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Le Soleil N° 13122 du 20/2/2014

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Réforme des institutions : Les Sénégalais divisés sur les propositions de la Cnri
Publié le jeudi 20 fevrier 2014   |  Le Soleil




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Les propositions de la Cnri d’une nouvelle constitution ne font guère l’unanimité auprès des citoyens sénégalais. Chacun y va de son commentaire, approuvant ou rejetant les conclusions livrées par le Pr Amadou Mahtar Mbow et ses camarades au président de la République.
L’appréciation faite sur l’avant-projet de constitution présenté par le Pr Amadou Mahtar Mbow, président de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri), divise les citoyens. Les avis varient d’une personne à une autre sur les différentes suggestions faites au chef de l’Etat par le président du Cnri. Notamment sur l’incompatibilité entre le poste de président de la République et celui de chef d’un parti politique, sur la limitation de l’âge des candidats à la présidentielle à 70 ans ainsi que sur la limitation du mandat du chef de l’Etat à cinq ans renouvelable une seule fois. Sur cette dernière question, le chef d’entreprise Gora Diongue estime que cinq ans, c’est trop court, même s’il ne refuse pas que le mandat soit limité à deux. « C’est une bonne chose que de limiter les mandats, cela va permettre à toute personne qui sera élue de savoir qu’il a un temps à faire au pouvoir avant de céder la place. Mais j’aurais souhaité qu’on revienne à sept ans. C’est une durée raisonnable à mon sens », souligne ce jeune industriel rufisquois.

Contrôle du parti
L’agent municipal Mbaye Diouf est d’avis qu’un mandat de cinq ans est trop juste et qu’il ne permet guère à la personne élue de réaliser tous ses projets. Comme Gora, il milite pour le maintien des sept ans. Quant à Mbaye Touré, un gérant de cabine téléphonique, il estime que la limitation du mandat est certes une bonne chose, mais il suggère qu’il y ait une large concertation dans ce sens.
L’autre proposition faite par la commission dirigée par Amadou Mahtar Mbow et qui divise les citoyens, c’est l’incompatibilité entre la fonction de président de la République et celle de chef de parti. « Durant l’exercice de ses fonctions, le président de la République ne peut exercer aucune fonction dirigeante dans un parti politique ni appartenir à toute autre association », lit-on dans l’article 63 de l’avant-projet de Constitution proposé par la Cnri. Sur cette question, Mbaye Touré approuve la suggestion faite par M. Mbow et les autres membres de sa commission. Il estime d’ailleurs que s’il doit y avoir rupture, le président de la République devrait commencer par mettre en pratique cette proposition.
« C’est absurde ! », peste Naby Mbaye, un courtier qui relève que notre démocratie n’a pas encore atteint ce degré de maturité. « Ensuite, argue-t-il, quand on voit la nature des partis politiques que nous avons au Sénégal, le président de la République est obligé d’avoir un œil sur sa propre formation, parce que souvent les rivalités et les guerres fratricides sont relevées dans les partis ». Aux yeux de l’agent municipal Mbaye Diouf, actuellement, seul le président de la République peut contrôler sa propre formation, au risque d’assister à son implosion. « Ce n’est pas une question pertinente actuellement au Sénégal, parce qu’ici les partis s’identifient le plus souvent à un leader. Et si ce dernier devient président de la République, son aura augmente et il devient plus charismatique que quiconque », ajoute Mbaye Diouf.
Enfin, la troisième question soulevée par la commission de réforme des institutions et qui semble intéresser les citoyens, reste la limitation de l’âge des candidats à la présidentielle. Dans la partie consacrée à la fonction de président de la République, il est écrit dans l’article 58 que « tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins et de 70 ans au plus le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle ».

« Il n’y aura jamais de consensus »
Cette précision n’est rien d’autre qu’une exclusion d’une catégorie de citoyens, selon certains. C’est le cas de Naby Mbaye qui relève qu’en démocratie, on ne doit guère exclure des personnes au profit d’autres. « Quand on dit que quelqu’un qui a plus de 70 ans ne peut plus être candidat à la présidentielle, je trouve que cela est absurde », estime M. Mbaye, soulignant que si ceux qui ont plus de 70 ans ont le droit de voter, il faut aussi leur accorder le droit de pouvoir être candidat. Comme tout bon citoyen jouissant de ses droits.
C’est dire qu’après la classe politique dans son ensemble, prenant des positions diverses, parfois opposées sur les conclusions de la Cnri, les citoyens restent divisés sur les travaux d’une nouvelle constitution élaborée par Mbow et ses camarades.
« Il n’y aura jamais de consensus sur ce document, parce qu’il y a beaucoup de propositions qui n’arrangent pas les Sénégalais et le président de la République lui-même », souligne Naby Mbaye. Ce dernier estime d’ailleurs que ces propositions rappellent les conclusions tirées des Assises nationales qui avaient été présidées par Amadou Mahtar Mbow.
« Le président avait signé la charte, tout en émettant des réserves sur bien des points », relève Naby Mbaye. Toutefois, il revient au chef de l’Etat de prendre une décision sur ce projet qui lui a été soumis par la Cnri dont le but principal est la réforme des institutions.

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