Le documentaire ‘’Bakhta et ses filles’’ de la Française d’origine algérienne Alima Arouali (54 mn, 2015) porte sur une histoire familiale personnelle de sa réalisatrice, un point de vue sur la question de l’émancipation des femmes, de la liberté de choix qui peut et doit s’offrir à elles dans leur quête d’une place dans la société.
Alima Arouali filme ses sœurs Aicha, Malika, Rachida et Horia, toutes filles de Bakhta et Abdenbi – qui ont quitté l’Algérie en 1948 pour s’installer en France. Le documentaire est un témoignage fort sur la lutte de cette génération pour pouvoir travailler, pour décider avec qui elle voulait, avoir ou non des enfants, avoir le droit à une sexualité libre.
Le documentaire était en compétition dans la section documentaire de la 9-ème édition du Festival du film de femmes de Salé (28 septembre-3 octobre).
Dans sa démarche, Arouali part de son histoire et de celle de ses sœurs et de sa mère pour mettre en lumière la manière dont des femmes, dans une famille arabo-musulmane, peuvent trouver leur personnalité, leur liberté et décider en fin de compte de leur option de vie.
Cette possibilité de choisir sa voie est, elle-même, à la base de la décision d’Alima Arouali de faire du cinéma. ‘’Je ne suis pas arrivée au cinéma par hasard, explique-t-elle. C’est vraiment un choix délibéré de faire du cinéma. Je ne voulais pas être réalisatrice. Je voulais etre monteuse. J’ai été monteuse pendant très longtemps. Et au fur et à mesure, je me suis rendu compte que j’avais aussi envie de raconter des choses, de défendre des idées.’’
‘’Au début je ne connaissais pas ce milieu. J’étais très cinéphile, j’aimais beaucoup le cinéma. Et vers l’âge de 25 ans, alors que je n’avais fait aucune école, je me suis dit que j’aimerais bien être monteuse’’, indique Alima Arouali, relevant qu’à cette époque, en France, on pouvait encore se former sur le tas.
Elle a ainsi été stagiaire, assistante sur des films, ‘’par goût’’. Du haut de son expérience, elle trouve que dans le cinéma français, la question des femmes ou même des jeunes originaires des pays musulmans, reste encore ‘’soit caricatural soit misérabiliste’’, option de laquelle elle s’évertue à s’écarter.
A la question de savoir s’il est plus difficile de faire des films selon qu’on soit homme ou femme, Alima Arouali a répondu : ‘’Je crois que c’est difficile pour tout le monde. C’est encore plus difficile pour le documentaire parce que si on décide de s’engager dans cette voie, c’est la diffusion qui risque d’etre problématique’’.