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Habré doit rendre compte au peuple tchadien, dit l’épouse d’une victime
Publié le mardi 6 octobre 2015  |  Agence de Presse Sénégalaise
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Le témoin Fatimé Toumbé, dont le mari a été exécuté sous le règne de Hissein Habré, a appelé lundi l’ancien président tchadien à rendre compte au peuple tchadien.

‘’Il faut qu’il rende compte au peuple tchadien, qu’il nous
clarifie sur beaucoup de situations’’, a-t-elle lancé à la barre des Chambres africaines extraordinaires (CAE) chargées juger de M. Habré.

Epouse de l’ancien secrétaire d’Etat à la santé, de 1984 à 1987, Haroum Godi, de l’ethnie hadjarai, Fatimé Toumbé raconte : ‘’Un jour, mon mari m’a dit : +Les temps sont graves. Occupe-toi des enfants et de ma mère+ Et il a disparu’’.

‘’C’est une semaine après que les éléments de la Direction
de la documentation et de la sécurité (DDS) sont venus à la maison. Un des responsables est entré dans le salon et en est ressorti avec une lettre sur laquelle j’ai clairement reconnu les écritures de mon époux’’, a-t-elle ajouté.

Elle indique que ‘’ce sont les mêmes recommandations’’ faites par son mari qui ‘’figuraient’’ sur cette lettre.

‘’Mon mari, une personnalité influente de l’ethnie hadjarai, a été exécutée comme l’était beaucoup d’autres cadres de cette communauté’’, accuse-t-elle.

‘’Haroum Godi était un collaborateur direct de Hissein Habré. Il a même mené avec succès les négociations avec la dissidence du Nord pour les ramener à Ndjamena’’, a-t-elle rappelé.

Revenant sur l’annonce de la mort de son époux, elle déclare : ‘’Un matin, en allant en ville, j’ai entendu un communiqué officiel à la radio nationale dire que +Le traitre Haroum Godi a été exécuté+, et une grande souffrance m’a habité’’.

‘’Est-ce normal de prendre quelqu’un et de l’exécuter alors
qu’il était contre l’injustice ?‘’, s’est-elle interrogée, soulignant que cela fait 25 ans que cette blessure ouverte fait toujours mal.

‘’L’ethnie Hadjarai a été persécutée tellement, que après l’annonce de l’exécution de mon époux, aucun membre de sa famille ou ses amis ne se sont présentés à la maison pour nous soutenir dans cette douleur. Mon enfant le plus âgé avait 12 ans et le plus jeune en avait deux’’, déclare-t-elle.

Selon elle, ‘’ c’est tout une génération de hadjarai qui a été sacrifiée. Je travaille et, avec l’aide de mon père, j’ai pu assurer l’éducation de mes enfants. Tous les autres dont les mamans ne travaillaient se sont retrouvés dans la rue’’.

‘’Son seul tort, c’est de dénoncer l’impunité suite au décès
de l’ancien ministre des Affaires Etrangères, Idriss Meskin, et de son oncle, tous des hadjarai. Cela a été même la cause de son limogeage’’, a-t-elle rappelé.
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