L’examen national du permis de conduire n’a pu se tenir hier. Les 900 candidats qui devaient le passer étaient obligés de rentrer chez eux. Parce que la partie du stade Senghor qui avait l’habitude d’abriter cet examen a été clôturée par le promoteur immobilier. Ce dernier envisage d’y ériger un projet immobilier de 54 logements contre la volonté de l’Amicale des moniteurs et employés d’auto-école. Ayant commis un huissier, ces derniers ont décidé de porter plainte contre X.
La réserve foncière du stade Senghor continue de faire parler d’elle. Malgré les injonctions des autorités lui sommant d’arrêter les travaux, le promoteur continue de défier l’autorité. Profitant de la fête de Tabaski, ce dernier a pris sur lui la décision de clôturer une partie du parking ciblée pour y abriter des logements. Donnant corps à son projet de construction de 54 logements. Causant ainsi un préjudice aux candidats aux permis de conduire qui, traditionnellement, y passent leur examen.
Furieux, ces derniers n’ont pu passer l’examen national du permis de conduire hier parce que mis devant le fait accompli. Au nombre de 900 personnes, elles sont rentrées très remontées contre cette situation qui leur a été imposée manu militari. «A notre grande surprise, on a trouvé le site clôturé ce matin (hier). Le promoteur a profité de la Tabaski pour effectuer ses travaux. Conséquence : nous n’avons pas pu tenir l’examen national du permis de conduire partie pratique. Et c’est dans ces circonstances que les 900 candidats sont repartis furieux de ne pas avoir pu passer l’examen. On a beau chercher où passer l’examen, on n’a pas pu trouver. On a tout simplement annulé l’examen», se désole Mansour Guèye, le président de l’Amicale des moniteurs et employés d’auto-école. Pis, précise-t-il, «le monsieur a clôturé le site avec notre matériel pédagogique (les créneaux)», déplore M. Guèye qui informe que leur structure a commis un huissier. Et qu’une plainte contre X va prochainement être déposée au Commissariat des Parcelles Assainies, selon notre interlocuteur. «Nous avons commis un huissier et on va déposer une plainte contre X. parce qu’on nous empêche de travailler. On empêche les Sénégalais de passer leur examen de permis de conduire. C’est un examen national, si on le sabote, c’est comme si on sabote l’examen du Bac», dénonce-t-il.
Pourquoi une plainte contre X ? Mansour Guèye dit avoir procédé ainsi parce que n’ayant aucune information sur l’identité du promoteur en question. Même s’il est agité que la personne «incriminée» a le soutien d’une famille maraboutique et d’un Jaraaf de Yoff, le président de l’Amicale des moniteurs et employés d’auto-école ne confirme pas cette information. «On ne sait pas qui a clôturé le site. On ne peut pas donner une identité au promoteur», justifie le responsable des auto-écoles.
«C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités»
Au-delà de la menace brandie sous forme de communiqué par le ministre des Sports criant sur tous les toits qu’il allait s’opposer à ce projet, Mansour Guèye de souligner que les autorités de ce pays devaient allier l’acte à la parole. «Des mesures idoines devaient être prises par les autorités. On a alerté. On a interpellé la tutelle. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités. Qu’on élucide cette affaire. On ne peut pas comprendre qu’un intérêt individuel soit privilégié au détriment du collectif», s’emporte le patron de la structure regroupant les professionnels des auto-écoles.
Même s’il est avancé que le promoteur dispose de papiers légaux pour exploiter cette réserve foncière, selon notre interlocuteur, il appartient aux autorités de prouver que ce site appartient d’abord au stade. Quitte, souligne-t-il, «à dédommager le promoteur».
A raison de 22 400 de F Cfa par candidat
L’Etat perd plus de 20 millions de F Cfa par jour
L’annulation d’une journée d’examen de permis de conduire à un coût. Selon Mor Diagne, membre de l’Amicale des moniteurs d’auto-école, chaque candidat doit débourser au total 22 400 Cfa pour pouvoir participer à l’examen. Une somme dont une bonne partie va dans les caisses de l’Etat.Du coup, pour 900 candidats, cela donne un total de plus de 20 millions de F Cfa par jour d’examen. Mais que voulez-vous ? Quand ce même Etat fait preuve de frilosité dans une affaire qui concerne l’intérêt collectif…
Le ministère des Sports complice ?
Dans un communiqué transmis à l’Aps, l’Etat, par le biais du ministère des Sports, avait vivement réagi en disant s’opposer à toute «aliénation» d’une partie du parking du stade Senghor. Mais depuis rien n’a bougé du côté du ministère des Sports et de ses Services. Le ministre Matar Ba, qui avait promis de descendre sur le dit site objet d’un morcellement, se fait toujours attendre. Quid du directeur des Infrastructures, Fodé Sylla, et de la directrice du stade ? Ils sont aphones tous les deux. Quant au Directeur de cabinet, Ibrahima Ndao, il tient plutôt un langage «diplomatique». De là à penser que le ministère des Sports aurait des connections avec le promoteur et ses souteneurs, c’est un pas que d’aucuns n’hésitent pas à franchir. Surtout si on sait que, selon plusieurs sources, «c’est d’anciens fonctionnaires du ministère des Sports» qui seraient à l’origine de ce morcellement. «C’est aux agents du ministère des Sports, qui représentent l’Etat, d’empêcher la poursuite des travaux. S’ils ne le font pas, c’est parce qu’il y a complicité quelque part», peste ce candidat au permis de conduire. Qui tient à rappeler que «celui qui défie l’Etat ne peut rien revendiquer en retour car se retrouvant dans l’illégalité».