Les pèlerins en «errance» à l’aéroport de Dakar s’en remettent au chef de l’Etat Macky Sall pour qu’un vol leur soit affrété à destination directement de la Mecque, sans le détour par Médine, pour pouvoir accomplir le cinquième pilier de l’Islam, le Hadj.
Le calvaire des pèlerins, laissés en rade au hangar de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, continuait encore hier, lundi 14 septembre. Joint au téléphone (hier), leur porte-parole confirme qu’ils sont toujours dans l’expectative. Non seulement ils n’avaient pas encore vu, jusqu’à l’heure où le porte-parole Habibou Ndiaye est joint au téléphone, la couleur des 92 visas annoncés la veille, dimanche 13 septembre à 21H30, par les autorités en charge du pèlerinage, mais aussi ils ne savaient à quel interlocuteur se fier.
Donc les espoirs nés de la promesse du Commissaire adjoint de voir le cas de certains «oudjaj» décanter tard dans la soirée vers 0H20 s’amenuisaient davantage. «Ils nous ont dit que 92 visas sont déjà prêts, il ne restait que 71. Et depuis l’annonce de cette nouvelle hier (avant-hier dimanche, ndlr) à 21H30, jusqu’au moment où je vous parle, nous n’avons rien vu. Interpellés, ils répondent qu’ils ne veulent pas créer de frustrés en remettant les passeports aux uns et laisser les autres. Ils ont prévenu que tout devrait rentrer dans l’ordre dans la journée de lundi, mais jusqu’à présent rien. Nous attendons encore», ajoute le porte-parole.
L’origine de ce calvaire est à chercher, entre autres, dans le fait que le Sénégal a largement dépassé son quota. De 2000 pèlerins, le commissariat général s’est retrouvé avec 2200 inscrits. Suffisant pour qu’ils accusent la commission nationale de les avoir sacrifiés au profit des proches, des détenteurs de billets offert par l’Etat du Sénégal ou des responsables politiques de la mouvance présidentielle qui n’étaient même pas pris en compte dans le quota prévu pour le Sénégal. Pourtant, dès les premières heures de cette déconvenue, le chef de l’Etat, Macky Sall, avait promis de tout faire pour qu’ils puissent rallier la Mecque au plus vite.
Le Commissaire adjoint, Saliou Bamar Ndiaye, qui souligne que c’est n’est pas la première fois qu’un pays dépasse son quota, explique que l’ambassadeur d’Arabie Saoudite au Sénégal, à la suite d’une implication intense des autorités sénégalaises, a accepté de leur délivrer les visas, bien que le Sénégal ait épuisé son quota de 2000. Cependant, ils ne feront pas l’étape de Médine, car, le hadji va démarrer dès le premier jour du mois de Tabaski (zoul hijja), donc ce mardi 15 septembre. Ce qui fait que, ayant payé 28 jours de réservation, la durée normale de leur séjour sera plus courte. Pourvu qu’ils aient un vol pour cela.
En attendant, la souffrance de ces pèlerins laissés en rade s’accentue. «Nous avons été convoqué jeudi à 18H pour embarquer à 0H, mais 6 jours après, nous sommes toujours là sans aucune assistance. Nous souffrons sous cette tente. Nous sommes obligés d’aligner trois chaises pour pouvoir dormir. Les femmes dorment à même le sol. Même pour se procurer de quoi manger, c’est un véritable problème. Seules quelques rares bonnes volontés nous apportent à manger dont le khalife général des mourides qui l’a fait avant-hier. Toutes nos économies sont en train d’être utilisées pour acheter de la nourriture. Un pèlerin originaire des régions est sorti pour acheter de la nourriture, il a gobé une diarrhée par la suite. Face aux nombreux cas, le ministère de la Santé nous a envoyé une équipe médicale aujourd’hui (Hier, ndlr) pour les prendre en charge», explique Habibou Ndiaye.