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Le Soleil N° 13120 du 18/2/2014

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Raport de la cnri : Des partis politiques émettent des réserves sur les réformes proposées
Publié le mardi 18 fevrier 2014   |  Le Soleil


Macky
© Présidence
Macky Sall
Le président de la république recevant des mains de Amadou Makhtar Mbow, le rapport de la Commission nationale de réforme des institions


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Suppression des cumuls fonctions, limitation de l’âge des candidats à la présidentielle… Ces points qui figureraient dans le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) ont suscité des réserves des partis politiques. Mais, ceux-ci estiment que le dernier mot revient au chef de l’Etat, Macky Sall.
Le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) remis jeudi dernier au président de la République Macky Sall ne semble pas faire l’unanimité au sein de la classe politique sénégalaise. Même si le contenu de ce rapport n’est pas encore mis à la disposition du grand public, les commentaires des hommes politiques fusent de partout. Et ceux-ci semblent agir en fonction des points qui intéressent leurs formations politiques respectives dans le rapport.
Si à l’Alliance pour la République (Apr), les responsables écartent tout départ de leur leader de la tête de leur formation politique, du côté de l’Alliance des forces de progrès (Afp) la limitation à 70 ans de l’âge des candidats à la présidentielle ne semble pas enchanter.
D’autres critiques sont énumérées selon les intérêts des différentes forces politiques. « Nous avons toujours dit que nous ne sommes pas pour la suppression du cumul de la fonction de président de la République avec celle de chef de parti politique. Nous n’avons pas varié », a déclaré le directeur de l’école de l’Alliance pour la République, le député Me Djibril War, par ailleurs président de la Commission des lois et des règlements à l’Assemblée nationale. Le responsable de l’Apr a souligné : « On ne leur avait pas demandé de faire un projet de Constitution. Les membres de la commission n’ont pas le pouvoir de faire un projet de Constitution. Ils devaient juste réfléchir sur un projet de réforme ». Me War de préciser cependant : « Le dernier mot revient au président de la République ».

Dernier mot au président de la République
El-Malick Diop, le porte-parole de l’Afp, est aussi d’avis que le président de la République a le dernier mot. « Nous n’avons pas encore étudié le rapport. C’est un travail qui a été demandé par le président de la République. A charge au Président de prendre la décision », a dit le maire de Fann-Point E. Interpellé sur la limitation de l’âge des candidats à 70 ans, une disposition qui disqualifie le leader de l’Afp lors de la prochaine présidentielle, Malick Diop d’affirmer : « Une proposition de réforme est impersonnelle. La réflexion ne peut pas être personnelle ». Il a ajouté que c’est au Président de retenir les aspects positifs pour prendre des décisions qui consolident nos institutions et notre démocratie.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) semble opter pour l’observation en attendant d’avoir les grandes lignes du rapport. « Le rapport n’est pas encore officiellement disponible. Compte tenu de ce fait, nous ne pouvons pas encore donner notre point de vue », a dit Modou Diagne Fada. Le président du groupe des Démocrates et des Libéraux, faisant allusion aux réactions des responsables de l’Apr contre le rapport, ajoute sur le ton de la raillerie : « C’est un débat entre eux. La commission, c’est eux (ndlr : les membres de la mouvance présidentielle). Pour le moment j’attends de recevoir le rapport parce que c’est un dossier très important qu’il faut bien analyser.
Pour Mbaye Jacques Diop du Pppc : « c’est une constitution de restrictions qui a été présentée au chef de l’Etat ». Il soutient que « dans les pays à démocratie avancée, quand on envisage de telles réformes importantes et essentielles dans la vie d’un peuple, on doit d’abord aller vers les acteurs politiques ». Il rappelle qu’en 1958, quand le Général De Gaulle est revenu au pouvoir et qu’il a voulu modifier la République, la commission de réforme était présidée par Michel Debré, un homme politique ainsi que d’autres membres de cette commission. « C’est dire qu’avec la Cnri, c’est au départ qu’on a péché. Parce qu’on ne peut pas confier une telle réforme à des enseignants et à des fonctionnaires. C’est la classe politique qui devait être consultée en premier ». Il ajoute que c’est parce que c’est elle qui fait fonctionner les institutions, va vers les électeurs et à la quête du suffrage des électeurs. Il est d’avis que c’est le même projet qui a été présenté aux assises nationales où 65 % des Sénégalais n’étaient pas représentés. Me Diop conclut que c’est un projet minoritaire qui va même jusqu’à montrer cette sorte de suspicion permanente que les fonctionnaires éprouvent vis-à-vis de la classe politique.
Interpellé sur le rapport de la Cnri, Me Amadou Sall a estimé tout simplement que le Pds n’a pas été associé. « On peut dire que le Pds n’a été impliqué ni de près ni de loin aux travaux», a-t-il regretté.

Mission outrepassée
De son côté, Abdourahmane Ndiaye de l’Apr, conseiller politique du président Macky Sall a souligné : « J’ai les mêmes appréciations que notre parti. La Constitution ne doit pas être touchée». Pour lui, les membres de la Cnri ont outrepassé leur mission. « C’est leur constitution à eux », a-t-il fait comprendre. Cependant, il tempère « tout n’est pas à jeter. Mais il y a des propositions à ne pas prendre en compte. Il y aura forcément une source d’instabilité ». Abdourakhmane Ndiaye attire l’attention des Sénégalais sur une crise politique à laquelle on pourrait déboucher. « Ce sont des risques à ne pas prendre », a-t-il précisé, tout en ajoutant que le président est la seule personne qui constitue une institution.
De son côté, Momar Samb du Rassemblement des Travailleurs africains, section sénégalaise (Rta-s), ces agitations sont à la limite de l’hystérie. « Je pense qu’il faut laisser au Président le soin d’examiner la question. Je ne sais pas pourquoi les gens sont aussi excités. Il faudra que les Sénégalais mettent en avant l’intérêt général et non des intérêts particuliers », a-t-il laissé entendre. Selon lui, ce n’est pas républicain et c’est contraire à la probité intellectuelle et à la l’éthique républicaine. Toutefois, il considère problématique le fait de n’avoir pas encore reçu le texte. « C’est ce qui me désole. Car en toute objectivité nous n’avons pas encore le texte sous les yeux pour nous faire une idée précise de ce rapport de la Cnri ».

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