Officiellement lancé hier, lundi 5 octobre à Dakar, en présence de la secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean et du président de la République, Macky Sall, l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (Ifef), qui n’est encore qu’un projet, trouvera refuge à Diamniadio, «au cœur de la Cité du Savoir». C’est pourtant un vaste chantier, quand on pense que la situation de l’éducation dans le monde serait assez précaire. Toujours est-il que l’Ifef se présente comme une opportunité, mais pas si les états appliquent entre eux «la politique des barricades».
C’est dans l’après-midi d’hier, lundi 5 octobre, autrement dit en pleine journée mondiale des enseignants, que l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (Ifef) a été officiellement lancé, en présence de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), Michaëlle Jean, et du chef de l’Etat, MackySall.
L’Ifef n’est encore qu’un projet, même si le site prévu pour l’accueillir a déjà été trouvé : «L’édifice s’élèvera au cœur de la Cité du Savoir», a annoncé Michaëlle Jean, autrement dit tout près du Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad). La secrétaire générale de la Francophonie parle surtout d’en faire un centre d’excellence, avec à la fois un espace de recherche et un laboratoire innovant.
Au-delà de ses murs, l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation pose toute la question de la situation de l’éducation dans le monde. Une situation assez précaire d’ailleurs selon la directrice du Partenariat mondial pour l’éducation, Alice Albright, qui n’a pas peur des mots puisqu’elle n’hésite pas à parler de «crise de l’apprentissage». Quand on fait le calcul, dit-elle encore, 250 millions d’enfants à travers le monde ne sont pas scolarisés.
En Afrique subsaharienne, on souffre surtout d’une «pénurie d’enseignants qualifiés», quand certains enfants ne se transforment tout simplement pas en victimes du système : les conflits, l’instabilité politique ou les frais de scolarité parfois prohibitifs font que pour certains d’entre eux, ce n’est pas toujours très évident d’aller au-delà du cycle primaire. Il ne s’agit pas seulement d’aller à l’école, pense aussi Alice Albright, il faudrait encore pouvoir y rester. L’enjeu consiste selon elle à pouvoir offrir à ces enfants «une éducation inclusive, équitable et de qualité», peu importe leur sexe, leur origine ethnique ou sociale.
Dans ce qu’en dit quelqu’un comme Macky Sall, on a comme l’impression que c’est plus ou moins un secteur en chantier, avec quelques choses à revoir ou à améliorer comme «la qualité de l’éducation et la pertinence des apprentissages, l’adéquation entre l’éducation et l’emploi, la mise à niveau des formateurs». L’autre souci, toujours selon le chef de l’Etat, c’est que nos pays doivent encore faire face à la «désaffection des filières scientifiques», comme à la «dégradation du niveau des apprenants».
Dans les discours des uns et des autres, l’Ifef apparaît évidemment comme une «opportunité», ne serait-ce que pour tous les échanges internationaux qu’elle devrait pouvoir favoriser.
Mais pas si ces mêmes états appliquent entre eux «la politique des barricades» comme dirait MackySall, qui plaide pour «la mobilité des étudiants et des enseignants», dans le respect les uns des autres et au nom d’une «Francophonie plus attractive pour la jeunesse».
Si la création de l’Ifef est encore une des «décisions majeures» du 15ème Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Dakar au mois de novembre dernier, pour MackySall, c’est surtout «un gage de confiance», une confiance que le Sénégal, qui logera l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation, va devoir mériter.