Ce n’est pas encore le grand rush au niveau des points de vente de moutons. Les clients viennent à compte goûte. Jusqu’à 8 jours de la célébration de l’Aïd el-kabir ou Tabaski, le rythme des ventes est, depuis toujours, au ralenti. Les éleveurs doivent donc attendre encore l’affluence des veilles de la Tabaski pour écouler leurs bêtes.
15 heures dans les SICAP. Le rural côtoie l’urbain à la veille de cette fête de Tabaski 2015. Le décor habituel, aux quartiers Sacré-Cœur, Libertés et Amitiés avec des maisons faites de villas haut standing, avec des jardins bon parfum, parking auto de lux, est troublé par des enclos délimités par des barrières, des filets ou des cordes. Ce sont des point de vente, où d es troupeaux de moutons sont embrigadés.
Sous un soleil incandescent, les éleveurs se réfugient sous l’ombre des bâches érigées à cet effet ou sous l’ombre des arbres. Les halètements des bêtes, attachées ou emprisonnés dans ces périmètres sous le soleil, disent long sur la canicule qui règne dans la capitale. Des sacs de paille d’arachide, d’aliment de bétail exposés et des charrettes… complètent la décoration. Après un tour des points de vente de moutons dans les SICAP, le décor est partout le même ou presque.
Cap sur les quartiers Liberté. Hier, mercredi 16 septembre, une ambiance pas bon enfant régnait sur les deux voies de Liberté VI. Des éleveurs attendent encore avec impatience les pères et responsables de famille devant commémorer la soumission d’Ibrahima à son Dieu Allah dans une semaine. Toutefois, Déthié Ndiaye, originaire de Bambey, approuve la mesure des autorités qui ont révéré à la lettre les directives du conseil interministériel sur la Tabaski. Il soutient que «contrairement à l’année dernière où nous avions payé 30 mille par unité de surface, les autorités nous ont autorisé à nous installer cette année sans aucune contrepartie financière».
Même son de cloche chez tous les autres éleveurs rencontrés durant notre passage. Sheikna Koné est venu du Mali avec 200 béliers. Le hic, selon lui, c’est la cherté du liquide précieux et de l’aliment de bétail. «Chaque jour, je paie 5 à 6 fûts de 200 litres moyennant 1000 F Cfa l’unité et le sac de paille d’arachide à 6000», indique le malien d’une quarantaine d’année. La lourdeur de ces dépenses quotidiennes, conjuguées aux frais d’entretien du personnel, explique Déthié Ndiaye qui a en charge un nombre de 10 personnes, influent sur les prix des moutons qui varient entre 40 mille et 250 mille F Cfa. Quant aux risques de pénurie de mouton pour cette année, comme ce fût le cas en 2013, Déthié Ndiaye pronostique: «s’il n’y pas de nouvelles entrées (convoi de moutons) sur Dakar, certaines familles ne célébreront pas la Tabaski».
Le grand absent des points de vente de moutons à Liberté VI est le client qui est sensé être le «roi». Ils (les acheteurs) viennent uniquement pour se renseigner sur les prix, atteste Alassane Niang qui n’a aucune notion sur la langue wolof. Par jour, «il nous est difficile de vendre 2 moutons pour le moment, mais, nous gardons bon espoir», renchérit Mamadou Sileye Ba qui a servi d’interprète.
Les parias, sur ces deux voies de Liberté VI, restent les charretiers et les vendeurs de paille d’arachide. Ils ne sont pas les bienvenus dans le territoire communal de Mermoz-Sacré-Cœur. «Les agents municipaux de Barthélémy Diaz nous chassent à tout moment», confie un conducteur de charrettes qui a préféré taire son nom.
Ablaye Fall, vendeur de paille d’arachide à Sacré Cœur III, rouspéte contre les autorités municipales de Mermoz-Sacré-Cœur. «Elles (autorités municipales) m’ont facturé 6500 F Cfa pour me voir restituer les145 sacs qu’elles m’avaient enlevées au mois d’août», s’indigne-t-il. Pis, au lieu d’amener les sacs en fourrière, elles ont partagé le butin. «J’en est trouvé chez mon mentor, un ami de Barthélemy», conclut Ablaye Fall.