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Procès Habré : Les victimes désarment la défense
Publié le samedi 3 octobre 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




La défense s’est-elle essoufflée ou est-elle à court de stratégies ? En tout cas, l’ardeur et l’agressivité, dont elle faisait montre au début du procès, ont baissé. Les robes noires s’énervent et s’emportent à la barre. Le Président Kam les a même invités à intégrer dans leur stratégie de défense, l’attitude des plaignants.

Le procès de l’ex-Président du Tchad suit son cours normal. Après le passage des témoins de contexte et des experts, la cour recueille depuis quelques jours, les victimes constituées partie civile. Mais, au fur et à mesure que les faits s’exposent sous les yeux du public, l’attitude des parties au procès change. Les parties civiles et le Parquet, timides au début du procès, gagnent en confiance. Normal ! Jusque-là, tous les témoins ont témoigné à charge contre l’ex-Président du Tchad, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de torture.

Qu’en est-il de l’attitude des avocats commis d’office pour assurer les intérêts de Hissein Habré ? Vu la teneur des débats ces derniers jours, on remarque que la défense perd un peu de sa hargne constatée tout au début du procès. Le journal Le Quotidien avait même barré à sa une au début du procès : «La défense joue son rôle», pour témoigner de l’ardeur qu’elle faisait montre avec à sa tête, Mes Ballal et Mbaye Sène.
Depuis quelques jours, elle est devenue moins loquace. Apparemment, les conseillers de l’accusé ont voulu réduire leur ligne de défense à trois points. Ils veulent limiter la chaîne de commandement des atrocités commis durant 1982-1990 à la seule responsabilité du ministère de l’Intérieur de l’époque en brandissant à chaque fois, un décret présidentiel qui attribuait la gestion de la Dds à ce ministère. L’autre ligne de défense, c’est de mettre en exergue le contexte de guerre de l’époque. Et enfin celle qui consiste à décrédibiliser les victimes.
Seulement, les différents témoignages des victimes chargent Habré qui s’emmure toujours dans son silence. Et du coup la défense se braque au point de solliciter souvent l’intervention du président Gberdao Gustave Kam. Hier, Me Mbaye Sène, qui s’énerve de plus en plus, s’est donné en spectacle avec Zakaria Fadul Kitir devant la barre : «est-ce qu’un chef d’Etat n’a pas le droit d’user de son droit régalien pour arrêter des rebelles ?», interroge la robe noire. Le témoin lui répond : «les gens incriminés par le régime de Habré n’étaient pas des combattants, ni des rebelles. C’était des proches parents, des rebelles qu’on arrêtait dans leur bureau ou dans la rue pour les faire disparaître après», tonne-t-il sèchement. Non satisfait de cette réponse, Me Sène se fâche. «Je ne vous parle pas de ces personnes. Je parle des gens en rébellion», insiste-il. La réponse de Zakaria tonne encore avec le même son de cloche. «Ces combattants ne sont pas arrêtés, ils étaient dans le théâtre des opérations. A leur place, c’étaient leurs parents qui ont payé de leur chair.» Me Mbaye Sène, énervé, se tourne du côté du Président de la Cour : «Dites au témoin de répondre M. le Président.» Le témoin arrache la parole avant même que le président ne réponde à Me Sène. «Président, déclare-t-il cette fois-ci, calmement, Me se fâche parce que je n’ai pas répondu dans le sens qu’il a souhaité.»

Quand Gberdao Gustave Kam donne une leçon de défense aux avocats commis
Gberdao Gustave Kam, sourire aux lèvres, intervient : «Me Sène, la cour est satisfaite de la réponse du témoin. Vous pouvez continuer votre interrogatoire», tranche le président. Après ce petit incident, Mounir Ballal, interrogeant le témoin à son tour, s’emporte contre ce dernier à propos d’une question relative au nombre de ses frères. Il élève la voix : «pourquoi vous avez dit dans votre procès-verbal que vous avez perdu 7 frères de même père et mère et vous dites ici devant la barre que vous avez 5 frères de même père et mère ? Répondez», ordonne-t-il. Zakaria Fadul ne se laissant pas faire lui rétorque : «Vous allez commencer par me respecter d’abord avant que je réponde à vos questions.» Kam intervient encore : «Me Ballal, déclare-t-il, si vous criez sur le témoin, il va se braquer. De tous les procès, les victimes ont toujours été difficiles, voire hostiles pour la défense. Et cela vous devez l’intégrer dans votre stratégie de défense. Je vous l’ai déjà dit», révèle le président qui annonce la pause pour permettre aux uns et aux autres de s’apaiser.

Zakaria Fadul sur l’insurrection contre Habré
«La mort de Sidik Fadul a été l’élément déclencheur de la rébellion de Deby contre Habré»
Comment l’actuel Président du Tchad est entré en rébellion contre Hissein Habré ? Selon Zakaria Fadul kitir, un proche parent de Deby, son frère Sidik Fadul serait un des éléments déclencheurs de l’action du 1er avril 1989 à la suite de laquelle Habré est renversé. Sidik Fadul était un combattant du gouvernement d’union nationale du Tchad de Goukini Wedei. Après la prise du pouvoir par Habré, il s’était refugié à l’étranger. D’après le témoin, qui répondait aux questions du Parquet général, c’est l’ancien homme fort de Ndjamena qui a insisté auprès de Hassan Djamouss pour que Sidik Fadul revienne au pays. Et par l’entremise de cet émissaire, Hissein Habré lui a fait la promesse d’assurer sa sécurité et de lui donner un poste alléchant, a rappelé M. Kitir. C’est ainsi que Sidik Fadul est rentré au bercail.
Malheureusement, Habré n’a pas tenu sa promesse, soutient le témoin devant la barre. Alors qu’il prenait son déjeuner avec le commandant-chef Hassan Djamous, Guikhini Korei et un autre homme ont fait irruption dans la maison. «Nous avons besoin de Sidik», avaient-ils indiqué. Et selon le Zakaria Fadul, le commandant, qui était en compagnie de son frère Sidik, demande le motif de cette interpellation. «C’est le Président qui nous a envoyés», avaient-il rétorqué avant d’amener avec eux, le sieur Sidik le 29 juin 1988 vers 13h-14H, à en croire toujours le témoin. Il soutient que le commandant les a suivis après leur départ. Sur les lieux, relate-t-il, «il a dit à Habré si Sidik n’a rien fait, laisse la police faire son travail». Depuis lors, le sieur Sidik n’a plus été revu. Et c’est la raison pour laquelle, estime-t-il, que Hassan Djamous et Idriss Deby sont entrés en rébellion contre Habré. Et ils l’ont destitué.
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