Dans la fièvre des préparatifs de la fête de la Tabaski, les Ziguinchorois ne manqueront pas de se rappeler que dans 72 heures, l’an 13 du naufrage du Joola sera célébré. Une commémoration qui sera empreinte de sobriété, mais les responsables de l’Association Nationale des Familles des Victimes du Joola (ANFV-JOOLA) comptent beaucoup s’appuyer, cette année, sur les prières qui seront dites le jour de la Tabaski pour rendre hommage aux 1963 victimes officiellement recensées dans ce naufrage. «Coïncidence ne pouvait être plus heureuse que celle-là», déclarent les responsables de l’ANFV-JOOLA.
Pour le président de l’Association des Familles des Victimes l’accent sera mis, cette année, sur l’introspection et la prévention précoce. Une façon pour Moussa Cissokho d’alerter les consciences populaires sur les différents événements malheureux qui se sont produits avec le récent crash de l’avion Sénégal-air. «Les victimes sont toujours restées dans les eaux à l’image du Joola. Il faut donc amener les citoyens à changer de comportements…».
L’autre particularité reste le mémorial-Musée le Joola qui, selon Moussa Cissokho, verra bientôt le jour à Ziguinchor. «Nous avons voulu profiter de ce 13e anniversaire pour procéder à la pause de la première pierre après l’affectation d’un hectare par la mairie de Ziguinchor. Mais malheureusement, comme nous n’avons pas encore reçu le document officiel de la mairie qui nous a attribué le site, nous avons jugé prématuré de procéder à la pause de la première pierre». Le mémorial-Musée le Joola est une vieille doléance pour les familles des victimes du naufrage du Joola. La réalisation de ce mémorial permettra d’ailleurs de fixer une vision contre l’oubli sur cette tragédie maritime.
Ziguinchor qui a payé un lourd tribu à ce drame se prépare timidement à commémorer l’an 13 du Joola au cours duquel une assiette de doléances sera agitée par les responsables de l’association comme évoqué par Moussa Cissokho. «Des avancées sont certes notées dans le dossier des pupilles de la nation à travers de belles initiatives du directeur de l’Office des pupilles de la nation. Mais, par rapport à ces enfants orphelins, quelque soit la volonté du directeur, nous avons affaire à un Etat qui s’était engagé à déclarer ces enfants pupilles de la nation. Une loi avait été votée depuis 2006, mais une injustice, à travers un décret qui exclut depuis ces enfants, doit être réparée. Toute chose qui nous pousse à dépoussiérer ce dossier qui n’a pas été satisfaite tout comme la question du renflouement du Joola qui reste toujours en suspens…»
De vieilles revendications qui seront agitées au cours de cette commémoration du naufrage du Joola cette année. L’accompagnement psychosocial est également un autre point dans la panoplie de doléances que comptent soulever les familles des victimes du Joola à Ziguinchor qui continuent de lutter contre l’oubli. Ce drame a changé la vie de milliers de Sénégalais un soir du 26 septembre 2002 lorsque le navire le Joola qui assurait la desserte maritime Dakar-Ziguinchor- Dakar effectua son «dernier» voyage sans retour.