qu’ils disaient. Parlant de leurs nouvelles adhésions à savoir les députés de Rewmi et de l’Ucs, ils ne pouvaient pas être comptabilisés comme des membres du groupe des libéraux et démocrates parce qu’ils n’avaient pas rempli la formalité d’usage qui voudrait que leurs demandes d’adhésion soient adressées au président du groupe parlementaire qui contresigne leurs lettres avant de la transmettre au président de l’Assemblée nationale…Nous avons respecté la légalité jusqu’au bout et c’est la raison pour laquelle l’Assemblée nationale a tranché à notre faveur. Ce n’est pas autre chose.
Ne pensez-vous qu’en vous accrochant à votre poste contre la volonté même de Wade, vous lui donnez raison de décréter votre exclusion du Pds ?
Nous pensons que la piste de l’exclusion n’est pas une bonne piste. C’est la voie de la division, des problèmes qui peuvent aboutir au terme à la soustraction. Quand on est dans un parti comme le Pds, mieux vaut chercher à additionner qu’à soustraire. Ensuite, cette perspective va ouvrir un nouveau contentieux et notre parti va rester sur la sellette. Son image va en souffrir parce ça ne va pas être aussi facile comme ils le pensent. Alors, pour toutes ces raisons, nous pensons qu’il faut dialoguer entre nous. Il n’est pas trop tard de trouver une solution. Mais, toute autre tentative allant dans le sens de l’exclusion ne nous semble pas être une bonne perspective.