Favori à sa propre succession, Alpha Condé, 77 ans, ne présente pas pour autant un bilan très glorieux lors de son premier quinquennat. La montée du chômage et l’épidémie à virus Ebola pourraient lui compliquer l’obtention du second mandat. Cependant l’inauguration du barrage d’électricité de Kaléta, le 28 septembre dernier, d’une capacité de 240 mégawatts pourrait l’aider à rester au Sékhoutoureya.
Il est passé par toutes les étapes pour prendre le pouvoir en Guinée. Victime des régimes dictatoriaux de Sékou Touré et de Lansana Conté, dont une condamnation à mort par contumace en 1970, Alpha Condé a décroché le graal en 2010 lors de l’élection présidentielle. Classé deuxième lors du premier tour de ce scrutin avec 18, 25% des suffrages derrière Cellou Dalein Diallo qui avait obtenu 43,69%, l’enfant de Boké va créer la surprise générale en s’offrant la majorité au second tour avec 52,52%. Favori à sa propre succession comme de nombreux Présidents sortants, l’actuel chef de l’État a bien l’intention de rempiler dès le premier tour. À 77 ans, le candidat socialiste, leader du parti rassemblement du Peuple et de l’Arc-en-ciel, qui a refusé de reporter l’élection de demain, ne présente pas pour autant un bilan glorieux.
La Guinée est toujours l’un des pays les plus pauvres d’Afrique et l’un des plus corrompus. Elle est toujours profondément divisée par des tensions ethniques, sociales et politiques, comme en témoignent les manifestations au printemps 2015 à Conakry ou celles de ce mois dans le fief de son principal opposant, Cellou Dalein Diallo. Des manifestations qui se soldent, à chaque fois, par des morts et des dizaines de blessés. Pourtant, la Guinée ne manque pas de ressources, en particulier hydrographiques et minières (bauxite, or, diamants, fer, manganèse, zinc, cobalt, nickel, uranium). Des ressources mal exploitées qui ne profitent guère à ses 11,7 millions d’habitants. Le classement du pays en matière d’Indice de développement humain du Programme des nations-unies pour le développement (Pnud) : 179e sur 187 pays en 2014 (178e en 2011), est assez révélateur.
Ebola et ses 2 000 personnes
Pour ne rien arranger, l’épidémie d’Ebola a considérablement fragilisée ce pays. Elle a tué 2 081 personnes dans le pays, affaibli le secteur de la santé et affecté gravement son économie. Selon la Banque mondiale, son taux de croissance est passé de + 4,5 % à + 0,5 %, en 2014. Et pour 2015, elle prévoit une récession de –0,2 % alors que le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 4,2 %.
Sur le plan intérieur, la grande réussite de Alpha Condé est d’avoir sorti de terre le barrage de Kaléta qu’il a inauguré le 28 septembre dernier. D’une capacité de 240 mégawatts, cette infrastructure a été construite en trois ans par la Chine. Grâce à elle, les coupures d’électricité dans la capitale Conakry sont désormais moins fréquentes. Egalement, le Président sortant peut aussi faire valoir le nouveau rôle joué par la Guinée dans la sous-région, en particulier au Mali où elle a envoyé des hommes combattre sous l’égide de l’Onu mais aussi en Guinée Bissau où Alpha Condé faisait partie des médiateurs de la Cedeao dans la crise politique et institutionnelle qui secoue ce pays frontalier de la Guinée.