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Entre désir de partir et volonté de rester: Les pieds au Sénégal, le coeur en Europe
Publié le mardi 13 octobre 2015  |  Sud Quotidien
l’immigration
© Autre presse par DR
l’immigration en Méditerranée




Les étudiants s’indignent des difficiles conditions d’étude à l’Ucad et veulent émigrer pour un avenir meilleur. Certains parmi eux ont fait le pas pour donner des ailes à leur rêve. Des demandes de préinscription sont déposées auprès des universités étrangères. Malheureusement elles sont souvent rejetées par les universités, si ce n’est pas simplement Campus France qui refuse le visa après l’obtention d’une préinscription.

«Depuis ma première année, je n’ai pas arrêté de tenter d’avoir des préinscriptions pour étudier en Europe. L’année dernière, j’avais essayé encore pour aller faire mon Master II. Mon dossier n’a malheureusement pas été accepté, mais je ne vais pas me décourager. J’insiste parce qu’au Sénégal, on a le complexe du diplôme extérieur. Ceux qui sont formés ici, même avec un doctorat, n’ont pas la chance d’être regardés. Aux USA par exemple, on vous demandera un diplôme, à l’embauche. Par contre à Dakar, on vous demandera qui vous a recommandé à moi? Notre sort est incertain, plus nous avançons dans nos études plus nous sommes inquiets, car l’Etat ne fait rien pour nous. Je partirai inchallah, je partirai,…». Cette déclaration est d’Anna Aïssata Faye, une étudiante que nous avons rencontrée dans le hall de la faculté (fac) de Droit, assise en pleine conversation avec ses camarades. La silhouette frêle, un voile sur la tête, elle siège sur le dossier de l’un des deux bancs «diakhlé», où les jeunes se font face, pour ressasser leurs difficultés.

A l’appel des sirènes Malgré le fou rire général de ses camarades qui fait échos à cette déclaration d’un ton plutôt solennel et théâtral, Anna se dit décidée à partir. Mais cela ne dépend pas d’elle, et elle l’a compris. Elle augmente ses chances de partir en déposant inlassablement un dossier de demande à chaque année académique. Si sa préinscription est accordée, son rêve deviendra réalité. Persévérante, mais pas obstinée, elle rassure qu’elle n’ira pas par des moyens illégaux : «je n’irai pas via les pirogues, je suis instruite et informée sur les désastres des voyages clandestins». Inquiète quant à son avenir, elle ne perçoit pas une volonté politique pour réaliser son rêve de réussir dans la vie. Des inquiétudes qui contrastent pourtant avec son niveau d’études. Inscrits en Master II, ces étudiants sont de la promotion 2013-2014.
Dans ce groupe composé de jeunes garçons et de jeunes filles, on distingue tous les styles. De l’étudiant qui se prend au sérieux, arborant son pantalon super100 et sa chemise lin couleur bordeaux, au look standard Blue jean chemise porté par des hommes et autant que par des dames. Le voile islamique fait partie de la mise pour deux d’entre elles. Anna n’est pas la seule à vouloir partir. Ses camarades lui emboîtent le pas, encore plus radicaux dans leur position.
Aller sans retour

La colère de Mouhameth Diouf s’exprime ainsi dans un aller sans retour : «Nous avons envie de partir, car nous sommes malheureusement dans un pays qui ne nous ouvre pas de fenêtre sur l’avenir. Et quand nous aurons cette opportunité, nous ne sentirons pas obligés de revenir, parce qu’il n’y a rien qui nous retienne dans ce pays». Frustration et colère dans sa voix, peur de l’échec après un parcours sélectif, qui les a menés en Master2. «Nous étions 7.000 étudiants en première année, la moitié en deuxième année, une cinquantaine en licence ; aujourd’hui, nous nous connaissons tous en Master II. Après tous ces efforts, nous ne sommes toujours pas à l’abri. Il y a échec du système, lorsque des dizaines de milliers d’étudiants se ruent vers des concours, où les quotas de recrutement sont minimes. Et lorsqu’il y a échec, on n’est pas obligé de faire du patriotisme pur et dur. Vu que les services publics ne sont pas capables de nous donner du travail, on va chercher du travail ailleurs».
Des efforts, mais…

Malgré ses positions tranchées sur la politique de l’emploi, Mouhameth n’ignore rien des efforts du gouvernement qui s’oriente désormais vers l’entreprenariat et l’auto-emploi comme solution à la crise de l’emploi des jeunes. «Qu’il nous donne du travail! Même s’il s’agit de PME et PMI, nous sommes prêts pour l’entreprenariat. J’ai suivi une formation à l’agence nationale de l’emploi des jeunes (Anpej). J’attends toujours qu’on me rappelle pour un financement, mais rien!». Ce qu’il veut, c’est de décrocher ce premier emploi ou partir.

Pour Mahamadou Racine Ndiaye, les différents régimes ont raté la prise en charge de leurs besoins présents comme à venir. «C’est le devoir de l’Etat de nous mettre dans de bonnes conditions, parce que nous sommes l’avenir du pays. Tous les régimes politiques qui sont passés, ont laissé les étudiants en rade. Nous nous débrouillons nous-mêmes pour nous prendre en charge. C’est nous-mêmes qui nous battons pour notre propre éducation».
Génération sacrifiée ?

Se considérant comme une génération sacrifiée, ils se battent depuis un an, pour mettre la main sur les professeurs chargés de leur dispenser les cours théoriques et d’encadrer leurs travaux de recherche. «Entre les voyages, les séminaires et le «kharmatt» dans le privé, ils n’ont pas le temps de nous enseigner. Nous sommes restés 13 mois après le Master1 sans faire cours», se désole Mouhamadou. Pour lui, l’avenir qu’il espère, c’est de trouver un débouché à la fin de ses études. «La finalité des études, c’est l’insertion socioprofessionnelle et l’acquisition des connaissances bien sûr. On ne peut pas passer notre vie à étudier ad vitam aeternam. C’est lorsque nous aurons un travail, que nous pourrons enfin songer à fonder un foyer et aider nos parents qui se sont sacrifiés pour nos études».

Se débrouiller pour se tirer d’affaire… Amadou Tine, lui, se met un point d’honneur à aider sa mère dans la prise en charge des besoins de la famille. «Le fait que les jeunes aient envie de partir, c’est un échec des politiques. Le Sénégalais aime le confort, c’est-à-dire que sa famille soit à l’abri du besoin. Dans mon cas, je n’aime pas voir ma mère souffrir, se lever aux aurores pour travailler à assurer les trois repas par jour. C’est difficile pour nous jeunes, de faire face à ces situations dramatiques. Tout le monde n’a pas le tempérament pour gérer de telles tensions, s’il n’est pas en mesure de régler la situation. Devant cette incapacité, il y a une certaine déception, le désespoir devant le manque de travail. On peut se faire embaucher comme manœuvre, mais ce n’est pas tout le monde qui peut assumer de tels emplois. Il n’y a pas de politique de jeunesse».

Armé de courage, il fait partie de ses étudiants qui savent se débrouiller pour se tirer d’affaire. «En ce qui me concerne je ne reste pas les bras croisés. Bien vrai que je sois en master II, je vais à Colobane pour acheter du tissus que je fais coudre. J’envoie des robes et des boubous à Fatick pour que la famille les vende. J’ai acheté un frigo qui génère des revenus. J’ai acquis un troupeau de bétail. Et tout cela, en gérant rationnellement ma bourse de 60.000F Cfa. Je ne gaspille pas l’argent, j’investis et je n’attends rien du gouvernement. J’ai toujours été ambitieux et j’aime l’argent. Que l’Etat soit là ou non, je gagne ma vie.».

Alliant études et business, il atteint peu à peu les objectifs proches et lointains qu’il s’est fixés. Candidat à l’émigration, il a réussi à obtenir une première fois sa préinscription : «en 2010, j’ai obtenu une préinscription, mais campus France ne m’a pas donné le visa. J’avais tout tenté parce que je ne voyais pas de solution à l’Université. Mais grâce à Dieu, mes examens se sont toujours bien passés et je réussissais en première session. J’ai alors sursis à ce projet, le temps de faire mon Master2. Actuellement, je suis un stage. D’ici décembre, je soutiendrais mon mémoire». Les conditions d’études sont la principale raison qui a motivé son désir de partir, selon lui : «Le matériel manque à la Faculté des Sciences. On ne fait pas suffisamment de pratique, alors qu’on est en sciences, il faut des expériences ». Comme ses camarades de la Fac de Droit, Amadou Tine croit à son projet de voyage et ne désespère pas. «Je ne serai pas prêt à partir sans visa. J’ai étudié et je sais qu’il y a la voie légale. Avec mon niveau, je sais que ça va marcher».
Partir pourquoi faire ?

Parmi les étudiants rencontrés à l’Ucad il y en a cependant qui veulent rester, malgré les difficultés qu’ils ne manquent pas de souligner. «Partir pour faire quoi?» lance Bakary Ndiaye à ses condisciples de la fac de droit. «Si c’est pour le travail, le travail est là au Sénégal. Mais arrivés en master, les étudiants sous-estiment les petits boulots, pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Ils visent trop haut. Même en Europe, il y a la crise de l’emploi. Il nous faut croire en nous. A l’extérieur non plus, le travail, n’est pas garanti ». Même s’il n’est pas candidat au départ, Bakary s’invite quand même dans l’analyse de cette situation préoccupante de l’émigration. «C’est la pauvreté qui pousse les jeunes à partir. A Rufisque, il y a un jeune qui a pris la pirogue, pour partir. Il n’a pas étudié bien sûr. Il est revenu presque fou. A mon avis, il faut rester et faire quelque chose ici». Une note de foi, qui équilibre les positions.

Awa Ndongo partage cet avis de rester, pour tenter de réussir ici, malgré les difficultés. «Je suis une femme, mais l’émigration ne me tente pas. Je dois reconnaître que les conditions ne sont pas du tout réunies pour réussir à la Fac de Droit. On est tenté parfois d’abandonner les études. Mais avec quelques efforts encore on peut s’en sortir».
Invite à plus de civisme

Qu’ils soient d’un côté ou de l’autre, l’avenir du Sénégal les préoccupent tous. Le message d’Amadou Tine va à l’endroit des concitoyens comme des dirigeants politiques, un appel à plus de civisme. «Je sais qu’au niveau du gouvernement, la vision ne manque pas. Ils veulent faire du Sénégal un pays émergent. Le problème c’est à notre niveau en tant que citoyens Sénégalais. On ne veut pas faire certains types de travaux. On se comporte mal et on hypothèque notre avenir. Le manque notoire de civisme. Quand on se promène dans la rue, des personnes adultes, du troisième âge même, qui salissent la rue, jettent les sachets plastiques, les gobelets de café…».
Se parler d’égal à égal

Pour trouver une solution pérenne à l’immigration clandestine, il conseille des relations d’égal à égal autour des tables de négociation internationale. «Les gouvernants doivent être sur leur garde en négociant. Les pays européens se complaisent dans des rapports de dominants à dominés. Ils doivent aussi s’enquérir de la volonté des jeunes, organiser de larges concertations, puisque ce sont nous les jeunes qui sommes concernés par l’émigration. C’est une question de responsabilité aussi, nous sommes concernés au premier chef». Pour les juristes, les gouvernants devraient négocier l’ouverture des frontières au nom de la mondialisation. «On ne s’y trompe pas. L’Europe en a assez des Africains. Ils sont hostiles à l’émigration. Et tous ces sommets ne servent qu’à nous retenir en Afrique. Nos dirigeants doivent avoir assez de leadership pour dire non aux pays occidentaux. Nous, ce que nous voulons, c’est qu’on nous ouvre les frontières de l’Europe, au nom de la mondialisation. Qu’ils arrêtent de penser à eux-mêmes et qu’ils pensent à la jeunesse africaine. Il faut intégrer la jeunesse dans les négociations, que nous parlions nous-mêmes».

C’est certain que les étudiants veulent partir et ils partiront si on leur met le cachet au passeport. Mais pourquoi la jeunesse trouve-t-elle l’émigration comme seule issue face aux difficultés ? Les pieds en Afrique, l’esprit et le cœur en Europe. Une situation que seule pourront résoudre des politiques cohérentes qui apportent des réponses au besoin et un avenir certain. Pour l’heure, ce sont des éclats de rires, des barbelés et des visas «Non accordés!» qui accueillent leur rêve de partir. Alors il faut étudier pour continuer d’espérer en un avenir meilleur.

JADIS CONSIDEREE COMME UN ELDORADO : L’Europe se relève difficilement de la crise de 2008

La crise économique de 2008-2009 n’a pas épargné l’Europe qui semble ne plus être la meilleure destination pour les émigrants du tiers monde. Les économies de la plupart des pays de l’Union européenne sont aujourd’hui en panne, et sont confrontées à maintes difficultés, malgré une nette relance de la croissance. Au moment où 63.400 entreprises sont en difficultés en France qui fait face à un taux trop élevé de chômage, l’Italie connait un taux de croissance de 0,6% malgré la crise des migrants. L’Espagne quand à elle table sur un taux de croissance de 3,3%, considéré comme le plus élevé en Europe, tandis que l’Allemagne va enregistrer 2,87 millions de chômeurs environ en 2016.
FRANCE : 63.400 ENTREPRISES EN DEFAILLANCE

Le magistère de François Hollande à la tête de la France n’est pas reluisant. Depuis son élection, l’économie française est en panne, malgré sa promesse électorale d’une politique économique qui favoriserait le retour de la croissance. En effet, entre 2008 et 2009, le pays de Jeanne d’Arc a subi la plus grave crise économique depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Plusieurs entreprises sont en défaillance. Au mois de juin 2014, la Banque de France avait annoncé que 63.400 entreprises étaient en difficultés. La plupart d’entre elles étaient en redressement ou liquidation judiciaire, ou en procédure de sauvegarde. Cette situation a entrainé une nette hausse du taux de chômage et une grande déchirure sociale que les Français ne sont pas prêts à pardonner à leur exécutif qui a commis une «erreur de diagnostic» selon le site de La Tribune. «Cette erreur de diagnostic, qui a considérablement nui à la crédibilité de la stratégie économique de l’exécutif, les Français ne l’ont pas vraiment pardonnée. Ce n’est peut-être pas le plus grave. Admise un an après son élection, cette évaluation erronée de l’état de santé de la France a conduit le gouvernement à faire des erreurs importantes de politique économique», nous rapporte la source indiquée. «La plus grave fut probablement d’avoir augmenté de plus de 31 milliards d’euros le montant des prélèvements obligatoires pesant sur les entreprises dès la première année du quinquennat. Les effets sur un tissu de PME exsangues après la crise ont été d’autant plus dévastateurs que les entreprises étaient alors confrontées à un ralentissement très net de la conjoncture nationale. La France ne comptant que 120.000 entreprises internationalisées, trois fois moins que l’Allemagne, il était exclu que l’exportation soit une planche de salut», poursuit-elle.
ALLEMAGNE : 2,87 MILLIONS DE CHOMEURS ENVIRON EN 2016

Avec un taux de chômage stable à 6,4% au mois d’août, toujours à son plus bas niveau depuis la réunification du pays en 1990, l’Allemagne a vu le nombre de ses chômeurs reculer plus que prévu, selon les chiffres officiels récemment publiés par l’Agence allemande pour l’emploi. «En août, l’Allemagne a par ailleurs recensé 7.000 chômeurs de moins qu’en juillet, en données CVS, déjouant les attentes des analystes qui tablaient sur un recul de 5.000 demandeurs d’emploi sur ce mois», nous apprend le Figaro. Toutefois, cette performance risque d’être perturbée par l’arrivée prochaine d’un grand nombre de réfugiés en Allemagne. Ce qui pourrait augmenter le nombre de chômeurs de 70.000 en 2016, a fait savoir l’institut d’études IAB de l’Office fédéral du travail. «L’Allemagne estime que 800.000 réfugiés et demandeurs d’asile arriveront dans le pays cette année. Ces arrivées massives pourraient ajouter 130.000 personnes au marché du travail, ajoute l’IAB, portant le nombre total de chômeurs à 2,87 millions environ en 2016», lit-on sur le site français Capital.fr.
ESPAGNE : LE CHÔMAGE BAISSE ET L’ECONOMIE SE RELEVE

«L’Espagne devrait bénéficier cette année d’une croissance de 3,3%, l’une des plus fortes d’Europe». C’est ce que nous apprend le site d’informations de Reuters. Toutefois, la source a indiqué que «plus de 5 millions de personnes étaient sans emploi sur avril-juin, soit 22,4% de la population active». Selon la même source, «le nombre de demandeurs d’emploi a ainsi augmenté de 21.679 (+0,54%) le mois dernier par rapport à juillet, pour atteindre 4,07 millions, a annoncé le ministère du Travail. En données corrigées des variations saisonnières, il a toutefois diminué de 5.723. Par rapport à août 2014, il a reculé de 8,1% à 359.975». Et de poursuivre : «Les statistiques du ministère du Travail montrent que 1,25 million de nouveaux contrats ont été enregistrés en août. Seulement 6% d’entre eux sont à durée indéterminée, un chiffre qui devrait nourrir les critiques récurrentes contre la précarisation du marché du travail». Il faut rappeler l’Espagne était au devant de l’actualité entre 2005 et 2011 quand plusieurs milliers de migrants africains avaient pris d’assaut ses côtes en traversant l’Atlantique. Le gouvernement en place était vivement critiqué par ses pairs européens pour avoir lancé un appel à l’immigration afin de remplacer sa main d’œuvre vieillissante.
L’ITALIE : CROISSANCE MALGRE LA CRISE DES MIGRANTS

L’Italie fait face à l’une des plus grandes crises de son histoire avec la traversée de la méditerranée de plus de 500.000 migrants qui ont pour la plupart transité par son territoire. «Près de 515 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis le début de l’année, et près de 3000 ont péri ou sont portés disparus, selon un bilan du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) publié mardi. Sur ce demi-million de migrants, 383 000 ont rejoint la Grèce, avant - dans leur grande majorité - de continuer leur route vers l’Europe de l’Ouest en transitant par les Balkans et la Hongrie», renseigne le site canadien d’informations LaPresse. Par ailleurs, avec les séquelles de la crise économique de 2008, l’Italie a un taux de chômage chez les jeunes parmi les plus hauts d’Europe. Mais les dernières données de l’Istat, l’Institut de statistiques italien, laisse espérer que le pire est passé car le pays a enregistré un taux de croissance de 0,6%. «Le gouvernement italien tablait en effet sur une croissance de 0,7% sur l’année pour le pays et ces 0,6% de croissance acquise sont donc une très bonne nouvelle. Elles permettent d’espérer beaucoup plus qu’initialement prévu et d’espérer que la chute du chômage de juillet 2015 qui a porté le taux de chômage à 12% (au plus bas depuis deux ans) continue», nous révèle le Journal de l’économie.

MAMADOU A. MBENGUE, ENDA DIAPOL, SPECIALISTE EN MIGRATIONS : «Les jeunes sont prêts pour la mort physique plutôt que social»

Les jeunes sénégalais, en particulier, et africains en général, sont prêts à mourir à tout prix sur le chemin de l’émigration. La pauvreté, la situation économique de nos Etats, les conflits et les guerres, avec la percée du phénomène Boko Haram, font qu’ils ne peuvent plus se contenter de la mort sociale. Ils sont donc prêts, selon Mamadou Abdoulaye Mbengue, directeur exécutif d’Enda Dialogue Politique (Diapol), à se livrer à la mort physique sur le chemin de l’Europe.

Face à la dévalorisation sociale qui prend sa source dans la pauvreté, le manque d’emplois, de ressources et de moyens, les jeunes sénégalais, tout comme leurs frères africains préfèrent mourir sur le chemin de l’Europe plutôt que de rester mourir socialement au pays. C’est l’analyse faite par le consultant spécialiste en migrations, Mamadou Abdoulaye Mbengue, par ailleurs directeur exécutif d’Enda Diapol. «Actuellement, nous sommes dans un contexte où il y a la percée du phénomène BokoHaram en Afrique. Ce qui fait que nous sommes dans une situation où les jeunes ne peuvent plus se contenter de la mort sociale. Ils sont donc prêts à se livrer à la mort physique sur le chemin de l’Europe», a signalé Mamadou Abdoulaye Mbengue qui a auparavant signalé l’état de «la situation économique du Sénégal et de l’Afrique». Selon lui, «au-delà des problèmes économiques, nous avons les conflits et les guerres un peu partout», ce qui constitue un frein au développement et à l’épanouissement des populations.

Le spécialiste des questions migratoires estime que la mort physique n’est pas pour autant la seule alternative pour régler ce problème. D’ailleurs, il estime que la responsabilité des Etats africains est engagée. «Les esquisses de solution sont de la responsabilité exclusive de l’Etat qui doit faire en sorte que les jeunes restent travailler en Afrique. C’est un choix que les gouvernements doivent faire. A commencer par l’accès des jeunes à l’emploi», souligne-t-il. Avant de rappeler que son organisation avait sorti un communiqué au moment de la recrudescence des morts en Méditerranée pour dénoncer l’inaction des gouvernements de la Cedeao. «En tant que société civile, à EndaDiapol, nous avons sorti un communiqué quand le phénomène des morts en Méditerranée s’est accentué pour dénoncer l’inaction des gouvernements, non seulement de la CEDEAO mais aussi de l’Union Africaine par rapport à la proposition d’alternative pour la gestion de ces flux migratoires», a-t-il laissé entendre. «L’Afrique aujourd’hui est en train de dormir. Nos Etats n’ont pas conçu une politique migratoire qui puisse en tout cas être un répondant suffisamment fort par rapport aux options et aux choix de l’Europe. Par conséquent, le phénomène ne peut que perdurer», poursuit-il.
L’EUROPE DEVIENT : XENOPHOBE


Selon Mamadou Abdoulaye Mbengue, au-delà de l’enjeu économique, l’Europe est dans une logique sécuritaire qui la rend xénophobe. «Nous regrettons et déplorons ce qui se passe aujourd’hui au niveau de l’Europe. On ne parle plus même d’Africains aujourd’hui, mais de Syriens, de Turcs et d’Iraniens. Et cela découle d’une géopolitique mondiale de l’émigration qui a été décidée au détriment des populations et des citoyens eux-mêmes parce qu’en réalité c’est des choix politiques qui ont été guidés par des choix idéologiques réfractaires par rapport à l’arrivée des migrants en Europe», renseigne le directeur exécutif d’EndaDiapol. «Avec la percée de la droite en Europe, on s’est rendu compte que le discours sur la migration a changé d’alternative. Mêmes les populations européennes sont devenues xénophobes et racistes par rapport aux migrants», explique-t-il. Mamadou Abdoulaye Mbengue a également regretté que les fonds alloués au Frontex, tournant autour de 118 milliards d’euros, et destinés à la création d’emplois et de projets pour les jeunes n’aient pu régler la situation.
CRISE DES MIGRATIONS : Le pape François donne sa formule

Devant l’actualité cuisante de la migration, le pape François ne reste pas silencieux face aux appels des demandeurs d’asile, ni passif face aux choix des décideurs. Au cœur de ce grand débat pénible pour tous, le Saint Père donne sa position. Ces dernières semaines, il s’est exprimé sur le sujet à diverses occasions en proposant surtout de dépasser les situations d’urgence, et de mettre en place des programmes qui impriment de nouveaux visages aux sociétés et aux peuples.

Le 12 septembre, depuis le Vatican, le pape François adresse aux fidèles, un message pastoral. «Les migrants et les réfugiés nous interpellent. La réponse de l’Évangile de la miséricorde», dit-il. Pour annoncer le thème de la prochaine journée mondiale du migrant et du réfugié qui sera célébrée par l’Eglise catholique, le 17 janvier 2016. Dans cette lettre, le pasteur insiste sur l’accueil dû au migrant qui est aussi l’accueil de Dieu en personne. Il appelle à vivre une fraternité et une solidarité dans la famille humaine. Fraternité qui s’exprime, selon lui, dans la miséricorde, dans des bras qui s’ouvrent pour des étreintes, une culture de la rencontre et de l’accueil de l’autre.

Le pape propose de dépasser les situations d’urgence, avec des «programmes qui tiennent compte des causes des migrations, des changements qui se produisent et des conséquences qu’impriment de nouveaux visages aux sociétés et aux peuples». Dénonçant l’indifférence et le silence que l’on peut avoir devant la mort de milliers d’individus, il appelle à respecter la destination universelle des biens de la terre. «Les migrants sont nos frères et sœurs qui cherchent une vie meilleure loin de la pauvreté, de la faim, de l’exploitation et de la répartition injuste des ressources de la planète qui devraient être divisées équitablement entre tous».

Le pasteur sera amené à aborder de nouveau le sujet de la migration, en répondant à la question du journaliste Thomas Jansen dans l’avion Philadelphie-Rome les 27 et 28 septembre 2015. L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 40 du 1er octobre 2015, relayé par Zénith du 02 octobre 2015 rapporte la réponse du pape. Interpelé sur l’érection de barbelés comme solution européenne face à la crise migratoire, le pape évoque d’abord les causes profondes de l’émigration. « ...On entre dans un état de crise après un long processus. C’est un processus qui a explosé il y a plusieurs années, parce que les guerres que ces personnes fuient, sont des guerres qui durent depuis des années. Quand je pense à l’Afrique… le continent exploité. On allait là-bas chercher des esclaves, et aussi les grandes ressources... Et à présent, les guerres tribales et non tribales, reposent sur des intérêts économiques...».

Pour ce qui est des barbelés comme réponses à cette crise, il pense qu’ils ne sont pas une solution durable. «Tous les murs s’écroulent : aujourd’hui, demain, ou dans cent ans». Il appelle plutôt à comprendre les causes de ces vagues migratoires. Pour lui, le dialogue entre pays peut aider à apporter une solution. Eriger des ponts plutôt que des barrières et enfin investir dans l’emploi en Afrique. «Et je pense qu’au lieu d’exploiter un continent, ou un pays ou une terre, investir pour que ces gens aient du travail éviterait cette crise».

Le jeudi 1er octobre, à Rome, le Pape publie un tweet sur son compte @Pontifex_fr sur le sens de la vie. « Notre vie n’est pas un vagabondage qui n’a pas de sens. Nous avons un but sûr : la maison du Père ». Une identification entre la vie du croyant en marche vers le paradis et le migrant à la recherche d’un eldorado. Une analogie entre les difficultés de la vie sur terre et les dangers encourus par les réfugiés. Ce message qui sonne comme un complément spirituel et théologique à son Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié.
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