On s’attendait à une réponse du berger à la bergère. Mais la mouvance présidentielle RPG arc-en-ciel appelle au calme. En conférence de presse hier dans l’après-midi, elle ne s’est pas appesantie sur les déclarations de la veille de l’opposition. Un peu plus tôt, les Missions d’observation électorale, de l’Union Africaine et de l’Union Européenne, ont demandé aux partis politiques de régler le contentieux devant les juridictions. Pas dans la rue.
C’était la déclaration de la journée. Au finish, elle n’a pas répondu aux attentes. Presque un non-événement. La mouvance présidentielle a été prudente dans sa sortie d’hier. Pas de récriminations contre les sept leaders de l’opposition qui ont parlé de fraudes massives et appelé lundi à une annulation du vote. Les partis alliés du Rassemblement du peuple guinéen (RPG) ont emprunté les sentiers battus en se réjouissant ‘‘du bon déroulement de l’élection du 11 octobre 2015’’.
‘’L’importante mobilisation des citoyens illustre la maturité du peuple guinéen et son attachement aux principes et valeurs démocratiques’’, a fait savoir le directeur de campagne d’Alpha Condé, Kassory Fofana, dans une déclaration laconique, moins de trois minutes. Pas un mot sur la sortie de leaders d’opposition d’hier, ni sur la démission de l’UFR du processus électoral. Dans le même ordre d’idées que les missions d’observation de l’UA et de l’UE, Kassory Fofana estime que les manquements constatés dans l’organisation n’ont pas impacté le scrutin de manière significative.
‘‘Les dysfonctionnements à caractère technique qui ont émaillé partiellement le processus électoral n’entachent en rien la validité du scrutin qui exprime pleinement la volonté du peuple’’, poursuit-il avant d’inviter à la retenue à l’approche de la proclamation des résultats. ‘‘La mouvance appelle Guinéens et Guinéennes à attendre dans le calme la proclamation des résultats et à préserver la cohésion nationale.’’
Les MOE pour la validité
Quant aux chefs des Missions d’observation électorale (MOE) de l’UA et de l’UE, ils se rejoignent sur deux points. D’abord, les manquements constatés lors du scrutin ne sont pas de nature à invalider le scrutin ; ensuite les recours devraient être formulés auprès de la Cour constitutionnelle en cas de contestation.
Dileito Mohamed Dileito pour l’UA et Franck Engel pour l’UE, les deux chefs de mission, ont, à quelques exceptions près, dit la même chose. ‘‘Respecter les urnes et privilégier le recours aux moyens légaux en cas de contentieux’’, propose le chef de la mission d’observation de l’UA. Son homologue européen estime que ‘‘si contestation devait y avoir une fois les résultats proclamés, des institutions existent et fonctionnent’’, avec la précision que, sur la validité du scrutin, il s’est prononcé seulement sur les éléments dont il a eu connaissance.
D’après les observations de la MOE-UE, le jour du scrutin, 61% des bureaux de vote ont ouvert en retard ; 26% des bureaux de vote étaient en manque de matériel électoral essentiel ; 97% du secret du vote a été respecté induisant une transparence du dépouillement dans 70% des bureaux, pour un processus d’observation qui suit son cours. Quant à la MOE-UA qui a visité 154 bureaux à travers 8 régions, elle estime que 91,5% des bureaux visités étaient ouverts à l’heure officielle, 7 heures du matin. Les retards dans les autres bureaux étaient dus au manque d’isoloirs (66,7%), à l’insuffisance des bulletins de vote (33,3%) et un secret garanti à 100%.