Le président de la République, Macky Sall, a exhorté, lundi à Dakar, à "assumer et avoir le courage de faire avancer l'Afrique de l'Ouest", après l'élaboration d'un document de compromis sur les Accords de partenariat économiques (APE) entre l’Union européenne (UE) et l’Afrique de l’Ouest, plaidant pour un processus "ouvert et transparent".
‘’Aujourd’hui, force est de constater qu’il y a un pas positif qui a été franchi, et il faut assumer et avoir le courage aussi de faire avancer l’Afrique de l’Ouest sur ces accords’’, a t-il dit.
Il s'exprimait à l’ouverture de la réunion du Comité ministériel de suivi des négociations des Accord de partenariat économiques, composé des ministres en charge des Finances et du Commerce des Etats membres de la CEDEAO et de la Mauritanie.
Les négociateurs en chef mandatés par les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et ceux de l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), Kadré Désiré Ouédraogo et Cheikh Adjibou Soumaré, étaient présents à cette réunion.
‘’Il est vrai que les APE ont été très impopulaires aux yeux de la société africaine et de la société civile, car à l’époque l’UE voulait vaille que vaille imposer une position qui n’était pas à l’époque dans l’intérêt de nos pays’’, a rappelé Macky Sall.
A l’époque, a-t-il ajouté, l’Afrique de l’Ouest ‘’n’avait encore ni tarif extérieur commun, ni politique commerciale commune (…), ni même la liste des produits sensibles n’avait été encore établie’’. Au vu de tout cela, ‘’il était normal qu’ à l’époque il y ait une opposition systématique contre les APE’’, a-t-il jugé.
‘’Nous devons tous veiller à ce que le processus engagé reste un processus ouvert et transparent afin que tous les acteurs, que ce soit les Etats, la société civile africaine, les populations se sentent à l’aise sachant qu’il n’y a absolument rien de secret, et cela nous le devons à nos populations, à nos sociétés civiles’’, a t-il souligné.
Il y avait selon Macky Sall ‘’urgence’’ pour l’Afrique de l’Ouest, ‘’à éviter les conséquences d’une intégration mal réussie, du fait des risques d’avoir des APE intérimaires’’. Par conséquent, ‘’il fallait absolument sauver l’intégration tout en défendant les marchandises de nos Etats et de nos populations dans cet accord’’, a-t-il expliqué.
Macky Sall est revenu sur les points du compromis avec l’UE, en particulier sur l’ouverture du marché de la CEDEAO à 75%, pour une période de transition de 20 ans, ainsi que sur la clause de la nation la plus favorisée, où ‘’l’Afrique a préservé ses intérêts vitaux par rapport à ses partenaires et surtout par rapport à l’ensemble des pays africains’’
‘’S’agissant des subventions, l’UE a accepté maintenant de ne plus recourir aux subventions à l’exportation vers tous les produits agricoles destinés à la zone CDEAO, et je pense que c’est un avancée significative’’, s’est félicité le chef de l’Etat
Pour ce qui est de la clause de non exécution, Macky Sall a indiqué qu’il s’agit ‘’d’une clause attentatoire à la souveraineté de nos Etats sur laquelle nous avons absolument opposé un refus catégorique (…)’’. Selon lui, ‘’cette clause a donc été rejetée, et l’UE a accepté de renoncer à ce point (…)’’.
Concernant le Programme l’APE pour le développement (PAPED), il a souligné des divergences sur le coût qui a finalement été maintenu à 6,5 milliards d’euros, signalant la mise en place d’un cadre de suivi régional pour son exécution pour les cinq premières années.
Le président Sall a par ailleurs mis en exergue l’importance de la ‘’capacité à absorber les crédits dans les délais, car la sous-région doit pouvoir confirmer ce montant dans les 5 premières années de façon à avoir le suivi pour les PAPED à venir et convenir avec l’UE de mécanismes simplifiés (….) car l’enjeu c’est moins le montant que la capacité à disposer de ce montant à temps’’